Plus c’est long, plus c’est bon ? Et bien, pas forcément, car il aura fallu 7 longues années d’attente pour qu’
Impaled Nazarene décide d’ouvrir à nouveau les portes de son caveau, afin d’extirper sa dernière offrande nommée «
Eight Headed Serpent », faisant suite au ni bon, ni mauvais «
Vigorous and Liberating Death » mais qui avait l’avantage de faire le boulot.
En préambule, il est signaler que les fous furieux finlandais sont toujours fidèles à leur label historique,
Osmose Production, et ce depuis plus de trente ans. L’artwork soigné et sans équivoque, est signé
Ritual de
Nuclear Design et «
Eight Headed Serpent » a été produit au
Revolver Studio par Asko Ahonen et masterisé par Mika Jussila au Finvox Studio, qu’on ne présente plus. L’ogive sera publié en plusieurs formats (Cd, Cd digipack, Lp et cassette), certaines éditions étant agrémentées de bonus track (« Penis Et Circes » et « The Horny
And The
Horned ») auxquels nous n’avons pu le droit lors de la primeur de l’écoute.
Après une introduction directement issue d’un film d’horreur de série Z, avec un rituel d’exorcisme, les hostilités débutent avec «
Goat of Mendes », proposant un
Impaled Nazarene bien furax, ce qui est assez rassurant tant le combo a fait preuve d’irrégularité dans ce domaine (toute proportion gardée, bien sûr) sur certaines de ses dernières œuvres, «
Manifest » er «
Pro Patria Finlandia » en tête. La recette de la bande à Mikka n’a pas évolué d’un iota, le mélange de black/death/punk est toujours aussi détonant, le poids des années ne semble n’avoir aucune prise sur la rage et la haine qui habite le père Mikka. Blasts hystériques, up tempos à foison, compositions concises et directes, propos sans compromission, satanisme, perversion, violence, tous les ingrédients qui composent la recette
Impaled Nazarene sont bien présents.
Seul « Foucault
Pendulum » déteint du reste de l’album car ce morceau est massif, lourd, doté d’un riff puissant et d’une longueur avoisinant les cinq minutes, mais aucunement rébarbatif.
S’il fallait extraire quelques titres, votre serviteur porterait son choix sur «
Goat of Mendes » et « Metastasizing
And Changing Threat » pour l’hystérie totale, le morceau-titre et « Octogon Order » pour le riffing incisif, «
Human Cesspool » qui aurait pu faire partie intégrante de «
Latex Cult », ou encore «
Triumphant Return Of The
Antichrist » pour son alternance rythmique et « Foucault
Pendulum » pour son côté pachydermique et ses accords massifs.
L’interprétation est à l’avenant, les musiciens délivrent une prestation sans faille et jouent comme si leur vie en dépendait. Mikka Luttinen vocifère toute gorge dehors, le bougre n’a jamais rien perdu de sa verve et de sa hargne. La production est dans la lignée de son prédécesseur, moins propre que sur «
Manifest » ou «
Absence of War Does Not Mean Peace », avec un côté « evil » plus prononcé et dotée d’une vraie puissance, mais assez clair pour distinguer chaque instrument. D’ailleurs, la basse est à la fête sur cet album et mise en avant.
La qualité est au rendez-vous, mais quelques griefs vont à l’encontre de «
Eight Headed Serpent ». Tout d’abord, quelques titres sont qualitativement en dessous du niveau global de cet enregistrement comme «
Apocalypse Pervertor » qui rate sa cible et surtout « The Nonconformists » qui est sans saveur et peu inspiré, sentant le remplissage à plein nez. Ce titre est de plus, placé en début d’album, il a tendance à casser la dynamique de celui-ci, heureusement que « Octogon Order » revient mettre les pendules à l’heure. Aussi, « Foucault
Pendulum » qui est l’ovni du disque, car rythmiquement lent, aurait peut-être du être placé en milieu de tracklist, il aurait fait office de respiration à l’auditeur.
Encore une fois,
Impaled Nazarene fait du
Impaled Nazarene, avec son style si particulier, immédiatement reconnaissable. «
Eight Headed Serpent » possède une qualité intrinsèque certaine, ainsi qu’une hargne toujours très palpable, malgré la longue carrière discographique du groupe, ce qui est assez rare pour être souligné. Cependant, certains morceaux quelconques et le classicisme du propos, ajouté à l’absence totale de surprise, font que cet enregistrement viendra s’ajouter aux autres. «
Eight Headed Serpent » ne titillera pas les classiques de la formation mais ne se situera pas non plus dans le bas du panier qualitatif. Les aficionados d’
Impaled Nazarene y trouveront certainement leur compte, quant aux néophytes, attention, les finlandais s’adressent aux cages à miel aguerries, le « nuclear metal » du quatuor est réservé à un public averti.
Merci pour ton article fort bien ficelé. Respect éternel envers Impaled Nazarene, 30 ans de carrière contre vents et marées et une fidélité de toujours et inébranlable à Osmose, c'est beau et c'est un symbole fort à l'heure d'une société du tout-jetable et du diktat de l'éphémère, y compris dans notre milieu. Je serai très étonné que les groupes de revival à la con qui ont le vent en poupe actuellement soient encore là dans 30 ans..
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire