En
1994, lorsque explose la torpille
Burn My Eyes, le Death domine la scène
Metal et le Thrash a du plomb dans l’aile. Pourtant, le groupe d’Oakland, alors inconnu, met tout le monde d’accord avec son
Power Thrash radical. Néanmoins, si l’on doit délivrer à
Machine Head la médaille du meilleur premier album de la décennie, cette médaille a immanquablement un revers et le groupe en fera les frais 3 ans plus tard à la sortie de The
More Things Change… L’album étant systématiquement décrit comme un
Burn My Eyes bis », en moins inspiré.
Le groupe est, à l’époque, bien décidé à enfoncer le clou, Kris Kontos a été remplacé, pour quelques raisons d’incompatibilité d’humeur (c’est le guitariste sautillant Logan Mader qui fera les frais du caractère bien trempé de Flynn l’année suivante) par Dave McClain, débauché de chez
Sacred Reich.
The
More Things Change propose un
Power Thrash sombre et dynamique, un monument bâtit de riffs typiques de
Machine Head, ronds, simples mais incroyablement efficaces. Robb a un don de mélodiste incomparable, les compositions sont rarement linéaires dans leur construction, émaillées de breaks et d’accélérations dévastatrices. Certains ont déploré l’inertie de titres qui peinent à démarrer ; pour ma part j’ai toujours apprécié chez
Machine Head ces longues montées en puissance et en pression qui caractérisent la plupart des morceaux (comme sur Violate).
Parfaitement exploitées, les guitares plombées se montrent lourdes et puissantes, avec toujours ce son hyper saturé, parfois à la limite du Larsen. La section rythmique, basse claquante et très présente épaulée par une batterie ultra précise, fait carrément mal. Si McClain n’a rien à envier à son prédécesseur en terme de technique ou de rapidité, force est de constater qu’il n’a pas le feeling génial de Kontos. Il n’en abat pas moins un boulot remarquable. Le timbre rauque, rageur mais mélodique de Flynn qui s’essaie parfois au chant clair (avec plus ou moins de bonheur il est vrai ) colle parfaitement au reste.
Toujours inspiré par la violence urbaine et quotidienne, les influences Hardcore se font plus présentes sur certains morceaux (Struck a
Nerve, Bay of the Pigs), cette atmosphère poisseuse se retrouve également dans certaines ambiances extrêmement sombres, glauques et dégoulinantes à souhait (à l’image de la pochette en somme…), comme l’angoissante
Blood of the Zodiac ou
Down to None où le tempo ralenti un temps pour se faire plus écrasant. Mais le fond de commerce de
Machine Head se sont toujours les titres Thrash bien speedés (l’hymne
Ten Ton Hammer et son accélération monstrueuse ou encore
Take My Scars).
La production assurée par Colin Richardson est irréprochable (comme d’habitude serais-je tenté de dire) et rend parfaitement justice aux compos. Le son est puissant, groovy, agressif, les guitares sont abrasives et justice est rendue au duo basse / batterie, parfaitement mis en valeur.
Oubliant ma résolution à ne pas tenir compte du spectre de
Burn My Eyes, je jette un rapide coup d’œil en arrière, The
More Things Change est certainement un peu moins inspiré que son mythique prédécesseur, il se montre moins immédiat, moins urgent… Mais il est également moins linéaire, les ambiances y sont plus développées, et il est dans l’ensemble plus brutal et plus sombre. Mais soyons clair, on en reste très, très proche.
Ouvert par le trio d’anthologie
Ten Ton Hammer / Take My Scar / Struck a
Nerve (
Burn My Eyes démarrait également très fort) devenus des classiques et incontournables en live, il est vrai que sur la longueur l’album s’essouffle un peu et aurait gagné à être écourté d’un ou deux titre.
Notons finalement la présence en bonus du titre Colors, reprise d’Ice-T à la sauce
Machine Head et surprenante réussite collant à l’esprit d’ensemble de l’œuvre.
A mes yeux, The
More Things Change est un peu le South of
Heaven de
Machine Head en ce sens qu’il se trouve chronologiquement à une place délicate dans la discographie du groupe et est inlassablement desservi par la comparaison à l’œuvre majeure qui le précède. Que serait-il arrivé si The
More Things Change était sorti en 94 et
Burn My Eyes en 97 ? Il y a fort à parier que, le second ayant été vénéré comme il se doit, le premier aurait eu la reconnaissance qu’il mérite. C’est cet état de fait qui conduira également
Machine Head à tenter autre chose dans le futur et à nous infliger
The Burning Red et
Supercharger. Mais en 1997, Le combo règne sans partage ; inspiré par les seigneurs du genre,
Machine Head a su dès son premier album créer son son, sa patte et se positionne dès lors en très redoutable outsider…
Le morceau d'ouverture "Ten Ton Hammer" débute parfaitement l'album, un titre d'une puissance incroyable et moderne qui ne prend pas une ride. Le second titre "Take My Scars" en rajoute une couche, son refrain est encore plus dynamique et accrocheur, surtout en live...
Que dire aussi de la montée en puissance des tueries que sont "Down To None", "Spine" et le magnifique "Violate".
Avec "The More Thing Change" Machine Head sort un très bon disque de Thrash/Hadcore moderne et puissant !
Note: 17/20
Un album qui s'en sort plutôt pas mal. C'est sûr qu'il est bien moins bon et convaincant que son prédécesseur, l'excellent et terrible Burn my Eyes, mais l'album comporte son lot de bonnes chansons avec ses riffs explosifs, ces breaks de dingues et ses influences hardcore, bref tout ce que j'adore de chez Machine Head. Mais il est vrai que le disque s'essouffle un peu au bout d'un certain temps, à cause d'une série de chansons peu inspirées.
The More things Change reste un bon successeur à Burn my eyes, un disque puissant et violent, mais sans jamais l'égaler.
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