Il était une fois un jeune groupe d’adolescents brésiliens rêvant de vivre libres et de parcourir le monde grâce à leur musique. C’étaient de jeunes gens ambitieux, affublés d’une âme d’artiste et d’une volonté déterminante pour parvenir à leurs fins. Cette joyeuse troupe avait pour patronyme
Angra.
Dans la contrée reculée, mais néanmoins surpeuplée, de la ville de Sao Paulo, un beau jour fut où le ciel permit la rencontre de deux êtres complémentaires, deux êtres qui donneraient naissance à
Angra : André Matos, alors en pleines études pour devenir chef d’orchestre, et Raphaël
Bittencourt, apprenti guitariste et accessoirement compositeur. Très vite, il devient évident que ces deux là pourront être grands tous les deux, ils deviennent amis.
Luis Mariutti (basse) et
Kiko Loureiro rejoindront le line-up, suivis de Marco Antunes à la batterie.
S’ensuivra la démo "
Reaching Horizons", puis la composition du premier véritable album : "
Angels Cry".
Angra est à ce point de leur carrière encore parfaitement inconnu sur le vieux continent (bien qu’ils aient fait exploser le nombre d’entrées lors de leur premier concert à Sao Paulo !) mais il débarque en Allemagne dans le studio de Kai Hansen (ex-
Helloween,
Gamma Ray) pour être produit par Charlie Bauerfeind (Bling
Guardian,
Gamma Ray,
Helloween…). Autant dire que le hasard est totalement hors de propos pour ce premier album.
La musique est composée aux trois-quarts par Raphaël (eh, oui! André n’a pas tous fait sur ce disque, loin de là !) mais ce dernier avouera par la suite avoir très peu joué sur l’opus, en raison du niveau largement supérieur de Kiko, Raphaël travaillant son jeu pendant ce temps.
Mais un autre problème leur barrera la route : l’impossibilité pour Marco de jouer ses parties (trop peu performant sur la double, et un jeu trop hard rock comme l’expliquera par la suite Matos) et l’arrivée en urgence d'Alex Holzwarth (
Rhapsody), avant de trouver un remplaçant à long terme en la personne de Ricardo Confessori.
Venons-en au monde merveilleux d’"
Angels Cry"! Une musique classieuse, magnifique, technique, orchestrale et incroyablement inspirée.
A cette époque, l’ajout de musique classique au metal était relativement rare, et
Angra peut donc être considéré à juste titre comme un précurseur dans ce domaine.
"Unfinished Allegro", splendide pièce symphonique empruntée à Beethoven, ouvre le bal avec grandeur, avant l’explosion des guitares d’ouverture du cultissime "
Carry On". La magie opère en quelques secondes. Les riffs, très techniques mais si mélodiques, couplés à une rythmique de feu et au chant angélique d’André, auront tôt fait de transformer cet album en chef d’œuvre intemporel.
Et puis, la production à très bien supporté le poids des années La puissance est encore largement au rendez-vous (ce qui n’est pas le cas de "
Holy Land"), le son de batterie est très chaud, et la basse parfaitement audible, ce qui reste trop rare dans le heavy. Ici, Luis se régale et rien que d’entendre sa formidable partie sur la conclusion du non moins superbe "Time" est un vrai régal pour les oreilles, ainsi que sur le plus dur "
Streets of Tomorrow".
Le travail d’orchestration est très soigné, comme le prouve le titre track, un modèle du genre. On y découvre une intro avec chœurs à profusions, un riff direct et très heavy, un refrain que jamais personne n’oubliera, et un break unique, où la musique classique se marie à une atmosphère arabisante et planante. Et que dire du solo ? Magnifique et hors du temps, il est l’exemple typique du talent inestimable de Kiko (qui sera épaulé par Raphaël par la suite, ce dernier ayant beaucoup appris grâce à son comparse), ultra technique mais d’une fluidité impeccable, le genre néo classique à son apogée.
"Stand Away" est également l’incarnation de la beauté métallique, le chant aérien rehaussé par les arrangements classiques, tout comme le phénoménal "
Evil Warning", peuplé de changements de rythmes, de chœurs, de riffs et de cette double pédale jouissive. Et, une nouvelle fois, un solo de basse / guitare qui deviendra la particularité du groupe ensuite, mariant la chaleur du leur pays à la précision stylistique d’un heavy metal de très haute volée.
La reprise de Kate
Bush, "Wutherings
Heights" fera exploser à la face du monde le talent inestimable d’André et sa voix si unique (qui peut se vanter de chanter aussi aigu sans user d’une technique d’une froideur chirurgicale ?) qui déclenchera des passions comme Mickaël Kiske quelques années auparavant (l’influence d’
Helloween, même si elle n’est, d’après André, pas du tout volontaire, est néanmoins présente).
Un premier album en forme (déjà) de sacrement pour un
Angra qui, pour beaucoup, produisait sa meilleure œuvre, tout au moins la plus grande sous la houlette d’André au chant. Un opus possédant le petit truc en plus faisant toute la différence, et étant également inexplicable. Il est de ces albums qui se vivent et s’écoutent plus qu’ils ne se racontent.
