Sortis en cette année 1984, alors que le groupe venait d'essuyer un échec artistique cuisant fort d'un très moyens
Flick of the Switch, les cinq titres de ce
'74 Jailbreak, nouvel EP des australo-britanniques d'AC/DC, tentait de rassurer un auditoire dépité. Pour ce faire, ressusciter les morts ("le" en l'occurrence) et cette nostalgie lié à la perte d'une insouciance définitivement envolées avec la disparition de ces idoles (de "son" idole, en l'occurrence), semblait être la recette éprouvé qui allait, sinon le sortir de ce marasme, tout au moins lui permettre de ne pas sombrer. En effet, qui mieux que le regretté Bon Scott, pouvait, une fois encore, de son talent si remarquable, redonner vigueur à un AC/DC à l'agonie.
Bien sûr, certains pourraient polémiquer sur le fait que 5 titres sont bien insuffisants à panser la blessure profonde d'un deuil aussi douloureux. Et que, par ailleurs, rien ne le pourra jamais véritablement. Ils pourraient aussi pérorer sur un procédé sacrifiant le nécessaire travail de composition au profit d'une facilité commode. Certes.
Toutefois à l'aune de l'excellence d'une formation aussi exceptionnel, ces quelques derniers inédits sur le vieux continent sortis uniquement sur les terres du groupe dans les versions australiennes de leurs premiers albums, balayent ces préjugés. De plus, ils permettront aussi de rendre, une fois encore, hommage à celui qui fut, comme aime si bien à le dire son ami
Bernie Bonvoisin (
Trust), l'un des plus grands chanteurs que la Rock Music ait connus.
D'emblée, alors que résonnent les premières notes d'un excellent préambule du superbe riff de guitare de
Jailbreak, seul morceau issus de la session de
Dirty Deeds Done Dirt Cheap (1976) alors que le reste provient de celle d'
High Voltage (1975)), AC/DC nous renvoient aux délicieux souvenirs de leurs premiers pas résolument Rock, cynique, Boogie, primaire et Rythm'n Blues. Le son de ce premier morceau, et de l'ensemble de ce manifeste, si particulièrement suranné contribue à raviver le parfum révolu de ces temps séduisant. Show Business, un pamphlet décrivant les aléas de musiciens face à la roublardise de cette implacable industrie broyeuse de talent, ne dément en rien la teneur de nos premières impressions ravies.
Venant admirablement clore ce pamphlet, les anglo-australiens nous offrent, en un
Baby Please Don't Go vif et nerveux où guitares et voix communient superbement, une excellente apothéose. Le titre est une reprise d'un standard de Blues enregistré pour la première fois en 1934 par Big Joe Williams, artiste resté célèbre pour son jeu de guitare très particulier sur un instrument possédant neuf cordes. Une version de ce titre sera aussi écrite plus tard par un Van Morrisson (
Them) notamment resté dans l'histoire pour avoir composé le fameux
Gloria que The Spektors (dans lequel, occasionnellement, un certain Bon Scott officiait en tant que chanteur et batteur) jouera également.
'74 Jailbreak est donc un EP qui, s'il n'est pas véritablement indispensable, révèle, une fois encore, tout le talent de musiciens incroyablement doués, précurseurs formidables d'une ère nouvelle.
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