20 ans : c’est le temps qu’il aura fallu pour les Californiens de
Korn pour véritablement revenir aux sources d’un neo glauque, chaotique et tranchant,
Issues ayant marqué la fin de cette épisode. L’épreuve n’a pas toujours été facile, le quintuor ayant vécu sur des vagues différentes : entre récompenses (album éponyme,
Life Is Peachy,
Issues), expérimentations (
Untouchables,
See You on the Other Side) et méconnaissances (
Untitled,
The Path of Totality), nos musiciens n’ont cessé d’être critiqués et moqués par leurs essais.
Néanmoins, la sortie de
The Paradigm Shift et de
The Serenity of Suffering, respectivement en 2013 et 2016 ont offert au groupe une seconde jeunesse et de bonnes perspectives à une renaissance presque inespérée. Black
Labyrinth, l’album personnel de Jonathan Davis a également permis au frontman de la formation à retrouver une certaine haine et une certaine désolation qui semblait perdu depuis des années. Et
The Nothing, nouvelle galette des Californiens, n’est qu’une confirmation de ces bonnes impressions. Retour sur un album honnête et profond.
Tout démarre par quelques notes de cornemuse presque insignifiantes. La voix de Jonathan est perçante, pleurnichante, douloureuse. Les guitares sont grasses comme au bon vieux temps. On peut sentir tout le chagrin, toute l’émotion, toute la souffrance dans cette voix unique et puissante. La similarité avec
Dead sur l’album
Issues est notable où l’on garde toute la mélodie et le poignant du titre. «
The End Begins » introduit de très belle manière cette résurrection.
On continue avec un rythme beaucoup plus groovy, toujours dans une ambiance morose et mélancolique. Le vocal de Jonathan Davis n’a jamais été aussi virulent, aussi robuste depuis un certain
Take a Look in the Mirror. La basse de Fiedly n’a jamais été autant audible et prouve une nouvelle fois son importance dans les compositions de
Korn. Les variations et cassures rythmiques rappelleront bien les premières toiles du groupe et ce mélange entre harmonie et violence montre une dissemblance exemplaire qui avait quasiment disparu depuis l’ère post-
Untouchables. «
Cold » est sans aucun doute le titre fort de ce récital.
L’énergie ne diminue pas et on semble enfin satisfait de voir un
Korn sous ses meilleurs jours. Néanmoins, l’album garde ses quelques défauts qui resteront un peu les mêmes que pour
The Serenity of Suffering : il n’est pas rare d’entendre des refrains qui nous paraissent similaires et il n’est pas non plus anodin de distinguer des empreintes un peu trop marquées. C’est le cas notamment de « Can You Hear Me », principale faiblesse de l’album qui n’arrive absolument pas à se détacher des influences des toiles personnelles de Jonathan Davis, notamment Queen Of The Damned et Black
Labyrinth et qui propose une formule qui s’essoufflera assez rapidement.
Au-delà de ces quelques irrégularités,
The Nothing propose également quelques surprises.
Outre le vocal impressionnant de Jonathan Davis qui a su retrouver l’équilibre entre émotivité, rancœur et désolation, certaines transitions sont voluptueuses, presque sensuelles, à l’image de « This
Loss » qui nous offre une certaine valse revisitée où JD semble presque monter au ciel. Le quintuor démontre aussi qu’il est capable de se montrer bien plus technique qu’à l’accoutumé, en témoigne l’interlude et surtout le blast beat de « H@rd3r », une première pour le groupe après 25 ans de carrière. Une autre novation rafraichissante est ce riffing semblable à ce que proposait
Pantera lors de ses années d’activité que l’on retrouve parfaitement sur « Idiosyncracy » qui se démarque parfaitement des autres titres.
«
The Nothing » est un album sombre et lourd, remettant en surface le passé glorieux des Californiens. Mêlant parfaitement l’ancienneté à la nouveauté, sentant le désespoir et l’intensité, dégageant une belle richesse musicale,
Korn a su trouvé la maturité pour proposer un treizième opus inattendu, empli de malheurs et de pleurs. Il est d’ailleurs surprenant de voir à quel point le groupe a poussé le concept encore plus loin en sortant donc un treizième opus composé de treize titres un certain … Vendredi 13. Croyez donc en la malchance et oublier tout ce qui concerne le bonheur car «
The Nothing » risque clairement de vous déprimer.
Comme Molick, la première écoute était presque anodine. Mais dès la deuxième, on découvre pas mal de sons agréables. Il y a ce petit goût de reviens-y!!!
Mes potes m'ont convaincu de l'acheter, à force d'en parler et comme nous avons quelques gouts en commun, et j'en suis fort content, j'ai accroché dès la première écoute, j'ai même acheté le vinyle, alors que je ne connaissais que "Untitled" du groupe, que je n'ai qu'en fichiers audio :P
Chronique agréable à lire. C'est pour moi leur meilleur album depuis Untouchables, ce groupe a retrouvé son essence tout en sonnant encore un peu différemment. Un vrai régal.
J'arrive enfin à ce "The Nothing" (ayant repris l'écoute discographique du groupe), et quelle bonne surprise, dans la continuité des 2 précédents, mais un cran au-dessus. Je suis tout à fait d'accord avec toi Groaw, un mélange du vieux et du nouveau Korn en parfaite harmonie. C'est un condensé de korn dans sa version moderne.
15/20.
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