Arrivé pour l’enregistrement de
Formulas Fatal to the Flesh sur le tard, le « newbee » Steve
Tucker s’était contenté de jouer des titres intégralement composés par Trey Azagthoth, il en va différemment sur
Gateways to Annihilation (2000) où le bassiste / chanteur a activement participé à l’élaboration du disque, ayant même composé la quasi-intégralité des paroles. Les floridiens enregistrent également le retour d’Eric Rutan ayant entre-temps fondé le terrible combo
Hate Eternal.
Si
Formulas Fatal to the Flesh était totalement le bébé d’Azagthoth,
Gateways to Annihilation ressemble davantage à un travail d’équipe bien organisé, normal après deux ans et 300 concerts pour la tournée de Formulas… Après la courte intro Kawasu et dès que retentissent les premières notes de
Summoning Redemption, la production énorme de
Jim Morris impressionne. Accordées plus bas que terre, les guitares de Rutan et Azagthoth délivrent des notes écrasantes et destructrices sur un titre mid-tempo surpuissant. Un exercice un peu déroutant pour les fans de MORBID ANGEL sur le coup, les américains nous ayant plutôt habitué à commencer leurs disques par des titres plutôt rapides (
Rapture,
Dominate,…), cependant la méthode est payante : tout l’album n’est qu’une majestueuse montée en puissance, un crescendo jusqu’au dévastateur
God Of
The Forsaken final.
Une chose est flagrante par rapport à Formulas…, les parties vocales sont beaucoup plus travaillées et moins en retrait dans le mix, c’est d’ailleurs un véritable régal de suivre les paroles de Ageless, Still I Am dans le livret, on notera aussi un duo
Tucker / Azagthoth sur le redoutable Secured Limitations un peu dans une veine
Deicide, dans un titre ou Trey Azagthoth nous pond à la fin un de ses soli inimitable de plus de deux minutes.
Moins rapide et furieux que
Formulas Fatal to the Flesh,
Gateways to Annihilation développe pourtant une énergie hors du commun et est surtout plus homogène et compact, ainsi He Who Sleeps symbolise à lui seul le talent de MORBID ANGEL : réussir à dégager une puissance énorme et une atmosphère noire d’un titre simple et plutôt lent, un peu dans la veine de
God Of
Emptiness, et quelle voix imposante que celle de
Tucker ! (pas celui de Choking On
Bile…)
Bien sûr
Gateways comporte aussi son lot de titre bien cartons, To The
Victory, The Spoils permet au talentueux batteur du combo de faire entendre sa force de frappe et sa dextérité, et que dire de Opening of the
Gates ? Monumental hymne Death
Metal où les riffs over-graves font mouche, Pete Sandoval atteint ici une vitesse de double pédale absolument hallucinante : on se tait et on applaudit, c’est tout. Eric Rutan n’a composé qu’un seul titre : le dernier, et on peut dire qu’il lorgne franchement du côté de son nouveau groupe (
Hate Eternal) au niveau de la rapidité, intense jusqu’au bout ce
Gateways to Annihilation (contrairement à Formulas et ses instrus dispensables).
Pour la petite histoire personnelle, des 3 fois ou j’ai eu la chance de voir le combo en live, c’est en 2001 pour la promotion de cet album (printemps de Bourges avec
Zyklon) qu’ils m’ont fait la plus grosse impression.
Comme pour en rajouter une couche à la magnificence de ce disque, Dan Seagrave a pondu de derrière les fagots une pochette monumentale et fourmillante de détails qui prennent tout leurs sens lorsqu’elle est dépliée.
En ce tout début de millénaire et avec l’émergence de nouvelles terreurs telles
Nile et
Hate Eternal, MORBID ANGEL se met au niveau et s’impose une fois de plus en leader de la scène Death
Metal. Pour le moment les «
King Of All
Kings » ce sont encore Trey Azagthoth et ses acolytes...
BG
Toutefois, abstraction faite de ce contexte, il faut bien admettre la superiorité de Gateways, se hissant parmi les efforts les plus écrasants du groupe floridien. L’ensemble est terriblement puissant & homogène, contenant quelques missiles comme Victor the Spoils (avec la double de Sandoval déboulonnante) & Opening of the Gates (avec les riffs incisifs d’Azagthoth) parmi les titres les plus meurtriers de la formation. Le timbre guttural de Steve Tucker gagne parallèlement en profondeur.
Du coup, Morbid Angel confirme sa suprématie, mais aussi l’étonnante santé du death metal en cette année 2000, alors que beaucoup de détracteurs avaient déjà condamné le style quelques années auparavant. Entre les ogives Black Seeds of Vengeance, Conquerors of Armageddon, Close to a World Below (Nile, Krisiun, Immolation), ou encore le retour fracassant de Napalm Death (Enemy of Killing Business), le style démontrait de nouveau sa toute puissance.
Enfin, à l’écoute de Gateways, je ne peux m’empêcher de penser à tous les métalleux ayant délaissé Morbid Angel après Domination : ils ne savent décidément pas ce qu’ils perdent.
Et puis, cette pochette dépliante terrible de SeaGrave...
Fabien.
Tout y est ,production,illustration,composition,mention pour Steve Tucker qui livre une performance vocale exceptionnelle.
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