Ce n’est un secret pour personne, la stabilité apporte indéniablement une cohérence dans une formation, un surplus artistique qui marque une entente entre les membres accumulés par les concerts et les enregistrements.
Le monde métal est relativement réputé pour les multiples changements de personnel de ses groupes, dû la plupart du temps aux divergences musicales et conflits d’opinions entre têtes pesantes.
Firewind fait partie de ces groupes qui, en peu de temps, ont déjà connu de très nombreuses modulations de line up, à commencer par trois chanteurs en cinq albums. Mais force est d’admettre que les grecs, qui enregistrent pour la première fois de leur carrière deux opus d’affilés sans changement, semblent avoir trouvé la formation idéale.
Le nouveau né, baptisé "
The Premonition", se veut plus cohérent, plus mature et probablement plus construit autour du groupe, et moins de l’unique individualité du virtuose
Gus G, guitariste de son état et compositeur émérite ayant déjà vu passer de nombreuses formations sous son génial poignet (
Arch Enemy,
Nightrage,
Dream Evil…).
On sent bien que du power métal essentiellement basé sur les riffs et la guitare,
Firewind a su évoluer en un véritable groupe au vivier d’idées plus dense et varié, afin de ne pas s’enfermer dans une case trop caricaturale. Et afin de se démarquer, Apollo Papathanasio (je hais les grecs !) était surement le meilleur chanteur possible, loin des stéréotypes que véhiculaient ses illustres prédécesseurs.
Mariant de mieux en mieux cette mixture indéfinie entre heavy, thrash et hard mélodique,
Firewind nous livre une offrande prenant la forme d’un aboutissement dans sa carrière.
Tout les éléments semblent au maximum, la production, si elle n’a pas réellement évoluée, parait au plus juste, et la composition pure s’écarte des pièges de la masturbation soliste dont nous abreuvait parfois Gus (quoique très rarement car possédant un talent inné pour la mélodie).
Cependant, c’est avec une légère appréhension que le disque débute. Cette introduction acoustique, épique, n’évoque-t-elle pas le culte "
Battery" de
Metallica ? Allons-nous sombrer dans un plagiat facile ?
Il n’en sera rien, le riff arrive, et clou sur place. Rythmé par le métronome Mark
Cross à la batterie, Gus distille dès le début un solo dont il a le secret et Apollo réalise une entame vocale plus agressive qu’à l’accoutumé, rappelant ses travaux de
Time Requiem. Le refrain, énorme et jouissif, se cale dans un coin de l’esprit, tandis que la batterie martèle une rage peu commune chez le combo.
Bob Katsionis impose quelques incartades synthétiques, très légères, renforçant paradoxalement la puissance brute du morceau. Les notes s’envolent, divinement, mêlant guitares et claviers dans une symphonie de fluidité magnifique, que l’on écoute admirateur. Mais la rythmique reste martiale, tribale et thrash, sans relâcher son étreinte.
L’album ne pouvait mieux commencer que par "Into the
Fire".
Alors certes, on pourra affirmer que "
The Premonition" ne révolutionne rien, mais le heavy pur peut-il être révolutionné ? Ce serait étonnant…mais
Firewind parvient simplement à la transcender, que demander de mieux. Sans compter que posséder un tel gratteux, débitant perle sur perle (le solo de "My Loneliness" est absolument sublime), n’est pas à la portée de tous, idem pour le claviériste et son niveau on ne peut plus extraordinaire.
Du très mélodique mais rafraichissant "
Head Up High" (très positif), où Apollo démontre tout son talent pour écrire des mélodies immédiatement identifiables, au rageur "Remembered" (et son intro thrash jouissive) en passant par le plus syncopé "The
Silent Code", au travail énorme de Mark
Cross, tout semble taillé pour le live. Respirant l’authenticité et la noblesse, l’art de
Firewind n’en devient que plus aguichant lorsqu’il s’attaque au tube planétaire "
Maniac" tiré du film Flashdance.
A l’instar d’
Avantasia,
Adagio ou
Raintime reprenant Abba ou autres Michael Jackson,
Firewind s’attaque à un mythe pop et le revigore à coups de soli et de riffs tranchants, sans complètement les dénaturer. Le refrain reste reconnaissable, et on se plait à se tordre le coup sur ce « She’s
Maniac !! » hymnique ne demandant qu’à exploser les scènes de concerts (le groupe le jouera régulièrement sur sa tournée).
On terminera sur un single qui deviendra probablement un indispensable des concerts en la présence de "
Mercenary Man", ultra mélodique mais tellement bien interprété. Cette voix, gorgée d’effets bonifient le résultat et la rende encore plus accrocheuse, très typée grand public mais faisant preuve d’une grande finesse d’interprétation. L’aspect hard rock, plus discret que sur
Allegiance, refait surface ici, dans un riff simple et ample, ainsi que dans un solo très vintage repris en chœur avec le clavier.
Sans rien démontrer de fondamentalement exceptionnel,
Firewind peaufine son art, l’agrémente d’infimes éléments, l’enrichie constamment afin de ne jamais stagné. Maintenant, c’est avec un peu d’exigence que nous demanderons, pour l’opus suivant, l’ultime chef d’œuvre qui leur tend les bras depuis quelques temps déjà, et qu’il nous tarde d’entendre. Ils en sont capables…le meilleur est à venir, à n’en pas douter !
L'attente est trop longue jusqu'en Octobre...
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