Chapitre 5 : Le sommet
En 1998, à la suite du très controversé
Falling into Infinity, il y a du mouvement au sein de la bande de Mike Portnoy.
Derek Sherinian quitte le navire pour les mêmes raisons que Kevin Moore en son temps, à savoir, il n’était pas satisfait par la direction musicale que lui proposait le groupe. Il sera remplacé en 1999 par un certain
Jordan Rudess qui officiait au poste de claviériste au sein du projet parallèle à
Dream Theater,
Liquid Tension Experiment. Aussi, le groupe change de label encore une fois et va être pris sous l’aile des Américains d’Elektra Records le temps de trois albums:
Six Degrees of Inner Turbulence,
Train of Thought et celui qui nous intéresse aujourd’hui, Metropolis Pt 2 :
Scenes From A Memory.
Mais qui, en 1997, aurait prédit que ce groupe, à l’époque très affaibli, allait sortir en cette année 1999 le chef-d’œuvre ultime de tout un genre ? Car oui, Metropolis Pt 2 est un album comme aucun autre groupe n’en fera jamais. Il est personnel, il a une patte, du caractère, une personnalité hors du commun. Basé autour d’un concept aussi complexe que la musique de l’album qui le raconte, ce disque incarne à lui seul le fer de lance d’un genre qui, à la suite de ce disque, fera émerger énormément d’albums qui s’en inspireront mais qui ne l’égaleront jamais (The
Human Equation de
Ayreon ou encore
Mercy Falls de
Seventh Wonder sont des exemples).
Scenes From A Memory est l’album d’une carrière, celui qui pose les bases pour les années à venir, celui qui fera que toutes les sorties qui lui succéderont, seront considérées comme étant inférieures.
Il m’est impossible de parler de cet album sans évoquer en quelques mots le concept. Il se base autour d’un jeune homme qui est tourmenté par ses démons et rêve sans cesse d’une jeune femme. Pour régler ce problème, il s’en va voir un hypnotiseur qui va lui permettre de retourner dans le passé pour comprendre la raison pour laquelle il en rêve inlassablement. S’ensuivront de nombreuses péripéties qui ne seront pas racontées ici afin de préserver une qualité d’écoute relativement neuve pour l'auditeur.
Une voix… un décompte… de la détente… Une guitare acoustique lointaine nous transporte vers des horizons lumineux, blancs, joyeux. James Labrie nous rassure, nous susurre que nous sommes en sécurité dans cet endroit complètement hors du temps. Nous remontons le temps jusqu’en 1928, où notre voyage commence. Et là, c’est l’explosion! On a droit à un feu d’artifice de couleurs, de mélodies, et à un thème qui sera dans les mémoires de tout le monde. Les solos arrivent de partout et sont d’une émotion à fleur de peau sur ce morceau d’ouverture. C’est la préparation pour des montagnes russes d’émotions qui resteront présentes sur tout l’album. Ainsi commence le premier véritable morceau de l’album, à savoir, l’immense "Strange Déjà-Vu". Rarement un morceau n’aura été aussi fédérateur que celui-ci. Portnoy derrière les fûts joue avec un groove à faire pâlir les plus grands batteurs. De son côté, Labrie croit en son texte et sa voix ajoute un plus énorme à l’immersion.
Car oui, Metropolis est un album immersif. Il se vit littéralement, c’est une expérience unique qui ne laissera pas l’auditeur indemne car tout est tellement bien construit, beau, chaleureux, heureux, triste, mélancolique et j’en passe… C’est un véritable ascenseur émotionnel venant d’un groupe qui nous montre ici son plus beau visage. Mais pourtant, au sein de toute cette émotion, le combo se montre également sous son jour le plus technique (pour l’époque entendons-nous.
Systematic Chaos n’existait pas encore) comme en témoigne le grandiose "
The Dance of Eternity". Ce morceau peut même se targuer d’être l’une des pistes les plus complexes à jouer selon certaines sources. Et ce, d'autant plus qu'il n’y a que peu de repères. Où est-ce que le groupe veut nous emmener ici ? Et la persévérance et la patience permettront à l’auditeur de comprendre petit à petit toutes les subtilités de cette formidable pièce instrumentale.
