Un album éponyme est, il est vrai, toujours un chapitre important de l’histoire d’un groupe lorsqu’il ne s’agit pas d’un premier opus.
Que ce soit
Metallica,
Strapping Young Lad, Motley Crue,
After Forever ou encore
Paradise Lost, tous ont accouché d’un album éponyme dans des conditions particulières, et ce dernier marque toujours une situation, un nouveau départ ou un nouveau line-up.
Stratovarius signe donc avec son douzième album une renaissance humaine, un nouveau départ du point de vue du line-up mais en aucun cas musical. A notre grand désarroi !
Car si
Stratovarius a affiché depuis toujours les lettres de noblesse d’une musique virtuose, très rapide, aux parties vocales impressionnantes de mélodicité et de technicité, ainsi qu’aux solos aussi démonstratifs que scotchant, tout ceci était bien avant la grande dépression dans laquelle tomba le mentor et compositeur des Finlandais, évidemment le guitariste
Timo Tolkki.
Suite à la pendaison de son père dont il eut énormément de difficultés à accepter la véracité, Tolkki aura subi plusieurs opérations psychologiques ainsi qu’une excursion de l’autre côté des murs en blanc.
Les tensions accumulées entre les membres du groupe, lors des très longues et trop nombreuses tournées, auront alors trouvé la meilleure excuse pour littéralement exploser à la figure d’un homme déjà profondément atteint et affaibli, provoquant, pour un temps, la dilapidation pure et simple de
Stratovarius, Timo
Kotipelto (chant) et Jorg Michael (batterie) ayant quitté officiellement le navire début 2004.
Mais ce fut sans compter sur l’acharnement de
Jens Johansson (claviers), alors en tournée avec
Kotipelto qui le poussa à tendre la main à cet homme à terre, qui avait, contre toute attente, déjà composé de nombreux morceaux (le futur album éponyme) et étant dans son studio d’enregistrement pour enregistrer les parties de batterie d’un Jorg finalement de retour parmi les siens.
Malgré des rancœurs dorénavant très profondément ancrées en lui, le contact fut renoué et les deux Timo acceptèrent de collaborer une nouvelle fois ensemble, le vocaliste disant avoir été subjugué par les nouvelles compositions de son ami, très différentes du passé mais correspondant parfaitement à ses attentes depuis si longtemps.
Malgré une bonne humeur que l’on doutait encore de façade (le documentaire présent sur l’édition digipack de l’album est très représentatif je pense, Timo
Kotipelto parlant du guitariste par son nom et non son prénom, comme un étranger !), "
Stratovarius" envahit les bacs le 5 septembre !
Le choc qu’il infligea fut sévère…et dur à encaisser !
Si le clip très sombre et basé sur l’insomnie de "
Maniac Dance" avait permis d’apaiser un tant soi peu la faiblesse musicale du titre, l’ampleur des dégâts est affligeante lorsque l’on se retrouve privé du si indispensable format vidéo.
Une introduction étonnamment ridicule formée d’un enchainement de sonorités de claviers qu’un gosse de trois ans composerait (je sais, c’est voulu…c’est ça le pire !), un riff de base plat et bien loin de la vitesse fulgurante d’un "
Father Time" ou "
Eagleheart", un clavier absent (quelques nappes inaudibles !), un son de batterie que l’on n’avait pas entendu si plat et manquant de relief (et de patate, mon dieu, quand je pense à "
Infinite" !) depuis The "
Fourth Dimension" (ça ne nous rajeunit pas hein ?).
La vraie démarcation se situe au niveau strictement musical : plus de descentes de manches de folie incroyablement jouissives ("Speed of Light" !), plus d’orchestrations monstrueuses de puissance et d’intensité ("
Infinity"), ni de ballades magnifiques de beauté ("The
Million Light Years Away") ou de mid tempi (enfin si !) dévoilant une grande puissance ("
The Kiss of Judas").
Bref, il faut vérifier sur la pochette pour se persuader qu’il s’agit bien de
Stratovarius sur le disque, car hormis le chant de
Kotipelto, les différences sont si grandes, et malheureusement dans le mauvais sens du terme, que la déception est immense.
