On écoute un nouvel album d’
Impaled Nazarene comme on part en chasse au Bois de Boulogne boire du sang de pute : en crise, la bave aux lèvres, les yeux exhorbités, la boîte à outils bien remplie, pour exorciser ses démons. On s’attend à du cradingue, du bizarre, à de l’infâme. Lâchez les vachettes, Simone ! En même temps quand on se targue de pratiquer du «
Nuclear Metal », la déflagration se doit d’être implacable. Bref, on vient prendre une branlée et pas un simple coup de pied bien vissé dans les valseuses. C’est un expert en savate qui vous cause.
Que le titre de l’album soit la reprise d’une citation de Spinoza ne me dit rien qui vaille… On n’est pas venu gamberger mais s’faire ouvrir en deux comme on éventre un coffre-fort, ou une monumentale pastèque bien juteuse. Spinoza, et pourquoi pas Freud, ou pire Sartre ? Et que l’on se mette bien d’accord le titre avait été choisi avant les attentats du 11 septembre…
Le rythme soutenu des sorties du groupe a tendance à rassurer puisque ces nouvelles munitions apparaissent à peine plus d’un an après le largage de
Nihil, un album puissant mais bien moins dévastateur que ses prédécesseurs. La question pouvait se poser de savoir si une réorientation allait s’opérer sur
Absence of War Does Not Mean Peace. Première remarque, JP Fournier n’a pas été sollicité pour créer la jaquette de l’album, passons sur le flingue du slipcase, pour admirer ce buste féminin dénudé d’un blanc cadavérique surmonté d’une cartouchière : sexy et agressif, mais bien moins suggestif et pervers que celle de
Nihil. Le line-up connaît quelques changements puisque le nain de jardin (Alexi Laiho) a quitté le navire et a cédé sa place à Teemu Raimoranta, connu pour ses faits d’armes avec
Thy Serpent,
Barathrum et jusqu'alors toujours dans
Finntroll, qu’il a contribué à créer. Anssi Kippo comme sur
Nihil enregistre et produit l’album aux studios Astia au cours des mois de juillet et août 2001. IN conserve sa structure à deux guitares et change à la marge quelques éléments qui ne devraient pas bouleverser l’orientation du groupe, en tout cas sur le papier.
Dès l’opener on comprend très vite que les Finlandais ont décidé de ne pas relâcher la pression. Riffs ultra simples, batterie qui carbure à la nitro, et Mika qui s’égosille encore et toujours à en cracher des gerbes de sang. Mais voilà qu'avec The
Lost Art of Goat Sacrificing, le tournant heavy ,et surtout mélodique, perçu sur
Nihil repointe le bout de son nez. On regrette le fait que Mika décide d’empoigner la vaseline pour achever son œuvre alors qu’un crachat aurait suffi pour entamer son célèbre « double fists en peau d’anus retournée ». Après avoir désintégré le jeune Alexi Laiho, serait-ce au tour de Steve Harris de venir apporter sa touche à
Impaled Nazarene ? Je pose la question tellement la touche NWOBHM est palpable, et la basse omniprésente sur ce second titre, qui fait passer la mélodie devant l’agressivité. Et la tendance se confirme par la suite, avec les titres Hardboiled and Still Helbound, Via Dolorosa, et atteint son paroxysme sur
Never Forgive, et ses nappes de claviers dégoulinantes. Ce dernier aurait eu plus sa place à l'Eurovision que sur
Ugra-Karma. Quelques titres encore rugueux font illusion mais le
Nuclear Metal vient d’en prendre un sérieux coup dans l’aile. Sans aller jusqu’à écrire que Mika se met à tapiner pour le show business comme la dernière des putes à 10 sacs, Absence of
War ressemble à un album de transition qui se cherche entre un passé glorieux et un succès futur.
Derrière tout cela se cache la problématique du groupe « culte » qui n’arrive pas à se défaire d’une image qui lui colle aux basques comme une merde de chien sous des semelles à crampons. Néanmoins il y a un point, mais un sacré, sur lequel le groupe ne semble pas vouloir revenir, c’est celui des textes, pour le coup Luttinen continue son travail de sape contre toute forme de religion, en particulier chrétienne et musulmane ; sans compter cette éloquence si particulière pour encenser toute forme de débauche, de violence, et de meurtre, rien que pour cela, l’espoir d’un retour aux sources est toujours envisageable.
Alors réorientation ou approfondissement ? Incontestablement la seconde option. IN continue son bonhomme de chemin de manière opportuniste en alternant titres aux allures sauvages avec des morceaux calibrés pour oreilles plus chastes. Pourquoi pas après tout ? Putain après 10 ans de carrière, ces barges de Finlandais ont bien droit à leur petit coin de soleil. Sauf que
Nihil ne s’était pas très bien vendu, et que les offres de concerts ne se sont pas démultipliées non plus. Alors vouloir persévérer sur cette voie n’augure rien de bon. Un album qui ravira les esprits qui adorent lorsque les groupes brouillent les pistes et mélangent les genres ; pour les fans de la première heure, passez votre chemin !!!!
Grandement merci pour ce texte o combien fin et percutant Art', à l'image de la pochette du disque et même du metal scandinave d'un certain point de vue. Ou comment être cultivé et bien élevé, mais être véritablement à même de cracher à la gueule du système quand il le faut, le tout en ne se s'affranchissant jamais d'une certaine forme de politesse et d'altruisme. Pour cela que j'aimerai tant voir le combo en concert, dans l'Est si possible hehe, et rencontrer ses membres. À l'heure des modes passagères dans le metal et de la société du tout jetable, l'endurance d'Impaled Nazarene et sa fidélité de toujours au label nordiste Osmose Productions imposent le plus grand des respects !!
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