A travers le temps et les années,
Machine Head est devenu l’égal d’une institution dans le domaine du power thrash.
Lors de cette année
1994, relativement importante pour le metal car ayant vu l’arrivée de
Korn (qui, malgré la médiocrité de sa musique et de sa carrière, fut très importante pour la renaissance du style auprès des plus jeunes), allait sortir un disque qui allait marquer au fer rouge le monde underground de la scène américaine et urbaine, j’ai bien sur nommé le cultissime "
Burn My Eyes".
Mais des années de vaches maigres ainsi qu’une orientation musicale pas toujours frappée du dieu du bon gout lui auront fait perdre le statut de leader que les américains avaient acquis à la sortie de "
No More Things
Changes". Et même si "
The Burning Red" comporte quelques morceaux très intéressants ("
From This Day", "
Desire to
Fire"), sa trop grande inégalité est très loin de faire de lui un album important de la carrière du groupe. Quand à
Supercharger, les virulentes critiques qui accompagnèrent sa publication furent les meilleures réponses d’un public déçu de voir tant de talent partir en fumée.
C’est donc contre toute attente que ce cinquième album "
Through The
Ashes Of
Empire" aura collé une bonne claque dans la gueule à une horde de fans ayant sans doute enterrée un peu trop tôt la bande à Rob Flynn.
Les innovations ? Très peu dans le fond mais une inspiration retrouvée dans la forme, un son d’une épaisseur jamais vu pour le groupe, un vocaliste plus hargneux qu’à ses débuts encore, un nouveau guitariste en la personne du virtuose Phil Demmel qui, s’il ne prend pas encore beaucoup de place sur cet opus, marque déjà de son empreinte certains titres dont le génial "In The
Presence Of My Enemies" de ses solos encore très peu exploités avant son arrivée.
Le bulldozer formé par Adam Duce à la basse et Dave Mc Clain à la batterie au poste de section rythmique est rodée de chez rodée, et nous assène de plans aussi alambiqués que très efficaces et de nouveau taillés pour le live (les morceaux des deux précédents albums étant plutôt faiblards en concert). Il n’y a qu’à écouter "
Imperium" pour s’en convaincre, le morceau m’ayant personnellement fait connaître le groupe.
Le riff incroyablement épais d’ouverture, ce beat de batterie, cette montée en puissance autant progressive que destructrices sur laquelle vient se greffer de plus en plus d’éléments, jusqu’à l’arrivée de ce riff vicieux et puissant et surtout de ce hurlement de Rob qui nous fait bien comprendre que l’on va passer un grand moment.
Les nombreux sonars sont enfin de retours, la production surpuissante nous colle au mur tandis que les descentes de tomes s’enchaine à une vitesse folle. Mais c’est également la performance de Rob qui surprend car, en plus d’avoir transfiguré son chant hurlé (bien plus gras et agressif !), ses parties mélodiques sont enfin chantées, et non plus simplement murmurées, un chant juste qui trouvera sa forme définitive sur un morceau comme "
Now I Lay Thee Down" de "
The Blackening".
Mais "
Through The
Ashes Of
Empire" déploiera également des atmosphères plus fusion, héritage de "
The Burning Red", notamment le fantastique "Left Unfinished", aux allures que n’aurait pas renié un
Incubus dopé aux amphétamines (particulièrement du côté des arpèges de grattes sifflantes) et aux vocalises sans doute un peu plus rappée, mais tellement emplie de feeling et de rage.
Une rage qui deviendra noirceur sur le très sombre et beau "
Days Turn Blue to Gray" (le clip filmé pour cette chanson est simplement superbe et poingnant) traitant de l’enfance même du leader de
Machine Head.
Une mélancolique ligne de basse ouvre le bal avant de voir s’effondrer sur l’auditeur un riff aussi épais qu’écrasant. Mais la teinte de ce titre sera résolument désespéré et mélancolique, Rob n’ayant jamais fait passé autant d’émotions à travers sa voix. Une mélodie lympide viendra couper le morceau en deux, puis le chant clair superbe de Rob se posera sur une atmosphère à la fois nostalgique et triste, même si la rage n’est jamais loin, comme le prouve cette attaque vicieuse de Dave à la fin de la chanson, déboulant sans que l’on s’y attende.
Mais malgré la qualité de ceci, l’album ne peut pas encore se targuer de tenir sur toute la longueur, certains titres paraissant anecdotiques face à ceux susnommés. Le très inspiré par
Pantera "Vim", le fade "Wipe The Tears" ratant ici son incursion neo ou l’inégal "
Elegy", sorte de fouillis de riffs sans cohérence donnant un titre agressif mais sans âme.
Mais le final "
Descend The Shades of
Night", premier de la série des longs titres, termine l’album sur une note épique et très progressive, particulièrement impressionnante en live. De son intro acoustique découlera une succession d’accélérations et surtout un Rob hurlant comme un damné, comme rarement le thrash l’a fait ses dernières années.
Marquant à la fois le retour au premier plan de
Machine Head et l’arrivée du guitariste qui allait enfin permettre au groupe d’aller plus loin dans l’élaboration de leur morceaux, "
Through The
Ashes Of
Empire" reste, malgré quelques maladresses, un de ses albums que l’on écoutera avec plaisir. Un très bon disque, à défaut d’être génial, mais qui permettra à tout bon fan de métal au sens stricte du terme, de se déplacer les cervicales. Et on connaît la suite…
La vraie suite de Burn MY eyes et More Things Change, agressive et enrichie de passages acoustiques et mélodies vocables superbes. Le tout sans renier la période Néo. Bref ,un album qui synthétise toutes les qualités de M.H. Bonne chronique même si le jugement sur Korn est a mon avis inutile et injuste.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire