Qu'attendre en 2017 d'un nouvel album de
Sepultura ? Le monde se divise en deux parties, ceux qui ont largué le groupe à l'issue de leur période la plus faste (au choix avant ou après
Chaos A.D./
Roots), selon les goûts personnels, et ceux qui continuent à croire à une rédemption sinon stylistique du moins artistique. A celles et ceux qui ne jurent que par
Schizophrenia (1987), ceux-là peuvent direct aller voir chez les Chiliens
Ripper si le tempo est meilleur. Les adeptes de
Beneath the Remains/
Arise (1989/1991) iront chez
Besieged ou
Devastation. Les fans de la toute première heure ont le choix dans toute l'effervescente scène sud-américaine "evil" du moment. Les autres, ceux qui ont apprécié les albums à partir de
Chaos A.D. peuvent lire ce qui suit, en intégrant que Derrick Green possède toujours un organe vocal bien différent de celui de Max Cavalera, plus que jamais typé hardcore (mais pas que, et c'est assez nouveau ici), et que le principal compositeur
Andreas Kisser aime bien varier les plaisirs sur cette nouvelle offrande à la pochette aussi colorée que la précédente était monochrome.
Enregistré au Fasci
Nation Street Studios par Jens Bogren (
Kreator,
Opeth,
Ihsahn), l'album réserve son lot de surprises. Débuter son quatorzième album studio par une mélodie et un chant suave que n'aurait pas renié
Moonspell (l'opener "
Machine Messiah") montre que le groupe souhaite surprendre l'auditeur. Le travail de ce titre sur les soli, (et on retrouvera ce point tout au long du disque à l'instar du final "Cyber
God" ou de "
Sworn Oath"), est palpable, réussi, et la montée en puissance, à la rythmique lourde et aux leads aériens fait finalement mouche, dans une veine qu'on ne connaissait pas au groupe. Sans les passages plus classiques dans le chant de Green, cette composition aurait très bien pu se retrouver chez un
Paradise Lost, par exemple. Surprenant. Les riffs chaloupés typiques du groupe sont pourtant bien présents ("Phantom Self" et ses violons orientaux, "Alethea", ou "
Silent Violence"), renforcés par le jeu de
Eloy Casagrande, impressionnant sur l'instrumental "Iceberg Dances". Ce titre, sans doute le meilleur du disque, évoque un mix entre un
Opeth (version metal) et les premiers
Mastodon. Superbe moment, où chaque musicien s'en donne à cœur joie tout au long de quatre minutes jouissives. Les fans de metal progressif adoreront. Citons également l'inespéré "
Vandals Nest" un morceau rapide au riff initial purement thrash, qui devrait remuer des fesses dans le pit, et le menaçant "
Sworn Oath" parmi les vrais bons moments de l'album. On navigue presque à travers plusieurs ressentis en fonction des surprises dans le contenu des chansons (ici un lead aérien, là un rythme oriental) mais au fil des écoutes, la cohérence s'installe et l'album pourra être considéré comme le plus ambitieux artistiquement de la formation. Même un morceau a priori commun comme l'énervé "Resistent Parasites" renferme des soli subtils et possède sa propre griffe, avec un goût de reviens-y qu'on trouvait peu dans les derniers disques du quatuor.
Tout n'y est pourtant pas complètement réussi. Les morceaux hardcore ne sont pas tous fantastiques ("
I Am The Enemy", poussif), et l'auditeur pourra se retrouver facilement déstabilisé par ce patchwork qui demande plusieurs écoutes pour être pleinement appréhendé. La voix de Green pourra encore et toujours énerver quelque peu également, à étirer parfois inconsidérément ses cris. Après avoir sorti un
Kairos agréable mais un poil convenu dans sa tentative de revenir à quelque chose de plus fidèle à son passé (sans doute le plus apprécié de l'ère Green par les fans nostalgiques), ce
Machine Messiah est à l'opposé. Varié, intéressant et ingénieux dans son rendu final, il surprendra forcément, et constitue un vrai pari.
Possédant toujours son lot de titres rapides (l'immédiat "
Silent Violence"), ce disque est sans doute, artistiquement du moins, le plus abouti du groupe depuis le siècle dernier. En prenant en compte les bémols évoqués et en zappant le passé du groupe, cet album est une bonne surprise. En terminant son album avec un "Cyber
God" (gâché par son fade-out final) de manière presque aussi surprenante qu'il l'a commencé 46 minutes plus tôt,
Sepultura joue avec sa fan-base, du moins celle qui lui reste. Les esprits les plus ouverts risquent fort de se régaler, et disséqueront les nombreuses subtilités d'un album riche en émotion, d'autant que la multiplication des écoutes renforce clairement le plaisir, passé l'effet de surprise. Les autres, découragés par l'orientation générale courageuse des Brésiliens, se seront arrêtés au premier paragraphe de ces modestes lignes.
J'ai écouté puis survolé l'album, me reste à prendre le temps de l'écouter dans son entier en bonne condition. Le fait que ce soit varié est un point fort à mon goût, j'aime qu'un album me fasse voyager dans différentes émotions. La prod est vraiment au poil pour servir tout ce que Sepultura propose ici. La voix claire au début est une superbe surprise, les guitares riches et aériennes un régal, la rythmique redoutable bien évidemment. Ça s'est un album que je vais facilement emporter avec moi en voiture ^^ Sepultura reste un grand groupe à mes yeux, et même si j'ai zappé tout ce qu'il y a entre "Arise" et "The Mediator Between Head and Hands Must Be the Heart", la ténacité de ce groupe et ces deux derniers méfaits me font les apprécier dans l'entité pleine et entière actuelle sans avoir besoin de comparer à l'origine...
Edit 16 mai 2019: Cet album est énorme
J'adores cet album très riche et varié ! J'en apprécie également le son et l'ambiance.
Juste un réctificatir sur l"e monde se divise en deux " : ceux d'avant avec Max et ceux depuis Green,
Je dois etre une anomalie ? sinon je penses ne pas êter le seul à faire partie d'une troisième voie : ceux qui aime avant et qui aime également (peut etre même plus) après le départ de Max
Alors moi aussi je suis une anomalie, ce groupe m'a toujours passionné, j'apprécie toutes les périodes, il y a eu des hauts et des bas, mais c'est aussi a cela qu'on reconnaît les grands groupes riche en histoire.
Pour compléter la chronique, cet album parle d’un monde trahi et de la montée d’un messie mécanique (MACHINE MESSIAH). Les différents morceaux évoquent la perte de l’humanité, de la mort de l’âme et de la soumission au messie mécanique qui promet la sécurité, des abris et de guérir toutes maladies. Mais... Car il y a un Mais... c'est au prix de la perte d’émotion et d’humanité.... Ce qui est d'actualité vue que les gens préfèrent filmer un accident pour le buzz que sauver la personne. Le sujet aide à se plonger dans l'œuvre.
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