Sepultura, que l'on ne présente plus, a connu son apogée dans les années charnières 1989 - 1996, où ils ont obtenu un disque d'or en France (
Roots - 1996), des passages en clair sur Canal + et un succès croissant depuis sa création au milieu des 80's. Il fut au sommet du thrash avec des tueries comme
Beneath the Remains (1989), ou
Arise (1991).
Depuis le départ douloureux des deux frères Cavalera (batterie, chant et guitares), le bateau
Sepultura vogue bon gré, mal gré, avec des albums toujours sortis régulièrement, mais avec une qualité plutôt inégale, un chanteur difficilement accepté, et une orientation stylistique assez floue (thrash ou pas ?). Le récent "
The Mediator Between Head and Hands Must Be the Heart", sympathique, prouve néanmoins que la bande menée par le guitariste
Andreas Kisser sait faire parler la poudre.
Jouant ici à domicile au Rock In
Rio Festival (un peu le Hellfest brésilien puissance 2),
Sepultura invite les Tambours du Bronx pour un concert spécial (après ceux de Lisbonne et du Wacken en
2012 sous la même forme). Pour ceux qui ne connaissent que de nom, il s'agit d'un groupe de percussions urbaines Français de 18 musiciens utilisant des bidons de 225 litres, originaires de Nevers ou alentours. Les deux formations se rencontrent en 2007 au festival Lez' Arts Scéniques et, se découvrant des points communs, décident de concrétiser ça sous forme d'un morceau ("Structure Of Violence" sur l'album
Kairos des Sep'), puis en concert au Wacken et à Lisbonne donc, et enfin au Rock In
Rio, dont nous parlons ici.
L'idée, plutôt osée et originale, correspond bien à l'idée de
Sepultura de mélanger les genres, ici une sorte de crossover entre les sons rythmiques des Tambours du Bronx et le metal virulent proposé depuis 1996 par les brésiliens. Si les concerts (et surtout les enregistrements) de ce type peuvent être diversement appréciés par la communauté metal, toujours assez conservatrice dès qu'il s'agit de toucher à un style spécifique, il faut avouer que, parfois, la mayonnaise prend efficacement, et subjugue même des titres pourtant déjà aboutis à la base ("
Territory", "Refuse, Resist", extraordinaires et à l'énergie mise à son paroxysme). Quelle belle idée ! Le titre "
Delirium", à la sauce metal, avec son solo vicieux, fait aussi partie des bonnes surprises. Ainsi, le concert se découpe en plusieurs parties, en gros, une premier pavé avec des classiques du groupe brésilien, puis un cœur de concert essentiellement basé sur des titres des Tambours du Bronx (parmi lesquels l'excellent "Fever" aux accents très The Young Gods, paroles comprises), et enfin deux gros classiques (les implacables "
Territory" et "
Roots, Bloody
Roots") entourant le très bon "Big Foot" des Français.
Un peu redondant sur la longueur malgré tout, ce live mélange pourtant efficacement les deux univers musicaux, finalement pas si éloignés que ça dans le rendu. Les très bonnes interprétations côtoyant le moyen (la reprise de Prodigy, "We've
Lost You"), le disque a le grand mérite de dynamiser des morceaux en les sublimant de manière originale. Le point faible restant le choix final des chansons (seulement 3 gros classiques des
Sepultura adaptés ici, alors que certains morceaux de leur répertoire auraient pu être rajoutés efficacement - on pense à des titres issus de
Chaos A.D. comme "We Who Are Not As
Others" ou "Biotech Is
Godzilla" par exemple, mais aussi "
Troops of Doom"). On se prend ainsi à rêver de ce que cela aurait pu donner avec des classiques supplémentaires. Choix bancal, assumé, tant certains morceaux justifient l'achat à eux seuls.
Pas la tuerie intégrale, faute à un track-listing inabouti pour les purs fans du groupe, mais plutôt un bon coup et une curiosité efficace pour les plus ouverts d'esprit. Les die-hard fans ne jurant que par la période pré -1993 du groupe peuvent retourner écouter "
Schizophrenia" en boucle.
14/20
Sepultura n'est pas mort, vous êtes juste des foutu puristes qui sont restés dans le passé... En live le Derreck , et bas il assure bien!
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