Fort d’un
Gateways to Annihilation particulièrement écrasant, rappelant l’aura de l’incontournable
Blessed Are the Sick,
Morbid Angel entame une longue tournée, mais affronte le départ de son chanteur bassiste Steve
Tucker en 2001 visiblement lassé, appelant alors Jared Anderson (
Internecine) à la rescousse pour clore les dernières dates. L’année suivante, la bande emmenée par l’inusable Trey Azagthoth recrute le guitariste live Tony Normann (
Monstrosity) en remplacement d’Erik Rutan, désormais à temps plein entre son groupe
Hate Eternal et son rôle d’ingénieur du son aux Mana Studios.
C’est donc en cavalier seul que Trey compose la musique son nouvel album, à l’image de son effort en solo sur
Formulas Fatal to the Flesh. Steve revient toutefois au sein de la formation avec une motivation intacte, signant l’intégralité des paroles et participant aux sessions d’enregistrement, clôturant définitivement cette période d’incertitude. Enregistré aux Dow Studios, la septième offrande de
Morbid Angel sort une nouvelle fois sous la bannière d’Earache Records, sous le titre
Heretic, prônant la quête personnelle d’une propre identité sous l’oeil bienveillant des grands anciens. Bien que le concept paraisse tortueux, il n’en demeure pas moins positif, s’opposant aux propos souvent stéréotypés des formations deathmetal actuelles et passées.
Musicalement,
Heretic est un album abouti, se hissant comme l’effort le plus technique de
Morbid Angel à ce jour. Débutant sur un Cleansed in
Pestilence percutant, l’album enchaine très vite sur de nombreuses parties polyrythmiques, avec les guitares de Trey jouant sur plusieurs tableaux, supportées par l’assise sans faille de Pete Sandoval, qui maîtrise ses fûts et son double pédalage avec une habileté toujours aussi déconcertante. A l’image de
Beneath the
Hollow ou
Curse the
Flesh, l’enchevêtrement rythmique d’
Heretic lui donne un côté très compact mais l’empêche en revanche de délivrer sa pleine puissance, manquant parfois d’efficacité faute à ses très nombreuses constructions à tiroir.
L’entrainant Stricken
Arise, au parfum
Angel of Disease délectable, ou encore l’excellent Own Divinity et son refrain impitoyable, permettent néanmoins de relancer judicieusement la machine et d'apporter l’équilibre nécessaire. A l’instar de
Formulas Fatal to the Flesh,
Morbid Angel ne peut toutefois s’empêcher de trop en faire, multipliant les interludes longs & ennuyeux sans ajouter d'atmosphère particulière dans ces moments là.
Pouvant être résumé à huit titres solides d’une durée de 36 minutes, bénéficiant bien sûr du guttural profond de Steve et des soli uniques & aériens de Trey,
Heretic est un album d'une technique et d'une personnalité renversantes mais s’étale en revanche inutilement, perdant ainsi une part de son intensité lors de ses nombreux égarements instrumentaux. La production de Juan Gonzales prive parallèlement l’album d’une certaine force alors que les incroyables Mana Studios d’Erik Rutan tendent pourtant les bras au trio floridien. Bénéficiant toutefois d’une identité toujours aussi forte et d’une technique incomparable,
Morbid Angel conserve aisément sa place parmi l’élite du deathmetal nord américain en cette année 2003, mais doit désormais partager son trône aux côtés de
Nile,
Immolation &
Hate Eternal, chaque jour plus puissants, bombardant respectivement à coups de Darkened Shrines,
King of all
Kings &
Unholy Cult particulièrement meurtriers.
Fabien.
concernant le début de ta chronique, j'ai vu MA sur la tournée gateways en 2000 ou 2001 et si c'était bel et bien Jared Anderson qui tenait le chant, je suis quasimment sûr qu'en revanche il s'agissait de Rutan à la deuxième guitare, quelqu'un peut-il confirmer ou infirmer?
Zyklon était en première partie.
Mille merci.
Fabien.
Le suivant me fait hélas répondre oui à cette question !
Pete "commando" sandoval démontre qu'il est ou était un des maîtres en la matière (striken arise ) même s'il a été rejoint et dépassé par de nombreux autres depuis !
Heretic, malgré un niveau technique indéniable manque cependant d'une vrai identité par rapport au reste de la discographie .
Est ce dû à la production qui sonne trop "clair" ? (avis personnel)
Ou à de trop nombreuses pistes inutiles qui viennent remplir la galette ?
14/20
ludo
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