S'enfermant dans une démarche musicale aux propos toujours plus esthétiques et immédiats, toujours plus commerciaux et accessibles diraient les plus cyniques,
Def Leppard fait doucement évoluer sa conception artistique vers un art de moins en moins dynamique. Si l'aspect mélodique d'une expression musicale ne constitue pas nécessairement un défaut, il faut bien reconnaître qu'alors qu'il est aussi crucial et mis en exergue, il s'adresse d'emblée à un auditoire largement plus néophyte dès lors qu'il s'agira des musiques qui nous passionnent ici. Ce public différent pourra bien trouver nombre de qualités à ce X, dixième album de ces Britanniques, l'adepte spécifique de cette grande famille réunis sous la bannière maladroitement baptisé
Hard Rock, dans son acception la plus vaste et la plus vague, quant à lui, ne pourra s'y reconnaitre que bien trop subrepticement.
La tâche de la chronique s'annonce alors hautement délicate, car d'emblée une interrogation s'impose à votre humble serviteur. Doit-on se départir de toutes ces partialités qui nous habitent et juger cet opus pour ce qu'il est, c'est-à-dire une œuvre digne de plaire au plus grand nombre ? Ou doit-on garder en mémoire ces vécus particuliers qui nous lient à la musique que nous aimons tant ici ? En d'autres termes doit-on apprécier cet album comme un excellent disque de Pop-Rock, ce qu'il est peut-être, ou doit-on le juger comme un disque de
Hard Rock, assurément, médiocre ?
Dans la première hypothèse, celle où la décision prise serait d'appréhender l'œuvre sans aprioris, force est de constater que mes lacunes sont incommensurables tant ces arts contemporains restent, pour moi, énigmatiques, et n'éveillent agréablement mes sens que bien trop rarement.
En axant ma réflexion sur l'autre postulat, notoirement plus naturelle pour moi, je ne peux que crier avec force ma rancœur. S'égarant dans les dédales sucrés de ces harmonies, désespérément, douces, cette œuvre n'a que peu d'intérêt. Dénaturant profondément son âme antique (du moins celle qui est la sienne depuis
Hysteria (1987)),
Def Leppard se compromet au sein de la communauté qui, la première, lui offrit un formidable écho mérité. Diluant ses velléités les plus ''énergiques'', il nous offre le spectacle pathétique de cette mièvre représentation. Souligné encore par un manque de rythmes récurent, alourdis par une musicalité au souci d'esthétisme trop prégnant, accablé par la parcimonie avec laquelle les guitares s'expriment, la plupart de ces titres s'enfoncent définitivement dans une naïveté embarrassante. La cruelle déception devient alors inévitable.
A la mesure de l'ensemble de ces imperfections, tant sur le plan mélodique que sur le plan rythmique, il devient même, parfois, difficile de différencier le propos de ballades symptomatique du
Hard-FM de celui d'une musique plus typiquement Pop.
Evoquons tout de même, aux rangs de l'amertume, quelques-uns de ses titres. Ainsi
Torn To Shred, Love Don't Lie,
Gravity, Everyday ou encore
Girl Like You, par exemple, sont, selon moi, d'infâmes offrandes d'un ennui achevé.
Dans ces eaux insipides seul des morceaux tels que Now, kiss The Day et You're So Beautiful demeurent relativement plaisants. Et dans celles gardant les stigmates les plus propres aux propos d'autrefois de ces Anglais, seul des pistes telles que
Four Letter Words et
Cry, par exemple, gardent une ''force'', et une certaine intensité nous rappelant aux bons souvenirs de
Def Leppard. Mais, mon Dieu, que c'est peu.
Ce X est donc un échec. Il nous propose l'évolution Pop-Rock fade d'un groupe qui fut, jadis, l'un des plus prometteurs de la scène NWOBHM, avant de devenir l'un des plus charmeurs du paysage
Hard-Fm. S'affirmera-t-il comme un des plus talentueux de ce nouveau créneau ? Peut-être. Pourtant artistiquement si la démarche est respectable, le résultat l'est nettement moins. Quant à parler de trahison, il n'y a qu'un pas que d'aucuns franchiront allégrement. Et on les comprend aisément.
Merci pour la chronique Dark.
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