De sombres nuages s’amoncelaient sur la destinée d’
Angra après la déconvenue d’un
Fireworks tant décrié. Cet orage s’annonçait terrible et lorsqu'il survint, il plongea le groupe dans les affres les plus affreuses d’un atroce doute. Les pluies vinrent alors frapper l’embarcation brésilienne de plein fouet, les vents se levèrent, la tempête était terrible. Et dans cet ouragan, aux bourrasques médiatiques insensées, divisant les détracteurs les plus farouches et les adeptes les plus fervents des musiciens de la terre de braise, les voix de la discorde finirent par tonner au sein même de l’équipage. Le navire, en perdition, vint alors se fracasser violemment sur les récifs. L’esquif se brisa en deux.
Andre Matos, Ricardo Confessori et Luis Mariutti quittèrent le bateau et s’en allèrent au large, vers d’autres péripéties, sur une chaloupe baptisée
Shaman.*
Restés seuls à la barre du canot de fortune
Angra, Rafael
Bittencourt et Kiko Lourreiro, deux excellents musiciens, soit dit en passant, sont alors confrontés à un dilemme. En effet, cette particularité, aux sons de ces atmosphères tribales et ethniques, ce talent si atypique pour la composition classique de mélodies si singulièrement belles, s’en est allé. Après le naufrage, arrivé à bon port, les deux hommes décident d'embarquer dans leur périple Edu Falaschi au chant, Aquiles Prister à la batterie et Felipe Andreoli à la basse pour parer la défection de ces mutins.
Première œuvre de ce nouvel équipage, ce
Rebirth, au nom d'une rare pertinence, apparaît immédiatement comme une synthèse consentie d’une volonté de rassemblement autour des forces les plus indéniables du groupe. Tentant, dans une démarche tout à fait compréhensible, d’assimiler un auditoire autour de ce qui fit les spécificités les plus spéciales du groupe, les musiciens composent donc ici une œuvre très consensuelle.
D’emblée
Nova Era s’inscrit donc dans cette démarche. Dans la plus pure tradition d’un
Power Metal dit "symphonique" très habituel, ce titre, agrémenté des poncifs de rigueur tels que rythmes rapides, refrains accortes et mémorables, quelques parures orchestrales, nous ramènent, agréablement, à nos meilleurs souvenirs brésiliens.
A noter que les éléments orchestraux font un retour succinct, mais remarquable, sur l’ensemble de cette œuvre et pas uniquement sur cette première piste. Ainsi les chœurs grandiloquents qui entament un
Acid Rain ou un Running Alone, ainsi que l’usage de sonorités d’instruments classiques, offrent à ce disque une sympathique grandeur, oubliée depuis
Holy Land. Certaines autres chansons, plus intimistes, plus mesurées, nous font aussi découvrir les mélodies de jolis préambules avant que ne s’exprime l’énergie de titres plus typiquement
Power. Il en va ainsi de Millennium Sun audacieusement placé, presque, à la proue ; mais aussi de
Rebirth. Même les phrasés ethniques aux sons de ces percussions et de ces mélodies qui firent l’excellence de
Holy Land sont, timidement, proposés dans un morceau ambitieux,
Unholy Wars, qui n’est pas sans nous évoquer le délicieux passé, pas si lointain, du groupe.
La question qui se pose est, aussi, de savoir comment s’en sortent les nouveaux matelots ? Si entrer dans la peau d’aussi symboliques musiciens, dont l’ombre hantera toujours
Angra, que sont Ricardo, Andre et Luis, n’est pas chose aisée, il convient de dire qu’ils se débrouillent admirablement. On pourra, sans doute, reprocher à Edu certaines intonations aiguës, succinctement, similaires à celle d’Andre et d’autres, pour qui se souvient de l’extraordinaire technicité de Ricardo sur un Crossing, par exemple, pourra se plaindre des talents plus "classique" d’Aquiles.
Pourtant, le défaut majeur de ce
Rebirth n’est pas dans ces imperfections (si tant est qu’il y ait imperfections), sommes toutes relativement anecdotiques, mais dans un ensemble, certes, plus convaincant et plus direct que
Fireworks, mais dont les titres sont moins charismatiques et moins efficaces qu’autrefois.
Rebirth est donc un très bon album, dans lequel il est assez facile de s’immerger, avec un plaisir évident, tant ces morceaux sont attachants, mais qui souffre d’une comparaison forcément défavorable face à un
Holy Land qui restera, quoiqu’on en dise, aux yeux de l’histoire, un des albums les plus novateurs de son époque. Quoi qu’il en soit,
Rebirth marque le retour en grâce, mérité, d’un groupe captivant. Reste à savoir si ce groupe d’exception saura retrouver, complètement, de sa superbe et, surtout, son caractère le plus rare, et ne pas sombrer dans une excellence merveilleuse mais nettement moins unique.
Ce
Rebirth tendrait à prouver que non...
Je ne peux que te les conseiller!!
Si un membre de Som ne m'avais pas fait écouter par hasard le titre "Nova Era", je ne pense pas que j'aurais continué Avec Angra. Mais là gros coup de foudre pour ce titre, et par la suite pour l'album.
Du coup après "Rebirth", en peu de temps, je me suis procurée "Temple of Shadows", tout aussi bon, et "Aurora Consurgens", agréable mais sur lequel mon "coup de foudre", n'est pas aussi intense que pour les 2 albums précités.
Album agréable à écouter, sans plus.
16/20
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