Chapitre Second : La consécration internationale
Nous avons laissé
Dream Theater vers la fin des années 80 avec
When Dream and Day Unite. Un premier album qui, s'il n’est pas parfait, laissait présager un potentiel colossal pour l’avenir du groupe. Dès 1991, Mike Portnoy,
John Petrucci et les autres se décident à retourner en studio pour préparer un nouvel album. Et le combo se doit, pour grandir, de réparer les erreurs du passé. Ce qui sera le cas sur deux points.
Tout d’abord, le chanteur Charlie
Dominici quitte le navire pour être remplacé au micro par un Canadien répondant au nom de James Labrie. Ce chanteur sera le vocaliste définitif de
Dream Theater et apportera sa pierre à l’édifice du succès du groupe. Ceci étant, il fera l’objet de nombreuses critiques car, de nombreux fans le jugent sous plusieurs angles. Le premier étant celui d’un chanteur qui ferait office de figurant au sein d’un groupe rempli de virtuoses plus talentueux les uns que les autres (un comble que seul un groupe comme
Dream Theater peut se permettre de concrétiser). Le second étant celui d’une jolie voix mais quelque peu monocorde, et donc, qui manque de charme et d’émotion. Votre serviteur est en fort désaccord avec ce second point. Mais,
Dream Theater est un groupe qui fera l'objet de nombreux débats parmi les fans, et ce, tout au long de la carrière du groupe jusqu’à aujourd’hui.
Puis, la production sera considérablement améliorée pour nous conférer en tant qu’auditeurs un son cristallin et limpide et, en conséquence, fort agréable à écouter. Et finalement, c’est en juin 1992 que sortira ce même second album intitulé "Images & Words" sous l’effigie du label Atco, connu pour avoir travaillé avec
AC-DC et
Pantera.
Ce qui aura propulsé le groupe aux sommets c’est le soutien et l’appui à l’époque de MTV qui diffusait régulièrement le clip de "
Pull Me Under", alors que le premier single "
Another Day" avait fait un bide. La chaîne proposait ce morceau en permanence, et cela a apporté au groupe une bien plus grande notoriété qu’auparavant. Ce qui peut se comprendre car, même si "Images & Words" est un album particulièrement progressif, il n’en reste pas moins celui qui est sans doute le plus accessible de par les nombreuses mélodies lumineuses qui parcourent le disque de long en large. Le groupe va même jusqu’à s’offrir le luxe d’un saxophoniste sur "
Another Day" pour un effet des plus reposants et ensoleillés.
Et la technique dans tout ça ? Elle reste encore au service de la musique et de l’émotion pure. Rarement un album de
Dream Theater aura été autant axé sur la mélodie qu’"Images & Words". Les rythmes y sont entraînants et les notes s’enchaînent rapidement, mais restent toujours captivantes. Et "
Take the Time" est sans aucun doute le meilleur exemple pour illustrer le propos. Le morceau s’ouvre sur un petit riff de basse et la machine est lancée. Le riff est particulièrement complexe mais la mélodie n’en reste pas moins magnifique, et ce, sous un océan technique plus chargé que jamais. Kevin Moore parsèmera sur le break quelques petites notes de piano qui sont bienvenues et qui sauront réchauffer et calmer vos oreilles. Et voilà comment on peut décrire "Images & Words". C’est un album technique, fort, mais pas moins reposant, qui est à même de vous emmener loin dans vos propres rêves.
De nombreux morceaux de ce disque sont devenus des classiques, qui seront joués très régulièrement en
Live comme, par exemple, le titre d’ouverture "
Pull Me Under", "
Take the Time", premier volet de l’histoire de Metropolis et enfin le morceau à tiroirs qu’est "Learning To
Live". Ce dernier, composé de la plume de maître de John Myung, est une grande œuvre d’art. Ce morceau a tous les ingrédients d’un titre-type de
Dream Theater, à savoir, la technique, une maîtrise mélodique de tous les instants, et la possibilité de tisser une atmosphère relativement unique.
"Images & Words" a tellement été adulé que le groupe en est même venu à demander à ses fans s'ils voulaient un remaster pour ce classique. Ceux-ci ont répondu de façon négative, jugeant que l’album en perdrait de son cachet d’époque. Cela n’aurait pas non plus été nécessaire dans la mesure où le disque dispose d’une production très moderne et lisse, ce qui, pour l’époque, n’était pas si commun pour un second album d’un groupe.
Il est à noter, également, que le groupe n’hésite pas non plus à fortement complexifier son propos sur le morceau "Metropolis Pt 1 : The Miracle
And The Sleeper", dont le duel entre les claviers et la guitare montre déjà les premières incursions purement techniques que le groupe fera énormément sur les albums suivants, notamment ceux qui seront sortis dans les années 2000. Cela n’est pas forcément une mauvaise chose, car la musique se fait en « build up », à savoir, un passage quelque peu chaotique pour s’emboîter, au final, dans quelque chose de bien plus cohérent. Et, ici, cela se fait avec le retour simple de la mélodie et de la superbe voix de Labrie avant un finish des plus détonants.
Cet album est un disque qui est d’une importance capitale. Car, à lui seul, il incarne la renaissance d’un genre qui, en 1992, était considéré comme étant « has been » dans le cœur de beaucoup de gens. Il s’agit aussi de l’album qui fera office de consécration pour
Dream Theater, son succès commercial ayant été particulièrement conséquent. Votre serviteur vous recommande très fortement ce disque si vous avez la volonté de découvrir un genre musical qui demande beaucoup de patience et d’attention. Le prog est un genre exigeant, mais qui s’avère être très généreux pour celui qui veut bien se donner la peine d’écouter ces musiques dans le moindre détail. Et, en ce qui concerne
Dream Theater, le succès, ils l’ont atteint pour ne plus jamais le quitter. Ce ne sont pas les albums suivants que sont "
Awake", "
Falling into Infinity" et l’exceptionnel "Metropolis Pt 2 :
Scenes From A Memory" qui me feront dire le contraire.
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