Le léopard sourd a encore frappé en cette fin des 80's, et bien que l'on puisse essayer d'être aussi bouché que lui, difficile de bouder son plaisir en écoutant cet album incontournable du groupe de Sheffield. En effet,
Def Leppard y joue toujours un hard rock aux riffs entêtants et rageurs, à la rythmique implacable, agrémenté de petits samplers éparpillés dans diverses chansons. Un rejeton de la NWOBHM qui a fait ses premières quenottes le long des années 80.
Hysteria est un aboutissement, il marque un nouveau pas dans la discographie du groupe. Mélange d'hymnes de stades et de compositions léchées que même les Guns N’ Roses (que j’apprécie) auraient à envier. Le secret du quatuor british ? Réussir des allés-retours entre son hard rock 80’s survolté et rythmé, riffs rock n’ shock et power ballads mémorables. En ce qui concerne ce dernier point, on peut noter le fait que deux des titres les plus notables de cet album sont «
Animal » et… «
Hysteria » himself.
Le premier est enjoué et tout en retenu au niveau des couplets. Phil Collens et Rick
Savage se fondent en un duo guitare/basse musicalement rock sur laquelle martèle Rick Allen avec une régularité de métronome (le coco est quand même un manchot au sens propre). Joe Elliott nous convainc par sa voix au timbre légèrement éraillé (un peu façon J.-J Goldman vous ne trouvez pas ?) chargée d’émotion. Enfin, Steve Clark délivre un riff accrocheur tourbillonnant parmi les chœurs bramant ‘I gotta feel it in my blood whoa oh, I need your touch don’t need your love whoa oh…
And I want and I need, and I lust
Animal’. Au moins le ton est donné; des ballads oui, mais pas de mièvrerie !
Et pour ça, «
Hysteria » tire plutôt bien son jeu : une musique simple avec pas mal de palm mute, rythmée et nostalgique, avec un petit côté violon pas désagréable du tout. Là encore le principe ‘chant soliste-chœurs’ fonctionne à merveille, et le thème du coup de foudre est traité avec romantisme mais sans sombrer dans une mauvaise caricature, good job.
«
Love Bites » est dure à caser dans tout cela : intro samplers synthé voice, stepper étrange de basse, puis guitare overdrive sonnant aigüe sur batterie robotique. Etrange écoute pour une chanson faisant office de slow rock (on se demanderait même comment cette chanson a trouvé sa place dans cet album… simple, la justesse des paroles). Intéressante et entreprenante, mais étrangement en décalage dans l’ensemble.
Maintenant, centrons-nous sur les morceaux envoyant un peu plus la sauce : «
Women », «
Rocket », «
Pour Some Sugar on Me » et «
God of
War » sont les clés de voûte de
Hysteria. On y ressent toute la simplicité, toute l’originalité et toute l’étrangeté qu’elles font flotter. «
Women » et son riff hanté de guitare pilonné au wah-wah, «
Rocket » et sa bande-son FM où chants et batterie impulsent une rythmique à la Queen sont d’étranges hybrides de samplers électroniques et de jeu hard rock 80’s. On saluera les performances vocales d’Elliott, qui pour le coup retrouve un chant plus ascendant et proche de ce qu’il donnait sur
Pyromania. Focus sur «
Pour Some Sugar on Me », LE morceau avec le jeu de guitare qui envoie et la rythmique qui brise la mollesse des power ballads. Un hit, il suffit d’écouter pour s’en rendre compte (avec des paroles sulfureuses assez explicites pour justifier un tel titre), ça vous file une pêche incroyable et une envie de headbanger un bon coup. «
God of
War » est dans un autre genre pêchue ; intro de
Savage à la basse, coup de caisse claire de Allen et mélodie à l’emporte-pièce de Clark pour corser le tout. Un morceau intéressant en soi pour évoquer l’absurdité de conflits modernes, même si on l’aurait voulu plus piquant pour rendre cette critique plus acerbe. Mais ne boudons pas notre plaisir.
Il reste donc un quintet où si je devais en tirer les plus appréciables, ce serait «
Armageddon It », « Love and Affection » et « Excitable » : l’un pour le punch et le son blues électrique/glam rock qu’il distille, l’autre pour une assise rythmique béton et un petit côté « Lick It Up » de KISS dans la mélodie qui lui confèrent une aura particulière, le dernier n’étant pas négligeable pour son tempo relativement élevé, ses bruitages étranges (le sampler ‘are you excitable ?’ lancé en boucle) et la voix relevée de son chanteur. Les morceaux tels que « Don’t Shoot Shotgun » et « Run
Riot » sont plutôt moyens, sonnant plus FM voire trop ‘Pop’ (je sais c’est vague… moins originaux à l’écoute si vous préférez), même si « Run
Riot » ressemble presque à un mix de Blink 182, The Cure et
Led Zeppelin pour le chant ! Rien que ça… La faute peut-être à un petit surplus d’effets dénaturant le son si spécial de ce groupe ayant redonné un coup de fouet au rock anglais…
Dernière précision, une version deluxe de cet album est sorti en 2006, avec adjonction de titres inédits (pas mal d'extensions, de reprises, DE BONNES reprises dont voici une petite liste : « Elected » de
Alice Cooper, « Come
Together » des Beatles, « Whole Lotta Love » de
Led Zeppelin, « My Generation » des Who et enfin « Not Fade Away » de
Rush. Sacré tribute, non ?).
J'aurais simplement une petite pensée pour le regretté Steve "the
Riff master" Clark dont les alternances rythmiques/solistes étaient bluffantes et dont ce sera le dernier album.
Hysteria sera l’ultime bastion avant le début d'une progressive dégringolade de la notoriété publique du quintet anglais, puis d'une perte de médiatisation conséquente.
Mais qu'importe, car on nous livre un bijou en or massif (7 singles quand même !), le genre de produit hard rock qui hiberne dans votre caboche jusqu'à ce que vous le réécoutiez en pensant "Tiens, je connais cette musique!".
Def Leppard, un groupe à ne pas sous-estimer, surtout avec une perle comme celle-ci.
l'enchainement "gods", "don't shoot" et "run riot" est vraiment mortel. Après mis à part "women", "rocket" et "pour some sugar on me" j'accroche moins. Par contre en 87 la puissance et la clarté du son avaient fait leur effet.
L'intro de Rocket n'est autre que le "We're Fightin' for the Gods of War" reprit à l'envers...
J ai souvent lu que fiin 80 axl rose enviait la qualité de.cet album et cherchait à le surpasser à travers les use your illusion I et II...
Cet album bien que tres bon n a pas l'energie debordante de High and dry...la maturité contre la fougue de la jeunesse...eternel debat!
Belle chronique
A part le morceau "Animal", je n'ai jamais vraiment accroché à cet album.
Il faut dire que quand on sort d'un "Pyromania" à tout point de vue parfait, il est difficile de garder le meme niveau, désolé pour les puristes du groupe.
16/20
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