Firewind. Qui aurait dit qu’ils en seraient là où ils en sont aujourd’hui à l’orée de leur création ?
Fondé par le très occupé
Gus G, architecte de
Dream Evil ou
Nightrage, récemment embauché à court terme dans
Arch Enemy pour le remplacement de
Christopher Amott,
Firewind ne semblait être qu’un énième projet d’un jeune guitariste surdoué.
La différence se situait dans la composition, pour la première fois, il était seul aux manettes, et officiait dans un registre power métal bien moins agressif que dans ses autres participations.
Officiant originellement dans un heavy très traditionnel (le premier chanteur Stephen Fredrick possédait un timbre on ne peut plus traditionnel),
Firewind se démarquait par sa technique soliste. Gus n’est évidemment pas un gratteux à la portée de tous, et ses envolées guitaristiques et solistes avaient de quoi mettre à genoux nombre d’apprentis en herbe (on se souvient de l’immense et ultime "The
Fury and the
Fire" sur "
Burning Earth").
Mais le temps passa, un second chanteur arriva, puis partit très rapidement, et la renommé se fit attendre. Etrangement. Que manquait-il aux grecs pour décoller ? Le petit truc en plus…
Faisant aujourd’hui partie du géant
Century Media,
Firewind possède enfin les moyens de ses ambitions, et Gus et son capitaine
Bob Katsionis (claviériste mais également guitariste sur scène) enregistrent leur quatrième opus dans un Fredman archi populaire. L’arrivée de la machine de guerre Mark
Cross (ex
Helloween) derrière les futs, du chanteur Apollo Papathanasio (et simple à écrire qui plus est !) et une campagne de publicité adroitement menée par les professionnels de leur nouveau label auront tôt fait de forcer un destin amplement mérité.
"
Falling to Pieces", premier single, semble très clair, le nouveau
Firewind est catchy à souhait, technique et puissant. Sous couvert d’une intro déjà culte (évoquant le magnifique "Carry the
Cross" de
Arch Enemy, joué sur la tournée auquel Gus à fait partie…), Apollo distille des vocaux très amples et mélodiques, presque fm sur le refrain, tandis que les claviers rendent le tout encore plus accessible, sans jamais aseptisé l’ensemble. Il semble que le groupe ait enfin trouvé la formule magique entre catchy et commercial, car la musique ne perd rien au change, tant sa richesse semble décuplée.
S’ouvrant sur deux bombes atomiques, "
Allegiance" démontre un savoir faire impressionnant, mixture et osmose entre mélodies heavy, riff quasi thrash dans leur agression première et vocaux soft touchant au hard rock. Le premier titre éponyme pose un riff énorme et rugueux jouissif, se faisant rapidement rattrapé par des claviers songeurs, en nappes, rappelant les premières heures de
Symphony X. Et toujours ces solos…
Gus G, en plus d’être un technicien quasi parfait, sait également faire preuve de son talent avec intelligence, sans étalage inutile de notes, et gardant toujours une approche mélodique faisant toute la différence avec de vulgaires amateurs de shred (il possède un esprit et un jeu similaire à celui de
Kiko Loureiro par exemple).
Car écouter un titre comme "
Insanity" sans se mettre à genoux devant ses déferlantes de notes relève de l’hérésie. Apollo se fait plus rageur sur l’intro, très incisif, tout comme cette volée de solos proprement jouissive dès le premier couplet terminé. Une certaine folie s’immisce dans cette composition semblait rire de toutes conventions au niveau de sa structure. Clairement façonné pour le live, "
Insanity" déclenche un headbanging excessif à vous tordre les clavicules définitivement, tout en imposant un refrain très mélodique et chantant, pouvant être repris très facilement. Bob se fait soliste également, les claviers étant mixés de manière très tranchante et moderne.
Dans l’absolu, "
Allegiance" fait preuve d’une variété à toute épreuve, passant allègrement de style en style avec une habileté forçant le respect et témoignant d’une expérience accumulé avec le temps (Apollo est l’ancien chanteur de
Time Requiem et
Majestic). Si
Firewind ne révolutionne rien, il apporte une alternative intéressante entre les groupes très conservateurs et ceux plus techniques, voir progressifs.
"Ready to
Strike", au feeling purement hard rock, ou le final "Where Do We Go from Here?" auraient pû être composés plusieurs dizaines d’années avant tant ils respirent une énergie en partie perdu par la scène actuelle, une énergie sentant bon la sueur et les répétitions, le zeste de modernité apporté par la complexité des solos du technicien hors pair qu’est Gus (celui de "Ready to
Strike" est splendide).
"Till the
End of Time" tente une incursion dans le pur speed à la
Helloween, registre dans lequel
Firewind excelle également, avec une maitrise presque insouciante et impertinente. Basé sur un rythme effréné, le tempo décélère sur un refrain jouissif marqué par une mélodie hallucinante en superposition du chant. Les quelques chœurs plus brutaux (héritages de
Nightrage ?) et la rythmique très heavy achève de transformer ce morceau en culte de leur répertoire.
Culte que ne sera pas le pourtant single "
Breaking the Silence", faute à un duo bancal entre une inconnu prénommé Tara. Non pas que la composition soit mauvaise mais l’échange ne se fait pas, sa voix ne collant pas au registre du morceau. Sorte d’imitation chantant presque faux d’une
Floor Jansen, le titre est une déception lorsque l’on écoute l’intro. Un titre surfait, tout sauf naturel selon moi…
Mais que dire de plus ?
Allegiance s’adresse principalement aux fans du genre, et offre le meilleur que ce que le style a à donner, sans pour autant être calibrer. C’est d’ailleurs ce que l’on retirera de ce disque et de son successeur ; qu’il est possible de jouer une musique accessible, catchy et mélodique sans pour autant faire de concession artistiquement parlant. Car
Firewind est tout sauf un groupe faisant ça pour l’ultime rançon de la gloire, les albums sentent la passion…et ça fait toute la différence. Une différence manquant cruellement dans la musique…et de plus en plus…
L'album "Premonition" est une bombe , également .
Glad.
Merci pour la chro.
Je pensais en apprendre un peu sur Tara, c'est raté :-)
J'ai pas trouvé qu'elle chantait mal ou faux sans pour autant que le titre soit une merveille.
En revanche, j'ai compris en écoutant "Ready to strike" ce qui a pu pousser Ozzy à recruter l'ami Gus G!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire