Je me rappelle le 3 juin, la longue attente entre le moment de l’achat et de l’écoute de ce disque. Pour être franc, je craignais qu’
Illud Divinum Insanus ne soit qu’une compilation de riffs pompés sur les premiers albums du «
King», mais avec moins de saveur. On connaissait déjà le morceau «
Nevermore», sympathique et entêtant mais un peu trop simple par rapport à ce que l’on pouvait entendre dans un «
Altars of Madness» ou sur «
Covenant». Puis fut diffusé, sur le net cette fois, «Existo Vulgoré», un court morceau sur lequel on ne pouvait que reconnaitre la patte de ses géniteurs. Assez proche de «
Nevermore», il était cependant un peu plus complexe, moins entêtant mais encore une fois, il semble que le chant était mis plus en valeur que le reste. Bref, juste de quoi décocher la mention «bien», ce qui n’est pas suffisant pour l’ange morbide. C’est donc avec une certaine appréhension que j’aborde cet album. Une fois assis sur ma chaise je lance la galette...
L’intro, «Omni Potens» n’est pas énorme,
Morbid Angel nous avait habitué à beaucoup mieux pour ce qui est des interludes. Il s’agit ici de claviers sonnant comme une musique de films médiévaux hollywoodiens avec ce côté militaire et même pompeux. En tout cas, ces deux minutes et demie suffisent à faire monter la pression avant que l’album ne commence vraiment. C’est là que je me suis pris ma première claque avec le morceau «Too
Extreme !». Avec une rythmique martiale, des ruptures faites de silences, de solos de basse et accompagnés d’effets industriels, le morceau s’avère être véritablement prenant. Même s’il est plus impressionnant à la première écoute, il n’en reste pas moins inlassable et s’il s’avère être répétitif d’une certaine manière, les effets qui entrecoupent les thèmes principaux ne sont jamais les mêmes. Au morceau qui pourrait prendre une sacré dimension en live.
Ce qui surprend aussi, c’est cet intervalle où David Vincent superpose deux pistes de sa propre voix pour une rupture me rappelant par certains aspects une polyphonie corse tandis que David Vincent chante sur une voix résolument ultra-grave. Et tout au long de l’album, cela aura tendance à surprendre puisque ces vocaux non-gutturaux sont extrêmement présents. Déjà présents sur «
Nevermore» mais en petite dose, les derniers morceaux ne seront pas loin de l’overdose mais on restera dans la limite du digérable. Cela met en valeur un sale constat : le chant semble primer sur le reste des instruments et cela se remarque dans la production (mêle si cela ne veut pas dire que les instruments sont mis en retrait)
Ces expérimentations qu’ont appris nos amis de
Morbid Angel ne sont pas des cas à part. Une autre surprise par exemple est le morceau «I’m
Morbid». Avec un nom pareil, je m’attendais à une sorte de résumé du style «
Morbid Angel». Il n’en est rien, après que la foule ait scandé plusieurs fois «
Morbid !», on part sur des riffs entêtants joués sur ces cris qui s’évaporent bien vite. Il s’agit en fait d’un morceau de
Hard Rock avec des grosses guitares, les solos de Trey Azagthoth, la voix de Mr. Vincent et quelques effets purement Death
Metal (shreds, palm-muting...). Un morceau comme «Radikult» évoque sans conteste Marylin Manson avec ces voix murmurées, ces rythmes sautillants, ces passages dépourvus de guitares saturées. Sur ce même morceau, comme pour renforcer l’aspect «Pop Goth», David Vincent avec un grand «Hey !» des rythmiques de guitares avec distorsion. Le morceau est prenant mais pas exceptionnel, c’est un peu comme si
Morbid Angel avait décidé de reprendre le morceau de Marylin Manson que les fans de ce dernier attendent depuis «
Antichrist Superstar». A prendre ou à laisser même si le final est un interlude digne (cette fois) de
Morbid Angel, c'est-à-dire glauque à souhait et pourvu de ce fameux chant non-guttural dont je parlais plus tôt. Sur les mélodies de cet interlude suit le morceau final «Profundis-Mea Culpa» qui mélange un Death
Metal dans le pur style de
Morbid Angel dernière période (celle d’
Illud Divinum Insanus) avec des nappes électro et ces fameux vocaux dont je viens encore de parler. Sans être transcendant, le morceau a le mérite de s’écouter. Au rang des expérimentations, je retiendrais surtout «Destructos Vs
Earth /
Attack». Dans la lignée de «Too
Extreme !», il est cependant plus alambiqué, semblant prévisible et désorientant l’auditeur tout en l’envoûtant. Puis le morceau se termine et après un blanc de plusieurs secondes, «Destructos...» se termine (réellement cette fois) sur un court discours et un riff qui ressemble à du pur
Morbid Angel old school avec cette production moderne.
Pour autant ces morceaux ne correspondent qu’à une moitié de l’album.
Morbid Angel offre aussi des morceaux dans son propre style purement reconnaissable. J’ai déjà évoqué les très sympathiques «
Nevermore» et «Existo Vulgoré» qui, sans être transcendants, sont très agréables. Le constat est un peu moins favorable pour un morceau comme «10 More
Dead» qui s’avère être un morceau mid-tempo avec quelques accélérations, tout juste intéressant et écoutable (ce qui est plus dû à son style «ange morbide» qu’au travail qui est effectué dessus). D’un autre côté, on retrouve deux supers morceaux : l’excellent «Blades for
Baal» qui est moins conventionnel que les autres morceaux «classiques» et qui explose tout avec son énergie thrashisante. De l’autre côté, on retrouve «Beauty Meets
Beast», un mid-tempo sacrément habité qui, d’un point de vue qualitatif, nous replonge aux débuts du groupe. On retrouve au milieu de tout cela un solo théâtral et dramatique.
Malgré les critiques formulées, il n’empêche qu’
Illud Divinum Insanus est un album captivant doté de très bons passages. Mais à quel prix ? Il faudrait être bouché pour ne pas voir le virage «mainstream» qu’est en train de prendre
Morbid Angel. Bien que dans le cas ci-présent, cela ne me dérange pas (ça reste bon), on peut se poser des questions sur l’avenir du groupe. Surtout au vu de morceaux tels que «Radikult» ou «I’m
Morbid». Cela se retrouve à plusieurs niveaux. Prenons les paroles : le Radikult, c’est tout simplement
Morbid Angel (un culte radical). Dans «Too
Extreme !», Mr. Vincent clame carrément qu’ils sont notre nouvelle religion. Ils nous rappellent souvent à quel palier ils sont. Pour autant, les choix musicaux évoqués ci-dessous ne servent pas les intérêts de l’ange morbide, étant donné leur position de «kings of Death
Metal» Bref, des choix bien étranges. Par ailleurs, un morceau comme «Destructos...» semble carrément parler d’écologie (thème très en vogue dernièrement) ce qui explique sans doute le fait que la pochette soit en métal et non pas en plastique. On n’ira pas leur jeter la pierre. De plus, la mise en avant du chant ne fait qu’accentuer cette désagréable impression de virage vers le mainstream.
Du côté de la production, le son relativement proche de celui de «
Gateways to Annihilation» bien qu’elle soit plus moderne et moins grave. Si cela sert surtout aux morceaux expérimentaux, cela dessert malheureusement les morceaux classiques qui auraient sans doute étés plus impressionnants avec une production plus adéquate. Pour finir sur un dernier coup de gueule, le livret est quand même assez maigrichon. Le minimum syndical y est présenté.
Pour conclure tout ceci,
Illud Divinum Insanus, n’est ni exempt de défauts, ni l’album tant attendu par les «messies» du Death
Metal. Pourtant, si on l’affranchit de toute comparaison avec les autres albums, il s’avère être un très bon disque en soi, disque sur lequel un travail sérieux a été effectué, pour peu que l’on oublie que
Morbid Angel, c’est «
Altars of Madness», «
Blessed Are the Sick» et "
Covenant", et pour peu que l’on oublie les étiquettes. Un bon album qui, pour ma part, reste inlassable.
Espérons quand même que ce n’est qu’un détour.
Hors-mis les pistes 3,4 et 8 qui voguent entre le bon et le passable le reste est bon pour la poubelle !
Je ne suis pas le mec ayant le plus de culture musicale (death ou autres) mais quand même , comment peut on mettre 20/20 à cette daube !!!
Un 6/20 généreux pour les 3 pistes citées plus haut .
Ludo
Mais bordel que cet album est juste excellent!
Encore une fois, lorqu'un artiste cherche à progresser ou emprunter simplement une voie qui lui ai propre il se fait traiter de traitre ou son oeuvre de nullisime par la plèbe et les étroits d'esprits (très courant dans le mlilieu du metal!) qui par ailleurs entraine la mort de cet artiste.
Perso j'enchaine aisément Blessed et Illum sans aucun problème.
Et même, un bon Frank Sinatra, un Jean Louis Murat, un Gregorio Allegri, un Blur ou un Aesop Rock suivi d'un Jose Laralde et un Salif Keita... La liste serait infini.
La musique... seulement la musique...
Bravo à Morbid Angel de s'aventurer vers d'autres contrées!
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