Le passage de la compilation pour un groupe peut avoir tout un panel de significations. Il peut être un symbole de l’incapacité chronique de renouvellement et de création d’un artiste. Il peut signer la rupture d’un contrat discographique avec une maison de disques pour laquelle un réel album studio serait un risque ou s’ériger comme le testament d’une époque révolue.
Concernant le "
Hall of Flames" d’
Edguy, il s’agira d’un amalgame de ces deux dernières possibilités.
Ayant déjà quitté les rangs d’AFM Records, label étant ce qu’il est aujourd’hui, en partie grâce à "
Vain Glory Opera", lors de la sortie de "
Hellfire Club", les Allemands devaient toujours une sortie à leur première maison de disques.
C’est donc ainsi que sortira ce "
Hall of Flames", qui prendra la forme d’un testament, celui d’une période speed mélodique désormais disparue, celui d’une insouciance sans doute évaporée au profit d’un professionnalisme tout à fait logique dû à l’expérience emmagasinée lors des incroyables tournées de la bande à Tobias Sammet depuis la sortie de "
Mandrake" en 2001 (l’on a dénombré plus de 500 000 spectateurs à travers le monde pour la tournée du Rocket Tour !).
Replonger dans cette atmosphère l’espace de soixante-quinze minutes est donc comme un bain de jouvence pour un groupe étant parti de rien, et ayant grimpé les échelons pas à pas, seul avec son talent et une certaine chance.
Présenté dans un double digipack somptueux, à travers un atwork sublime (leur plus beau selon moi) et un livret tout en images, "
Hall of Flames" possède également une note personnelle du célèbre vocaliste pour chacun des treize morceaux du premier disque.
Complètement remasterisé, la setlist fait figure de rêve, avec une quantité de brulots dont il arrive à manquer des indispensables ("
Babylon" sera le grand absent de ce best).
D’un "Tears of
Mandrake" remanié et épuré (amputé de sa magnifique introduction mystique !) au grandiose "
Out Of Control" (d’après l’aveu de Tobias, l’un des titres dont il est le plus fier) en passant par des classiques incontournables que sont "The Headless Game", "
Vain Glory Opera", "
Land of the Miracle", le puissant "Until we Rise
Again" ou le très ambitieux et religieux "
Theater of Salvation" (ou le titre le plus épique composé par Tobias ?), nous naviguons avec bonheur dans un speed mélodique et orchestral de premier plan, aux riffs inspirés et majestueux et aux chœurs inventifs et magnifiant une musique que l’on attendait depuis les débuts d’
Helloween. Peu de surprises hormis la présence de "The Umbeliever", passé inaperçu sur "
Theater of Salvation" mais se révélant destructeur, et mettant particulièrement en valeur Felix, usant de breaks magistraux sur les envolées divines de Tobias.
Je ne vais pas m’appesantir davantage sur ce disque ne contenant que des titres déjà décrits dans mes précédents écrits, mais directement me pencher vers le second volume, présenté comme un recueil de raretés.
"Raretés" sera un terme tout relatif au vu de la réelle nouveauté qui s’ouvre à nous.
"The
Devil & The
Savant" ouvre la marque (bonus de
Mandrake) de sa mélodie au clavier entêtante et cristalline pour imposer un mur de synthé qui se rapprocherait d’un Europe au sommet de sa forme. Propulsé par une rythmique lourde mais sachant rester mélodique (quel batteur, une interprétation à couper le souffle de Felix Bohnke !) et la voix angélique d’un Sammet au sommet de sa période mélodique, ce titre nous gratifie d’un superbe refrain, sur lequel quelques sursauts de guitares ronronnants viennent se poser.
Finalement, nous aurons droit à des bonus japonais, en la présence de "For A Trace of
Life", sympathique ballade mais ne se distinguant aucunement de la masse, au délire "But Here I Am", enregistré lors de la cession "
Vain Glory Opera" (le son ne trompe pas !), sorte de prélude aux titres les plus loufoques qu’ils enregistreront pas la suite, la qualité en moins (Tobias chante faux premièrement, et la qualité étonnamment médiocre des riffs de Jens et Dirk le jette directement à la poubelle !).
Resteront un "
Wings of a Dream", remanié et bien plus pêchu que dans sa version première et quelques live, également connus hormis pour celui de "
Wake Up The
King", bénéficiant d’un son approximatif (probablement du vent…) et surtout "
La Marche des Gendarmes", ode à l’humour français et à un Louis de Funès dont est fan Sammet depuis son plus jeune âge.
Un disque non pas essentiel mais disposant d’un packaging plus que travaillé et d’une qualité fortement honnête, que l’on écoutera avec une certaine nostalgie…de ce qui fut et ne sera plus…
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