Pour un musicien, quel que soit son style, enregistrer une reprise est un acte rarement anodin. Je parle bien sûr des musiciens, c'est-à-dire les gens qui ont vibré sur des musiques faites par d'autres, des gens qui se sont sentis emplis d'une énergie dont ils n'avaient pas connaissance avant d'avoir entendu
Led Zeppelin, qui ont appris l'électricité avec les vagues de feu trainant derrière les accords d'
Angus Young, jusqu'à ce qu'ils se disent « maintenant c'est à moi de faire sortir de ma guitare tous ces sentiments qui m'étouffent ». Je ne parle pas de ceux qui portent des clous dans l'espoir de passer pour des durs, ceux qui s'accrochent à des étiquettes parce qu'elles portent des noms qui flattent leur égo, sans jamais comprendre que sous les étiquettes il n'y a que de la colle!
Pour les musiciens donc, enregistrer Tuesday's GOne ça veut dire « ce titre, cette plainte, c'est un peu de moi, un peu de mon essence, de ce qui m'a permis d'accepter mes douleurs, mes haines, mes joies, peut-être simplement mon adolescence pour certains ». Ouais, mais quand c'est
Metallica qui le fait, il le fait AVEC
Lynyrd Skynyrd. Ces deux mots pleins de igrecs désignent une bande de sales gosses mal élevés et bagarreurs imprégnés de blues et de rock, alors certes le métal actuel à pris souvent ses distances par rapport à ses ancêtres, mais sachez que s'il n'y avait pas eu le blues le métal n'existerait pas.. tout simplement!
Au passage il est amusant de constater que
Metallica a toujours eu le respect de ses pairs et que les critiques viennent toujours des soi-disants fans du début qui croient donc tout naturellement détenir les vraies valeur du thrash, forts du constat que n'ayant rien fait eux même ils peuvent mépriser ce que font les autres – quelle connerie! - . Passons...
Free Speech for the Dumb n'est évidemment pas là par hasard, ce brûlot minimaliste composé de deux accords (2!) qui sonnent légèrement faux tellement les manches de guitare sont étranglées avec rage, ce brûlot donc est le concentré d'un esprit - spirit - que ceux qui sont entrés dans le metal sans passer par la case rock, punk ne peuvent pas comprendre. L'humour cynique du titre nous rappelle que la musique est aussi un vecteur de révolte contre une société souvent injuste, à rapprocher de Know Your Rights de Clash où Joe Strummer gueule : « vous avez le droit de ne pas être tués.. ». Dans la grande tradition du rock, c'est dans le dépouillement que ce morceau va chercher sa violence brute sauf que
Kirk Hammet plante là dedans un solo déjanté prouvant une fois de plus qu'il est un musicien avant d'être un virtuose. Solo mis à part, la référence à
Discharge pourrait bien expliquer le son de St
Anger. A noter aussi que ce double cd commence par
Discharge et finit par Motörhead, si vous ne voyez pas le lien une bonne révision de vos classiques s'impose!
Et puisqu'on en est à Motörhead je dirais que c'est le seul point « gris » (noir serait trop fort) de ce double. Non pas que les quatres reprises soient mal faites, bien au contraire : le son est excellent et les musiciens incontestablement meilleurs. Mais Motörhead... c'est Motörhead quoi, on peut lui rendre hommage, on peut faire des covers mais on peut pas refaire Motörhead, point.
Sabbra Cadabra, alors là... les mots me manquent... carrément parmi mes premiers émois métalliques, donc inoubliables. Les changements de rythme, les tempos un peu « flottants » sont pain béni pour Lars Ulrich, pas question de comparer sa prestation à l'original, ça ne serait pas sympa pour
Bill Ward. De plus et comme je n'ai pas peur de brûler les icônes, je préfère ,et de loin, le chant de Jaymz à celui d'Ozzy, tant pis pour la légende.
Avec Astronomy on reste dans la légende, l'esprit de l'original est parfaitement respecté pour cette magnifique composition incroyable d'efficacité. C'est injuste, voire dégueulasse, mais c'est comme ça le chant rocailleux d'Hetfield est un ton au-dessus, les guitares plus affutées.. etc, je n'en rajouterai pas car je suis un adorateur du Culte de l'Huître Bleue mais la seule chose qui me redonne envie d'écouter l'original c'est ce son global si personnel du groupe de Long
Island.
Déjà une page de tapée et je ne suis encore que dans la partie « reissue » de
Garage Inc. Il est urgent d'abréger, peu importe ce qui à été dit suffit à donner le ton de l'album entier.
Pas question cependant de partir avant d'avoir parlé du déchirant
Turn the Page où on pourra entendre le bottleneck de
Kirk gémir et pleurer, où the sweat pours from your body like the music that you play!
Pas question non plus pour le pilier de pub irlandais que je suis – en ce moment même je déchire une canette de bière à l'aide d'une troisième main qui m'a spécialement été greffée à cet effet – de ne pas vous avoir recommandé la version survitaminée de Wiskey in the
Garage Inc..
Soyez certains que je ne raterais pas une occasion de vous parler des autres titres, pour l'instant je me suis allumé tout seul dans cette chronique et je brûle d'envie d'écouter
Escape... par
Gojira!
Dans cet hommage de onze minutes, les Mesa Boogie ont remplacé les Marshalls, le son est plus lourd, plus sombre, plus sale et brutal, fini les longs cheveux ondulés, ray bans et moule burnes on entre dans l'ere t-shirt et rangers. La musique est plus directe, moins de digressions inutiles, désormais chaque note compte, le son est compact et jamais ne desserre son étreinte. Et pourtant chaque titre est construit sur une vraie "chanson", ici la variété des références témoigne d'une belle culture musicale.
Sageist, tu dois évidemment savoir que Lars Ulrich à joué avec Mercyful Fate, sans vouloir entamer ta belle assurance il a peu être un meilleur jugement que toi quant à savoir si cette reprise est pertinente ou pas; tu devrais relire le troisième paragraphe de ma chronique.
Je cite :
" Sabbra Cadabra, alors là... les mots me manquent... carrément parmi mes premiers émois métalliques, donc inoubliables. Les changements de rythme, les tempos un peu « flottants » sont pain béni pour Lars Ulrich, pas question de comparer sa prestation à l'original, ça ne serait pas sympa pour Bill Ward. De plus et comme je n'ai pas peur de brûler les icônes, je préfère ,et de loin, le chant de Jaymz à celui d'Ozzy, tant pis pour la légende."
Ah oui quand même
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