Chaque groupe sort à un moment donné de sa carrière celui que l’on appelle communément l’album de la maturité ; formulation non dénuée d’un certain cliché et d’une facilité d’expression souvent bien réductrice.
Pourtant, c’est immanquablement le terme qui nous traverse l’esprit lorsque l’on évoque "
Infinite" de
Stratovarius. Déjà huitième opus des Finlandais, "
Infinite" se situe aux confins de toutes leurs réalisations passées mais avec un demi-cran au-dessus dans toutes les catégories. Que ce soit le son, la composition, le feeling ou la prestation technique, tout est décuplé sur cet album sorti à l’orée du troisième millénaire, annonçant de fort belle manière que
Stratovarius n’avait pas fini de faire parler de lui (dans n’importe quel sens du terme !).
Là où "
Destiny" et "
Episode" se démarquaient par des horizons moins synthétiques, "
Infinite" revient à cet aspect plus orienté claviers, plus gai également, sans une once de noirceur. Le son d’une puissance extraordinaire véhicule avant tout un incroyable bien être et une joie de tous les instants, ainsi qu’une force et une vigueur marquées par une vélocité peu commune.
Comme je le disais précédemment, les fameuses batailles rageuses entre claviers et guitares reviennent en force, mais sans jamais tomber dans l’excès de
Visions. Cet élément typiquement scandinave ayant autant influencé
Sonata Arctica et
Nightwish que
Children Of Bodom se découvre dès l’introduction de "
Hunting High and Low" : claviers très présents au mixage, une batterie défonçant le spectre sonore de sa puissance et sa force de frappe (quel batteur ce Jorg !), une basse ronronnant agréablement à nos oreilles (et presque uniquement présente sur les couplets de ce premier morceau) ainsi que ce chant, signé Timo
Kotipelto !
Son nom est devenu synonyme de qualité, d’une technique unique, d’une voix magnifiquement enchanteresse sans oublier ces vocalises de castra que, quoi que l’on puisse dire, très peu son à même de maîtriser et de posséder.
Mais si cet album débute une nouvelle fois sur un mid tempo, c’est pour mieux préparer le terrain devant la déferlante de vitesse qui atteint l’auditeur par la suite, et la puissance dantesque frappant cet opus, sans pour autant tomber un seul instant dans la surenchère ou le trop plein ; au contraire, écouter "
Infinite" se révèle être un rêve éveillé pour n’importe quel amateur de speed mélodique et néo classique.
"
Millenium" "
Phoenix","
Glory Of The World", "
Freedom" ; autant de titres aux riffs ultra speed et techniques mais tellement groovy.
"
Millenium" se démarque par son refrain exceptionnellement puissant et hymnique, et surtout sa partie de batterie frappée d’une main de maître (une performance phénoménale).
Quant à l’enchainement "
Phoenix"-"
Glory Of The World", il est simplement magistral. Le premier débute sur un riff rappelant irrésistiblement "Speed Of Light", les claviers légèrement plus en retrait ainsi que les très nombreuses descentes de toms évoquent leur ancienne discographie mais le break très lourd, au riff affreusement heavy (comme on aimerait en entendre tout les jours) et sec et le refrain très mélodique dévoilent un horizon nouveau et encore peu exploité, celui d’un monde plus progressif ! Quant à "
Glory Of The World", les claviers gagnent de l’espace, la batterie atteint son apogée (à ne plus savoir où donner de l’oreille !), les deux Timo rivalisent d’ingéniosité pour nous faire monter au septième ciel et Jens parvient à créer des solos intéressants sans jamais tomber dans le piège de la démonstration ni devenir stériles.
Mais outre la base musicale classique, "
Infinite" se compose également d’un nombre assez incroyable de chœurs et d’arrangements de toutes sortes, de nappes aussi féériques qu’enchanteresses.
Car si "
Freedom" dévoile à lui seul toute la discographie de
Freedom Call, un morceau comme "
A Million Light Years Away" se veut une des plus belles chansons jamais composées par le groupe sans pour autant être une ballade.
Mais la magnifique ligne de clavier, presque électronique à certains moments (très léger cette impression !), le refrain tout en puissance mais immédiatement identifiable entre mille, sans compter le solo virtuose et hautement fluide font de AMLYA une des pièces maîtresses de l’album tout en étant la plus mélodique et la moins représentative de la puissance de l’opus.
Quant au génialissime "
Infinity", il se passe de commentaires. Il symbolise la perfection absolue que n’atteindra plus jamais Strato par la suite, la longue quête de toute une carrière compressée en neuf minutes aussi jouissives que riches et magnifiques.
S’ouvrant sur une partie de batterie non masterisée de dix secondes, l’explosion se réfère à la découverte d’un monde que l’on cherche désespérément depuis si longtemps, l’infinie beauté d’un metal mélodique s’étant accouplée avec le ciel pendant de furtives mais existantes minutes. Les orchestrations sont d’une ambition que même
Nightwish n’avait tentée à cette époque, les chœurs sur le refrain semble aussi solennel que le cortège angélique d’un paradis retrouvé, tandis que l’ange
Kotipelto y tire sa plus impressionnante révérence, splendide et laissant sans voix.
Quant à la vitesse, le tempo reste résolument rapide pendant ces longues minutes que l’on voudrait ne jamais s’entendre finir, déchirantes de sensibilité sur les parties à la guitare clean accompagnée par la seule voix de Timo, avant un déchainement de solo lacérant le rideau symphonique dressé par un Jens au sommet de son art.
Au final, que dire sinon que ce disque restera gravé dans l’histoire du groupe, de la Finlande et du speed en général. Mais paradoxalement, malgré sa grande exigence et sa perfection presque atteinte, "
Infinite" se veut également très facilement abordable, tant par le metalleux que par un individu peu ancré dans cet univers musical. A la fois ultime pour le perfectionniste que parfait pour le novice…un novice qui deviendra par la suite très capricieux. Le gage de commencer par la crème de la crème !
LE plus majestueux, speed, puissant et néanmoins beau (ce A Million Light Years Away est une merveille) et très accessible.
Le meilleur de Strato tout simplement!
Merci!
Bonne chro au passage ;)
Merci pour la chronique.
Sans être archi fan, je retrouve un peu mon ressenti dans ton texte. Le bémol, c'est la batterie. Je ne suis pas fan du style de jeu proposé sur les morceaux les plus rapides.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire