Retour à des valeurs, en principe, plus sûres avec «
A Touch of Evil », album live de Judas
Priest sorti en 2009 après les tournées mondiales «
Nostradamus ». On ne présente plus le groupe légendaire du heavy metal anglais, miraculeusement ressuscité en 2005 sous son format quasi original après quinze longues années dont la moitié passée avec un chanteur intérimaire qui a fait ce qu'il a pu sans pouvoir empêcher l'érosion de la popularité du groupe. Alors, «
A Touch of Evil », encore un live de plus pour une formation déjà prolifique en la matière et surtout réputée avoir produit l’un des plus beaux fleurons du genre avec «
Unleashed in the East » trente ans auparavant ? Peut-être mais autant vérifier par soi-même et sans a priori.
Le vrai-faux live débute avec « Judas
Rising », véritable déclaration de guerre prenant toute sa dimension en concert. Le son surpuissant et clair est d’une qualité excellente. Puis on enchaîne sans souffler avec « Hellrider » , déjà impressionnant de majesté sur disque mais qui, ici, se révèle tout simplement effrayant de puissance épique. On pense alors à un monde apocalyptique dévasté par la guerre, puis à une divinité apparaissant comme dernier espoir pour une humanité ravagée par le feu, le fer et le sang. Je me dis souvent que la musique du
Priest, et en particulier « Hellrider », si noble et galvanisant auprès de mon âme, serait la bande-son finale si je devais mourir les armes à la main sur un champ de bataille en faisant face à mon destin sans trembler.
Mais à peine le choc d’ « Hellrider » encaissé que déboule « Between the
Hammer and the
Anvil », morceau relativement méconnu mais pourtant redoutablement fluide et puissant de
Painkiller. Place ensuite au supersonique « Riding on the
Wind », dont le tempo échevelé et les vocaux suraigus déchaînent les foules et nous ramènent dans l’âge d’or du
Priest, les années 80. Après ce retour bienvenu dans le passé, on découvre « Death », issu du dernier album en date et qui dénote du répertoire habituel du groupe par son côté lent, sombre et pesant comme du
Black Sabbath modernisé. En prêtre glacé parfait incantateur d’une messe noire sans retour, Rob
Halford est comme d’habitude grandiose.
Ceux qui n’apprécient pas ce changement de cap musical seront vite consolés avec «
Beyond the Realms of Death » , superbe power ballade dont la magie émotionnelle opère toujours au mépris des années qui passent. Surprise ensuite avec «
Dissident Aggressor », vestige préhistorique exhumé de l’année 1977. Choix, au final, assez curieux car le morceau est simplement bon au regard des autres œuvres cultes écrites par les prêtres félons durant les années 70.
On ne pouvait sans doute pas y couper vu le titre du disque, alors «
A Touch of Evil » déroule son rythme reptilien et son charme vénéneux sur plus de six minutes.
Seul morceau relativement lent de l’album «
Painkiller », ce titre reste un classique indémodable de la scène.
Par ailleurs, les années 80, assez peu représentées jusqu’alors, reviennent en force avec le musclé « Eat Me Alive », véritable rouleau compresseur heavy metal et machine à orgasme scénique.
Passage promotionnel obligé, «
Prophecy », deuxième extrait de «
Nostradamus », paraît au final en-dessous du lot. Ouvrant pourtant les concerts de la tournée française, ce titre, trop lent et alambiqué, ne peut alors tenir la comparaison avec un cinglant « Judas
Rising ».
Le disque se termine avec le non moins essentiel et sur-hargneux «
Painkiller » ; mais on peut se demander si, à son âge avancé et compte tenu de la terrible débauche d’énergie réclamée par ce monstre vorace, Rob
Halford ne ferait pas mieux de s’abstenir à l’avenir.
Au final, un live qui ne pouvait être mauvais ou décevant, Judas
Priest n’ayant pas pour habitude de servir de la camelote à ses fans.
Les esprits chagrins pourront arguer de la recrudescence de productions de ce type dont nous abreuvent les Anglais depuis quelques années, du côté artificiel de ce faux live composé d’une juxtaposition de titres, du manque de punch des nouvelles compositions et du côté un peu maigrichon du packaging comparé, par exemple, au colossal double CD de «
Metal Meltdown » de 1998. Ils auront dans une certaine mesure (relative) raison.
Cependant, dans l’absolu, «
A Touch of Evil » demeure d’un très bon niveau global, ce qui, compte tenu de l’exceptionnelle richesse du répertoire du Prêtre, était nettement prévisible. Mention spéciale, au final, aux deux titres de «
Angel of Retribution » qui m’ont donné un frisson inattendu et ont contribué à épicer la bonne vieille recette sans doute trop bien connue jusqu’alors.
qu'est ce que tu entends par "faux live" ??
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