A l’issue de la publication de
Death Magnetic en 2008, James Hetfield disait que les cinq années qui le séparaient de
St. Anger constituaient un intervalle bien trop long. Il faut raison garder de certaine déclaration puisque il aura fallu huit longues années de patience avant que ce dixième album original ne soit jeté en pâture.
Metallica n’a pourtant pas chômé puisque le groupe a sorti une multitude de
Live, le controversé
Lulu (en collaboration avec Lou Reed), un film et créé sa propre structure,
Blackened Recordings.
Que nous le voulions ou non,
Metallica est le plus populaire des groupes de metal actuels et chacune de ses livraisons est sujette à un déchaînement de passion. Son dernier méfait,
Hardwired... to Self-Destruct, n’échappera pas à cette règle. Dans la plus pure tradition depuis le « Black Album », l’imagerie de cette nouvelle offrande est juste hideuse, dans la lignée des
Load, Re
Load ou
St. Anger. La production est une nouvelle fois assurée par Greg Fidelman, qui avait doté
Death Magnetic d’une sonorité bien trop compressée, desservant cet opus. Composé et enregistré au HQ, le quartier général des Four Horsemen et libérée de toutes contraintes contractuelles, la formation va pouvoir laisser libre court à son imagination et son inspiration, avec une liberté artistique totale. Est-ce l’annonce d’un renouveau musical pour
Metallica ? Réponse en fin de chronique.
Les américains, ne faisant jamais les choses à moitié, publie donc
Hardwired... to Self-Destruct sous la forme d’un double-album, comprenant 12 titres répartis équitablement sur deux disques, pour une durée avoisinant les 78 minutes. Ce dixième album est une sorte de synthèse discographique de la carrière du groupe. Cet enregistrement est émaillé de nombreuses références au passé et est principalement le fruit de James Hetfield, qui a imposé ses choix. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela s’entend, car ces deux galettes sont parsemées de nombreux
Riffs puissants, typiques du grand blond.
«
Hardwired » ouvre cet enregistrement tambours battants, et, selon les dires de Lars Ulrich, ce titre est le dernier qui a été composé pour
Hardwired... to Self-Destruct. Ce morceau est un brûlot « thrash », direct et sans fioriture, comme
Metallica en faisait jadis. Ce titre est d’ailleurs, avec «
Motorbreath », le plus court de toute l’histoire musical du quatuor. La facette « thrash » perdure également sur les accélérations de «
Moth into Flame », «
Atlas, Rise ! » et surtout sur « Spit out the Bone », dont nous nous demandons comment Lars pourra tenir la cadence lors des prochaines prestations scéniques des Mets. Il faut aussi signaler que le danois a retrouvé sa double-pédale qui est audible sur le morceau d’ouverture, le titre de clôture ou «
Moth into Flame ».
Ce double-album renferme quelques pépites, que votre serviteur n’élèvera pas au rang de futurs classiques (le seul juge sera le temps), avec des compositions de choix que constituent «
Hardwired », bien sûr, mais également «
Moth into Flame », « Spit out the Bone », auxquelles nous pouvons ajouter «
Atlas, Rise ! ». Cependant, d’autres moments de bravoure sont à noter avec les très « heavy » «
Dream No More », «
Halo on
Fire » et son énorme riff massif. Mais ne nous méprenons pas,
Metallica n’est pas revenu à son « thrash metal » d’antan et, Harwired... to Self-Destruct est bien plus orienté « heavy metal », les mid-tempos puissants sont légion, le tout, étant saupoudré d’une dose de « stoner ».
Comme cité plus haut, les références au passé (lointaines ou proches) sont multiples. D’abord, «
Hardwired » est une composition qui a pour ligne de mire l’album
Kill 'Em All, ainsi que « Spit out the Bone » qui a de forts relents de «
Metal Militia », «
Atlas, Rise ! » qui a de faux airs de «
Creeping Death », le début de « Here Comes
Revenge » qui rappelle fortement « Lepper
Messiah » et «
Dream No More » qui est un mix entre « The Thing
That Should Not Be » et «
Sad But True » (le break silencieux suivi d’un solo sur une rythmique éléphantesque en est une preuve flagrante). Concernant les clins d’œil au passé le plus proche du combo, nous pourrons noter les réminiscences de « The House
Jack Built » sur « Am I
Savage ? », le groove de « Here Comes
Revenge » qui renvoie à « 2x4 » et, un des
Riffs de «
Hardwired » qui semble directement sorti de «
That Was Just Your
Life » sur
Death Magnetic. Il faut ajouter à cela les harmonies guitaristiques piochées dans la NWOBHM, si chère à Lars et James, pris en flagrant délit de (presque) plagiat de « Hallowed Be Thy Name » d’Iron Maiden sur «
Atlas, Rise ! », sans compter les accords dont
Down,
Crowbar et consorts n’auraient pu renier la paternité (« ManUnKind »).
