Encadré d'une part par le mythique
Master of Puppets, qui constitue l'apogée thrash de
Metallica, et d'autre part par le "Black Album", ouverture plus heavy et tournant plus commercial qui va asseoir la popularité des Américains auprès du grand public, la place de
...And Justice for All est assez particulière.
C'est d'abord la dramatique disparition de son bassiste de génie, Cliff Burton, qui ampute douloureusement le solide line-up qui a amené
Metallica au sommet du thrash, et qui provoque la première forme de rupture. C'est sans doute également la grandeur et la réussite absolue de
Master of Puppets qui oblige le groupe à aller plus loin et plus profondément dans son œuvre créatrice. Enfin, la dureté et la noirceur de cette période pour les musiciens ne sont sans doute pas pour rien dans la teneur du disque dont il est l'objet.
Si on devait choisir l'album le plus noir de la discographie de
Metallica, ce ne serait pas le "Black Album", mais bien
...And Justice for All, malgré la blancheur de sa pochette. Le premier titre, "
Blackened", respectant la trame des albums de
Metallica d'alors, est un titre thrash sans fioritures, particulièrement violent et rapide. Le côté monumental et presque symphonique des premières notes de "
Battery" est oublié ; les
Riffs sont plus épurés, le titre particulièrement âpre et dépouillé. Impression largement renforcée par la production très particulière du disque.
Abordons ce sujet sans attendre, tant il est polémique. Il est vrai que sur l'album, la basse est très discrète, masquée par des guitares au son puissant et froid. Et encore en avant, une batterie omniprésente (omnipotente), qui joue les premiers rôles et occupe un sacré espace. Certains crient au loup, estimant que du coup la qualité sonore en pâtit. J'admets que la musique de
Metallica devient du coup très froide, presque déshumanisée. Pourtant, peut-être est-ce l'habitude, je trouve que cette « faute » technique se colle au final parfaitement avec l'esprit du disque. Mais nous en parlerons plus loin...
Poursuivant sa trame conventionnelle,
Metallica propose donc en deuxième titre le morceau éponyme, long et plutôt lent. "
...And Justice for All" va cependant beaucoup plus loin que ses glorieux prédécesseurs. Le côté progressif que l'on a parfois collé à
Metallica prend toute sa signification dans les enchaînements répétés mélodie en son clair / riff ultra lourd. Le résultat est implacable, oppressant. Le rouleau compresseur est en marche et ce morceau monumental et imposant, à la fois technique, léché et très austère procure un sentiment glacé et angoissant quand on arrive au bout des presque 10 minutes. Précision importante :
Metallica, déjà coutumier du fait, a encore rallongé la durée des titres, ce qui confirme là aussi une évolution plus prog.
Le metal noir, austère, dépouillé mais technique et pointu de
Metallica se retrouve quasiment tout au long de l'album, particulièrement dans des titres massifs, lents, implacables, où les rythmiques souvent réduites vous martèlent la tête, bien aidées en cela par Lars Ulrich qui martèle sa batterie comme jamais. Seuls les soli toujours aussi exquis et fins de
Kirk Hammett apportent une bouffée d'oxygène dans la sévérité du paysage musical. On peut évoquer dans ce registre les chansons "
Eye of the Beholder", "The Frayed Ends of Sanity" ou encore le fameux "
Harvester of Sorrow" et son riff aussi célèbre qui symbolise à lui seul la teinte de l'album.
Seul "The Shortest Straw", bien que de contenu comparable, bénéficie d'un tempo un peu plus rapide.
Pour autant, le disque est loin d'être indigeste, car entre ces longues minutes d'intransigeance,
Metallica nous sort un bijou : la fausse ballade "One", morceau somptueux, plus de sept minutes d'un bonheur rare mêlant noirceur, émotion, souffrance, colère quand au fil des minutes, l'intensité métallique augmente pour finir sur du thrash sublimé par le long solo de
Kirk Hammett. Autre titre mythique qui vient varier les plaisirs, c'est l'instrumental "To
Live Is to
Die", poignant hommage à Cliff, lancinante et tellement sombre qu’elle en devient un monument de morbidité... Impressionnant.
Enfin, comme pour signifier la conclusion finale de sa période thrash,
Metallica nous offre "
Dyers Eve" : ce que je considère pour ma part comme le morceau le plus violent et le plus rapide de toute la discographie du groupe. Ul... technique, époustouflant dans la brutalité de ses accélérations, le morceau tourne à la démonstration, presque comme pour montrer une forme de suprématie absolue.
En conclusion,
...And Justice for All pourrait être perçu comme un aboutissement artistique du
Metallica première époque. Le groupe est parvenu à un dépouillement incroyable sans pour autant perdre la consistance technique et artistique de sa musique. Celle-ci n'a jamais été aussi oppressante, violente, obscure. Complexe, froide, parfois presque contemporaine mais d'une richesse sous-jacente incroyable. Ce disque est par conséquent difficile d'accès, long à appréhender, exigeant pour ses auditeurs, ce qui n'est le cas pour aucun autre album de
Metallica. Pourtant, avec l'âge et le temps, il est devenu mon disque favori de
Metallica, car le plus riche en émotion, le plus profond et le plus personnel. Inclassable et forcément unique.
Seul album que je ne detenais de Metallica au college, Meme pas 1 copie K7!
Lorsque j'ai achete "And justice for all" entre 92 et 93, j'avais eu 1 peu de mal avec le coté glacant et depouillé de l oeuvre contrastant avec la chaleur des Ride et Master..... Qlq ecoutes plus tard je constatais la richesse de l'album et ainsi appréhendais bcp mieux l album. Pour autant je ne l'ai pas usé comme ces predecesseurs, faute à des morceaux plus complexes et moins memorisables qu'un "creaping death".
La chronique est 1 juste representation de l univers de l album et retranscrit à merveille l aspect d aboutissement musical de la 1ere periode de Metallica.
Merci
Alors moi, avec cet album, j'ai un immense, un terrible, un véritable problème avec sa production, qui est catastrophique !! C'est une honte, un gâchis par rapport au véritable trésor que cache cet album ! Comment ont-ils pu commetre un acte aussi criminel ?? Le son est froid, clinique, dénué d'âme. Le volume est extrêmement bas et la basse inexistente, on ne ressent pas la fureur des riffs, la compléxité des solos ou une quelconque ambiance. J'ai l'impression d'écouter des chansons zombies, elles sont bien là, mais mortes.
Pour moi, cet album marque le début des décisions bizarres et immatures de Metallica. Comment peut-on laisser des compos aussi merveilleuses pourrir sous une production aussi merdique ? En live, ces chansons sonnent merveilleusement bien avec tout l'énergie qui leur rende justice, mais en studio c'est limite une blague de poisson d'avril. And Justice for All est un cas unique pour moi, puisque j'adore les compos, mais je déteste la production choisie (et non pas subie, car des moyens ils en avaient). J'ai eu énormément de mal à m'impliquer dans cet album, la prodcution de merde ne m'aide vraiment pas à donner une chance à cet album et approfondir l'écoute. Pire que St Anger.
Bon album, meme si ce n'est pas mon préféré.
17/20
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