En cette année
1994, le Thrash
Metal n’est pas au sommet de sa forme. L’avènement du Death quelques années auparavant lui a porté un coup sévère et ce style a été un peu ringardisé par
Morbid Angel,
Pestilence et consorts. Mais le Death
Metal aussi subit en cette période le retour de balancier de son succès et la profusion de groupes, dont certains de qualité moyenne commencent à lasser l’auditeur.
C’est alors que débarque
Machine Head et son
Burn My Eyes qui scotcha beaucoup de monde au mur cette année là (comme dirait Claude François). Attention ne cherchez pas ici de similitudes avec
Slayer et
Dark Angel il n’y en a quasiment pas.
En effet
Burn My Eyes lorgne plutôt vers ce que l’ont pourrait appeler du
Power Thrash. Le leader du quintette Rob Flynn a pourtant évolué dans des groupes plus « old-school » comme Forbidden et
Vio-lence mais il a justement quitté ce dernier pour pouvoir (dixit lui-même) jouer des riffs qui ne convenaient pas à
Vio-lence.
Dans tous les cas il s’est entouré de musiciens chevronnés pour cette aventure : Adam Bunce à la basse, Logan Mader à la guitare et le puissant Chris Kontos à la batterie. On rajoute Colin Richardson à la production et on obtient une bombe.
En effet le son est gigantesque et dépasse tout ce qui avait été fait en la matière jusqu’ici, dans la veine d’un
Far Beyond Driven de
Pantera (pas que pour le son d’ailleurs) surboosté.
Côté musique
Davidian frappe très fort d’entrée et l’efficacité des riffs couplé aux parties vocales surpuissantes de Rob Flynn sont un régale.
Sur plusieurs titres les guitaristes usent et abusent des sonars (159 rien que sur l’intro de None But My Own, je m’étais amusé à les compter à l’époque) et des effets dissonants et samples (Real
Eyes Realize Real
Lies) qui font ressortir le côté original et moderne du groupe.
Cependant puissance est bien le maître mot ici, les riffs sont d’une lourdeur sans précédent (
Davidian) et Chris Kontos sait jouer à merveille de sa double pédale, il n’y a qu’à écouter les parties finales de None But My Own et surtout A
Nation of
Fire pour s’en rendre compte.
Comme souvent sur les albums qui ont marqué leur temps, l’intensité ne faiblit pas et les morceaux sont suffisamment variés pour ne pas ennuyer son monde : on passe de la brutalité pure de
Blood on
Blood à des choses plus posées où l’ami Rob pose un peu de chant clair (I’m Your
God Now) jusqu’à finir par le onzième et dernier titre : Block, qui porte plutôt bien son nom et termine l’album comme il avait commencé avec un pavé en pleine figure.
Avec
Burn My Eyes Machine Head a fait exploser à la face du monde son Thrash « new-school » et les hits que sont
Davidian,
Old ou The
Rage to
Overcome ont montré la voix à une flopée de groupes :
Skinlab,
Pissing Razors,…etc.
Par contre je ne vais pas rentrer une fois de plus dans la polémique : « est-ce bien du Thrash où pas ? », je vais juste prendre plaisir à réécouter le varié et puissant A
Nation on
Fire, l’entraînant The
Rage To
Overcome, le dévastateur
Blood for
Blood ou le hit absolu
Davidian sans me poser de question et savourer. J’encourage tout le monde à en faire autant d’ailleurs.
BG
Avec "Burn my eyes", on a l'impression d'etre devant une terrible force de la nature, un godzilla primordial né du chaos et de la folie des hommes.
Machine Head ne parviendra jamais à renouveler l’exploit initial, comme si le groupe avait tout donné dans son premier album, toute sa créativité, sa rage, sa volonté de percer, de tuer.
Les plus belles œuvres sont souvent les plus spontanées, les plus dépouillées, le premier jet pris sur le vif, capture la quintessence de l’art.
Celui de Machine Head, savant mélange de puissance et de calme nourri de colère et de désespoir est assurément un art guerrier maîtrisé à la perfection.
Un album violent, intense, prenant, à ranger auprès des classiques du trash de Slayer, Pantera, voir Sepultura et à écouter en prévision d’une journée particulièrement pénible afin d’ y puiser l’énergie nécessaire pour faire face.
Critique complète sur mon blog https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2021/02/burn-my-eyes-machine-head.html
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