Mais, au-delà de ce premier constat, fait suffisamment rare pour être mentionné, il y aura trois riches fresques dépassant chacune les 10 minutes. Parmi ces trois morceaux, le premier, "
Beyond This
Life", symbolise à lui seul le manège d’émotions que représente cet album. En outre, le groupe réussit ici l’exploit d’allier une technique virtuose à une sensation de bien-être extrêmement apaisante. Cela est aidé par un refrain d’une beauté d’exception qui paraît pourtant si simple. "
Home", quant à lui, sera bien plus difficile d’accès. En effet, ici les riffs se veulent plus lourds, plus concis, plus précis. Ce morceau est plus posé mais paraît ici beaucoup plus oppressant. Il se targue même d’être le titre où il y a le plus de clins d’œil au premier volet de Metropolis paru sur Images & Words en 1992. Beaucoup de thématiques sont reprises par moments mais, dans l’ensemble, le morceau semble quasiment neuf, un peu comme si on était en train de redécouvrir l’œuvre d’il y a 7 ans. Enfin, il y aura cette conclusion en la présence d’un "Finally Free" qui ancrera cette idée chez l’auditeur qu’il n’est pas en train d’écouter n’importe quel disque. On décèle une guitare acoustique belle à pleurer (comme si les larmes n’étaient pas déjà assez fortes comme ça juste après "The
Spirit Carries On"), une atmosphère inquiétante et puis un coup de feu couplé d’un Labrie déchirant. Voilà ce qu’est ce morceau: une conclusion grandiose d’un album qui l’est tout autant.
Et comment ne pas faire mention des deux ballades (sans compter l’intermède "
Through My Words") qui sont, de très loin, les plus belles composées par les garçons de la Berklee ? D'une part, "
Through Her Eyes", malgré une mélodie très douce, est pourtant vraiment déchirante placée dans le contexte de l’album. Les paroles sont assez sombres et la mélancolie fait son nid au fond de notre être. Pour sa part, "The
Spirit Carries On" est une ballade où tous les instruments jouent au service de l’émotion. Ce qui est amusant à noter, c’est que ce titre vous fera pleurer alors que les paroles sont extrêmement optimistes. Des larmes de joie, d’espoir sans doute…
Vous l’aurez compris. Metropolis Pt 2 :
Scenes From A Memory est un maître album. Il est de ces albums qui peuvent changer la face de la musique à jamais. Ce disque est le chef-d’œuvre de
Dream Theater, le disque qui les fera passer à la postérité (avec Images & Words). Selon votre serviteur, rarement la perfection n’aura été aussi proche qu’avec cette œuvre de génie. Je n’ai pas peur de le dire: ce disque a changé ma vie. Et rappelez-vous, Metropolis Pt 2 ne s’écoute pas, il se vit…
Effectivement cet album m'a conquis en tant que digne successeur direct de 'Images and Words'. Tel des Pink Floyd adeptes de la distorsion et du jeu de maître, DT a franchi un nouveau palier avec cet album au concept parapsychologique bien trouvé. J'ai particulièrement apprécié le soin des musiciens d'orchestrer subtilement les transitions avec des éléments narratifs, ça apporte un cadre vraiment riche et unique.
Côté musique, tjs impeccables et appliqués, rien à redire franchement.
Je pense que c'est une pierre angulaire des oeuvres de DT et tu as parfaitement retranscris l'essence même de cet album, ainsi que les éléments qui le rendent si indispensable au paysage du metal prog; GG mon gars !
Malgré que tu ais un pseudo "à chier" (prends-le avec humour, venant de moi c'est ironique;-)), t'as été inspiré sur cette chronique, et ça me donne envie de le réécouter, merci.
Mais je ne sais pas pourquoi je n'écoute plus qu'eux depuis 6 mois!!!
Et il est vrai qu'ils ont touché au génie sur cet album.
J'ai eu des frissons comme jamais lors de 'Finally Free'. En effet techniquement ces gars sont incroyables, mais ils ont un sens de la mélodie peu commun et ils s'en servent à merveille pour nous plonger dans des ambiances aussi variées qu'ambitieuses.
Je ne me lasse pas d'écouter celui-ci en particulier.
Et merci à Spirit Of Metal et aux chroniqueurs en tout genre qui font découvrir des artistes dont on peut aisément passer à côté.
Et ce que j'apprécie encore plus particulièrement, c'est la voix de Labrie sur cet album, on se rend vraiment compte de sa progression depuis Images and Words et c'est ce qui fait je pense que ce Metropolis Pt 2 est meileur que IaW.
Mes pistes préférées : Through her Eyes et Overture 1928 Mmmmmm !
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