Faisant suite à un "
Episode" dévoilant un talent de composition et d’interprétation impressionnant de maturité, "
Visions" est venu enfoncer le clou et reste dans la discographie de
Stratovarius l’un des albums les plus importants et les plus respectés auprès des fans.
Il représente avant tout l’envol commercial des Finlandais ainsi que celui qui aura permis au groupe de s’imposer définitivement sur la scène speed mélodique comme l’un des groupes les plus talentueux de sa génération…mais au-delà de son importance symbolique,
Visions reste selon moi loin de la grande variété de "
Episode" ou de la puissance démesurée de "
Infinite".
Je tiens à être précis, c’est un très bon album, sans doute l’un des plus beaux et les plus fluides mais il lui manque ce petit plus de génie que possèdent certains de leurs autres albums. L’un des éléments les plus regrettables de cet opus restera la trop grande présence, voire l’omniprésence des claviers qui n'apporteront qu'une atmosphère trop synthétique à l’ensemble, délaissant complètement la mélancolie ou les ambiances arabisantes de son prédécesseur.
Jens Johansson marque de son empreinte chaque morceau de ce disque, et bien qu’il soit incroyablement talentueux, il y a des moments où l’on peut trouver qu’il est sans doute trop présent, notamment sur le très speed "
Black Diamond", où il étouffe quelquefois l’atmosphère (mais quel refrain, Timo
Kotipelto impressionne !), ou réquisitionne trop fortement l’espace sonore comme le démontre le final quasi-religieux raté, car trop synthétique et manquant d’une aura réellement envoûtante (trop préfabriquée si vous préférez !).
Dans un même temps, on remarquera que le combo a considérablement baissé le tempo, cela en devient même choquant sur le premier morceau, le légendaire "
The Kiss of Judas", étonnamment mid tempo mais néanmoins très puissant. Cette puissance, cette force découle directement d’une production très riche, d’un son de batterie toujours aussi profond et net, précis. Jorg Michael est tel une force de la nature sur son kit de batterie, redéfinissant le terme « frapper ». La magie et la grandeur émanant de ce titre introducteur est tout bonnement énorme, les claviers ici sont plus en retrait, apportant une ambiance grandiloquente (et magnifique !) plutôt que d’envahir de solos intempestifs des chansons qui n’en demandaient parfois pas tant ("Holy Light", "Forever
Free").
En revanche, ce que l’on retiendra également de
Visions, c’est sa plus grande ressemblance à
Helloween, groupe pour lequel
Timo Tolkki n’a jamais caché son admiration, spécialement envers Micheal Kiske (avec qui il a d’ailleurs collaboré sur son nouveau projet
Revolution Renaissance).
"
Paradise" est en cela déroutant tant le refrain semble sortir de la période si salvatrice ayant vu enfanter les magistraux et cultes "Keeper of the
Seven Keys",
Kotipelto souffrant d’un mimétisme confondant avec le géant allemand, relativement proche de tubes dans la veine de "I Want
Out" ou "Future World", sans jamais parler de plagiat. C’est un esprit que l’on retrouve, une envie et une culture similaire, respirant le même air.
C’est sans doute ce que je reproche à ce disque, ne jamais nous emporter totalement comme ce fut le cas sur "
Episode", car trop souvent raccroché à des éléments extérieurs. La grande beauté et l’importante inspiration ne parviendront pas à émouvoir, à mon grand désarroi.
La ballade "Before The
Winter", splendide, transpirera le même handicap, Timo, en raison de sa voix très technique, n’étant pas encore le plus apte à déverser un panel d’émotions dans ses parties vocales, le tout manquant cruellement de vécu. Ce ne semble en revanche pas le cas de Tolkki, qui nous offrira sur ce titre l’un des plus beaux solos de sa carrière, envoûtant, fluide et imprimé de cette mélancolie typiquement scandinave.
Dans un esprit relativement similaire, l’on pourra noter la très prenante "
The Abyss Of Your
Eyes", aussi splendide que mélancolique, aux arpèges magistraux, à la performance vocale inouïe de beauté et de finesse, aux claviers discrets et n’apparaissant qu’à des instants cruciaux (cette mélodie surplombant le refrain…).
Se terminant dans un long souffle épique donnant son nom à l’album, "
Visions (
Southern Cross)" évoque les
Visions révélatrices et prophétiques du prêtre Nostradamus sur un peu plus de dix minutes.
Très travaillé, ce morceau se veut avant tout un titre similaire au reste, possédant pour seule différence sa longueur, et proposant de nouveau une rapidité légèrement absente du reste, au break mystérieux et froid. On notera également une apparition narrative à deux reprises, apparition faisant aujourd’hui totalement référence à la voix de Christopher Lee apparaissant sur les derniers albums de
Rhapsody of
Fire. Référence anachronique certes, mais dont on peut se demander si la voix si particulière et imposante de Lee ne serait pas à l’origine.
Mais au final, une fois de plus, il manque une certaine magie selon moi. Le son est impeccable, la performance louable, la technique imparable mais l’on ne me fera pas quitter de l’esprit cette impression, ce sentiment d’être passé à côté de quelque chose d’infiniment plus grand et impressionnant.
"
Visions", la référence de
Stratovarius et du speed en général ? Je n’y crois pas…
Certains titres sonnent effectivement comme Helloween, et c'est finalement ce qui m'a poussé à mieux connaitre ce fabuleux groupe... et je ne le regrette pas bordel !!!
Bravo pour ta belle chronique.
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