Car hormis le magistral "Back To Madness", s’ouvrant sur une magnifique et très mélancolique ligne de piano et de violon, puis laissant apparaître un riff simple mais poignant, l’album ne brille pas par ses perles.
Pourtant, sur ce titre, on dénote un
Kotipelto n’ayant probablement jamais été aussi émouvant, n’ayant jamais autant pris aux tripes car utilisant son extraordinaire voix avec parcimonie et non plus comme un déballage de technique aujourd’hui inutile. L’intervention d’un ténor au milieu du titre parachèvera de la transformer en une véritable pièce d’art, à la fois noire et artistique, où le piano occupe une place prépondérante et dramatique. Un solo aussi splendide que pudique dévoilera ce que
Timo Tolkki voulait exprimer à travers son album, à savoir une musique plus brute et sincère, mais transcendée uniquement sur ce titre envoutant.
Car si les speed "
Fight !!!" ou "Gipsy In Me" nous laissent en des mains plus connues où claviers et guitares se taillent la plupart du spectre sonore, tout parait trop fade pour toucher, la production brute parait étonnamment aseptisée lors des passages très peu convaincants du magicien Jens.
"Götterdämmerung (Götterdämmerung Of
Power)" marquera le summum de la médiocrité présente sur ce disque, notamment sur la fin du morceau. Il laisse de prime abord envisager beaucoup de bien, grâce à une grâce semblant revenue mais toujours teintée d’une effroyable noirceur (bienvenue) véhiculée à travers des claviers presque électroniques et une brume sonore intéressante. Mais le riff à la
Metallica d’une platitude extrême massacre ce qui aurait pu être grandiose, car ce sont bien ces riffs lors des couplets plats, vides et sans saveur qui gâchent une atmosphère pourtant recherchée. Quant au final, il utilise de manière incroyablement bancale et honteuse la répétition pendant près de deux minutes du refrain, effet de style hypnotique et aliénant chez
Meshuggah mais soporifique chez
Stratovarius (le passage du discours d’Hitler, élément pourtant très intéressant, est une nouvelle fois très mal utilisé !).
Alors, avant que la rancœur ne gagne également nos cœurs, nous pourrons sauver le sensible mais trop court "The
Land Of Ice
And Snow", véritable ode à la beauté sculpturale de la Finlande retrouvant lors d’un éphémère moment la douceur d’un groupe ayant jadis fait partager tant de sensations. Et si le final "
United", hymne à une unité hypocrite du groupe, n’est pas mauvaise car également plus proche du Strato d’antan, il semble bien trop tard pour nous émerveiller.
Stratatovarius a été grand, et restera dans les mémoires comme un géant d’une culture musicale aussi virtuose que magnifiquement belle. Ses anciens albums resteront les vestiges d’un temps semblant appartenir dorénavant au passé.
Je ne possède pas tous leur albums (Elements pt II manque à l'appel!) donc je ne pourrais te dire sur celui-ci mais je te suis sur le fait que les vocaux haut perchés de kotipelto devenaient lassants à la longue, mais la rupture stylistique est trop forte je trouve, et pas grandiose non plus.
Je comprend que tu aimes cet album, mais penche toi sur "Episode" et "Infinite", deux opus irréprochables du groupe, leur deux meilleurs selon moi!
Tu écris : l'auto-censure et la concession ne font pas partis de moi...oui , peut-être aujourd'hui...mais demain , qui sait ? Il est facile de l'écrire , moins facile de l'appliquer...
Toutefois , Une chronique claire et précise , qui nous remet bien dans le contexte de l'enregistrement de ce disque . Si tes articles sont souvent assez longs et parfois un peu compliqués ( dans les termes utilisés ) , celle-ci est équilibrée et témoigne même d'une certaine "émotivité" , et c'est tout à ton honneur...
@Vinterdrom : Bisounours en sucre d'orge dégoulinant de caca nerveux...MetalOursonne ne fait pas partie de ces hordes , crois-moi...et moi non plus
Merci Eternalis
Glad.
Je vois que finalement beaucoup de monde aime cet opus, ce qui me surprend vraiment...je n'aurais pas cru!
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