Dès la mise en boite d’
Abominations of Desolation, produit par David Vincent, le perfectionniste Trey Azagthoth se montre très réticent quant à la qualité de l’enregistrement, le reniant aussitôt. Il se sépare alors de Mike Browning et John
Ortega, et relate la situation à Vincent. Ce dernier l’invite à le rejoindre en Caroline du sud avec Richard Brunelle, lui précisant qu’il connaît un batteur en la personne de
Wayne Hartsell, apte à remplir le nouveau rôle derrière les fûts, et se proposant parallèlement au poste de bassiste chanteur. La nouvelle mouture de
Morbid Angel est née.
Azagthoth et Vincent travaillent alors d’arrache pied pour accroître le formidable potentiel de la formation, mettant en place la redoutable démo
Thy Kingdom Come en 1987, tout en digérant l’influence du
Scum de
Napalm Death, subjugués par les blast-beats effrénés de Mick Harris. Puis en 1988,
Morbid Angel retourne en Floride, affrontant le départ d'Hartsell, qui accélère fortuitement les choses. Vincent se rappelle en effet de la prestation de Pete Sandoval sur les démos de
Terrorizer et contacte ainsi Jesse Pintado, qui lui explique l’inaction actuelle de son groupe. En deux temps trois mouvements, Vincent & Azagthoth convainquent Sandoval de quitter sa Californie pour rejoindre les rangs de
Morbid Angel dès le 4 juillet. L’étonnant talent du batteur, couplé à son travail acharné sur la double grosse caisse (8 heures par jour durant 3 mois consécutifs), permet alors au groupe de pousser sa vitesse et sa technicité dans ses ultimes retranchements, grâce aux blast-beats que Pete maîtrise désormais divinement.
En 1989, rentrant d’un voyage en Floride, Mick Harris n’a alors aucun mal à persuader Dig Pearson, boss du label Earache, de signer
Morbid Angel, qui s’est déjà forgé un nom culte dans l’underground, grâce à l’avant-garde de sa tape-album et de sa dernière démo. Dig finance la même année l’enregistrement d’
Altars of Madness, enregistré aux Morrisound Studios sous la coupe de Tom Morris, et introduit le dessinateur Dan Seagrave (remarqué pour son illustration du split de
Lawnmower Deth et
Metal Duck), qui rompt avec les conceptions graphiques de l’époque avec ses dessins glauques & fouillés, et devient le sceau d’Earache pendant plusieurs années.
Légendaire bien avant la sortie d’
Altars of Madness, et grâce au soutien sans faille d’Earache,
Morbid Angel répand ainsi son death malsain à la vitesse de l’éclair, subjuguant des hordes de metalheads, définitivement acquis à la cause du death et du grind depuis FETO,
Leprosy et Slowly We
Rot. Le quatuor floridien pousse toutefois le concept encore plus loin, bénéficiant d’une aura mystique supplémentaire, et imposant le jeu superbement millimétré de Sandoval.
La seule écoute de Chapels Of
Ghouls,
Lord Of All Fevers et
Evil Spells, déjà présents sur
Abominations of Desolation, permet effectivement de comprendre l’apport considérable du batteur, qui transcende littéralement la puissance de chaque morceau. Les vociférations gutturales de Vincent sont profondes, soutenues par les riffs lacérants de Brunelle & Azagthoth, et les soli uniques & torturés de ce dernier. Les nouvelles compositions contiennent parallèlement ce tourbillon de haine et d’énergie parfaitement canalisé, désarmant par leur mise en place diabolique et leur incroyable précision, à l’image des invincibles
Immortal Rites,
Blasphemy ou
Maze Of Torment, figurant parmi les pièces les plus intenses jamais enregistrées en deathmetal.
Divinement mis en valeur par la production agressive et cristalline de Tom Morris,
Altars of Madness prend ainsi toute son ampleur, imposant sa perfection technique et son essence purement diabolique.
Brutal, intense et hypnotique de sa première à sa dernière note, l’album confirme ainsi la suprématie éclatante du deathmetal, hissant directement
Morbid Angel au rang des dieux du genre, aux côtés de Death et de son intemporel
Leprosy.
Fabien.
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