Il nous prouve également que toutes les belles histoires commencent par « Il était une fois… »
Merci pour cette chro , et pour les autres . Glad.
Quelques rares chansons un peu moyennes ("Lasting child" et "Streets of tomorrow" - ben oui, elle me saoule...) côtoient de pures merveilles d'inspiration et d'émotion (en particulier "Carry on", Stand away" et - belle à pleurer - "Never understand")
Celles que je n'ai pas citées sont néanmoins superbes.
N'aimant pas les reprises, je laisse de côté "Wuthering heights" que je n'écoute jamais.
La signature vocale d'André Matos est unique et sa voix vous transporte littéralement dans des contrées spacio-temporelles inconnues. Mes lignes préférées sont les envolées du refrain de "Stand away" et la première mélodie chantée de "Never understand". Whaouuu...
Ce qui frappe dans ce disque, c'est le soin apporté aux mélodies et aux arrangements qui font toujours mouche !
Je partage donc totalement l'avis de la chronique. A un détail près : "Unfinished Allegro" ne reprend pas un air de Beethoven mais bien de Schubert. Il s'agit du 1er mouvement de sa symphonie N°8 dite "inachevée" ; symphonie d'une beauté stupéfiante mais hélas bien trop courte car ne comportant que les 2 premiers mouvements sur les 4 composant habituellement une symphonie. Je suis aussi friand de symphonies classiques que de métal...
Angels Cry.
J'étais en stage dans ma précédente vie (BEP vente à Vienne) dans le cadre duquel je faisais un stage chez un disquaire (Connexion). J'étais aux anges parmi de nombreux groupes que je pouvais écouter. Je découvrai ainsi Riot, Downset, Shotgun symphony et bien d'autres.
Mais une lumière brillait au milieu de tous ces groupes qui exaltaient mon ouïe. Un ange émergeait sur une pochette rouge, tenant un bouquet de roses à la main. Me doutais-je que cet ange serait un jour gravé sur un de mes bras... pour l'heure, cet ange se gravait dans mon coeur.
Dès la première écoute j'étais sous le charme. Malgré mes modestes moyens de lycéen, j'achetais cet album et l'aventure Angra commençait.
Rapidement cet album allait bercer toute une phase de mon passé et devenir le symbole d'une merveilleuse histoire d'amour du moment que je vivais avec une certaine Alexandra qui m'a également laissé une empreinte indélébile dans mon coeur... mais bon je change de sujet... quoi que.
Car souvent avec ma belle et douce Alexandra, nous allions jouer au billard et boire des verres en amoureux dans le sous-sol aménagé d'une pièce d'un restaurant qui s'appelait la Romaine.
Dans cette pièce, les clients avaient à leur disposition un poste laser pour écouter les CD de leur choix.
Quel album avons-nous systématiquement écouté lors de nos escapades amoureuses dans ce restaurant ? Angels cry !
C'est ainsi qu'aujourd'hui, plus de 20 ans après ces moments merveilleux, quand j'écoute ces mélodies (Carry on, Lasting child, Never understant, Angels cry notamment) c'est une phase de mon histoire qui rejaillit avec la nostalgie d'un temps révolu mais qui reste encore vivace par ces belles mélodies.
Angra !!!!! j'ai eu la chance de les voir un jour en concert à Lyon. Leur sympathie (et je n'oublierais jamais le sourire bienveillant que me porta Andre Matos lorsque je lui montrait (puérilement avec le recul) le tatouage qui avait été gravé sur ma peau et représentait cet ange ; et bien leur sympathie dis-je, même leur bienveillance me toucha et confirma que j'étais vraiment leur fan.
Aujourd'hui, malheureusement, le temps a fait son oeuvre. L'érosion que le temps engendre sur nos vies, sur nos histoires, sur nos actes est souvent douloureuse. Les images s'estompent, les visages dans nos mémoires s'altèrent, les mots s'envolent, mais que reste-t-il ? Deux choses demeurent intactes : le tatouage (mais c'est matériel) et surtout les mélodies.
Car en écoutant Angels cry, dès les premières notes, tout ces souvenirs si riches et intenses se reforment pour créer ce passé devenu si loitain. Les odeurs, les saveurs, les sensations de ces moments si beaux que j'ai vécu à cette époque refleurissent comme des fleurs, instacts et inchangés.
Angels cry est donc pour moi une sorte d'elixir pour me replonger sur une époque révolue de ma vie. Evidemment de nombreux titres de chansons procurent ce sentiment sur d'autres souvenirs, mais aucun de manière aussi intense que cet allbum.
Pour cette richesse intérieure que me procure cet merveilleux album Angels cry, pour l'intensité de ces sensations, pour la qualité presque inégalée de cet album au regard de tout ce que j'ai pu écouter par ailleurs, par la puissance de chant d'Andre Matos et la technique quasi incomparable des solos, cet album est pour moi un diamant musical.
Je tenais à livrer ce petit témoignage anecdotique pour rendre honneur à ce groupe dont je déplore sincérement la division.
Merci ANGRA d'avoir produit ce bijou qu'est Angels cry.
@Montesquieu1689 : Merci pour ce commentaire/témoignage poignant et prenant au coeur!
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