Les us et coutumes ont décidément la vie dure chez
Metallica depuis 1991, car après l’artwork immonde, ce disque se révèle, une nouvelle fois, inégal, où le très bon côtoie le médiocre. Il est incontestable que certains titres sont d’une grande faiblesse comme « Am I
Savage ? », le mal nommé, qui est doté d’un riff générique, d’un refrain bancal et de couplets peu attractifs ; il est sans doute le morceau le moins réussi de cet album.« Here Comes
Revenge » est du même tonneau. Même s’ils sont un léger cran au-dessus, « ManUnKind » et « Murder One » (en hommage à Lemmy Kilmister) n’ont rien de transcendant, le premier manquant de cohérence avec un enchaînement multiple de plans, et le deuxième est très inégal. Lars Ulrich disait sur le plateau du Grand
Journal sur Canal+ qu’un morceau de
Metallica ressemble à l’assemblement d’un puzzle, force est de constater que certaines pièces ne s’imbriquent pas les unes dans les autres.
Aussi, les Mets gagneraient à aller plus à l’essentiel plutôt qu’à étirer inutilement leurs compositions, certains titres semblent interminables (déjà qu’ils sont dispensables...). Il aurait été certainement plus judicieux de diminuer le nombre de morceaux, l’album aurait gagné en efficacité et en impact, mettant plus en exergue les
Riffs massifs de James Hetfield. A trop vouloir en faire,
Metallica semble s’être quelque peu perdu, surtout sur le deuxième disque qui est d’une platitude affligeante, hormis le furieux « Spit out the Bone » et «
Confusion », qui se révèle suite à la multiplicité des écoutes. Il en résulte des longueurs inévitables.
Les musiciens, tout comme cet album, bénéficient d’un traitement inégal. Ainsi, la basse de Robert Trujillo est très en retrait. Il est fort dommageable de se passer du talent de ce bassiste hors pair, mais c’est un fait avéré depuis la disparition de Cliff Burton, comme si James, Lars et
Kirk n’en avaient toujours pas fait le deuil. La batterie de Lars, quant à elle, est bien mise en avant, un peu trop même, surtout que le « triggage » excessif est assez gênant à la longue.
Kirk Hamett semble s’être remis à l’ouvrage, il délivre quelques solos qualitativement élevés mais nous sommes quand même loin de l’âge d’or de
Metallica où le soliste avait les doigts en feu. Enfin, il est indéniable que James Hetfield tire son épingle du jeu, d’abord parce que ses
Riffs sont à l’honneur et par son travail vocal poussé, même s’il peine toujours à retrouver son agressivité. La production de Greg Fidelman, même si elle n’est pas optimale, est quand même supérieure à celle de
Death Magnetic, concoctant un son clair et précis et moins compressé.
Hardwired... to Self-Destruct n’est en aucun cas un renouvellement artistique de
Metallica, mais plutôt une synthèse de leur carrière musicale, avec, n’en déplaise à beaucoup, une mise en avant de la période
Load. Le premier disque se révèle bien plus accrocheur, efficace et tranchant que le deuxième, faisant émaner de l’ensemble, un manque d’équilibre certain. Afin d’appréhender pleinement et sans à priori ce double-album, votre serviteur vous conseille de prendre la carrière des Four Horsemen dans
sa globalité et non par période, car
Metallica ne sera plus jamais aussi prolifique que sur ses cinq premiers albums. Ce dixième méfait des Mets est loin d’être parfait, difficile à ingérer en une seule écoute, mais il présente néanmoins l’œuvre de
Metallica la plus aboutie depuis plus de vingt ans.
Les vieux semblent encore en avoir sous la godasse, espérons simplement qu’il ne faille pas encore attendre huit années, sous peine de décrochage complet des derniers téméraires.
T'inquiètes pas, ce sont les joies de l'informatique :))
Growler merci pour cette chronique que je lis a posteriori...elle resume globalement bien mon ressenti . Je viens de reecouter les 2 derniers albums et le reproche est ce manque de concision doublé de cette production .
Mais ne boudons pas notre plaisir, le groupe retrouve 1 forme de cohesion interne et les morceaux s en ressentent! Attendons le prochain album et peut etre nous aurons la surprise d avoir un album synthetisant nos attentes.
Le prochain album est arrivé et bah qu'en pensez vous du coup ? Belle déception encore une fois...Le thrash pour Metallica c'est terminé définitivement... là on en est bien sûr.
certes ce n'est plus du thrash mais je l'aime bien quand même.
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