Avec ce deuxième volet, Tobias Sammet ne cherche plus à prouver que son opéra metal fonctionne : il entend désormais l’élever. Là où le premier album brillait par son souffle fondateur et son énergie presque juvénile, "
The Metal Opera Part II" assume un ton plus posé, plus introspectif, presque désenchanté. C’est une suite moins spectaculaire mais plus maîtrisée, où la narration prend le pas sur l’effet.
Dès "The
Seven Angels", longue pièce d’ouverture de plus de 14 minutes,
Avantasia montre que l’heure n’est plus aux promesses mais aux conséquences. Les voix s’enchaînent dans une mosaïque vocale parfaitement équilibrée, et chaque personnage semble porter le poids de ses actes. La fresque prend des airs de jugement dernier, où l’issue n’est plus une simple victoire du bien sur le mal, mais un cheminement intérieur fait de doutes, de renoncements et de choix irréversibles.
Loin de l’emphase souvent naïve des œuvres-concepts du genre, cette suite fait le pari de la continuité plutôt que du climax. Les morceaux comme "
No Return" ou "In Quest for" renoncent à la virtuosité pour privilégier la narration émotionnelle. On sent chez Sammet une volonté de dépouiller les choses, de mieux répartir les forces, de ne plus tout miser sur l’effet de masse. Le résultat ? Une œuvre qui respire mieux, qui ose le silence et l’attente, sans pour autant perdre l’intensité dramatique propre à son univers.
"
Chalice of
Agony", à ce titre, incarne parfaitement cette nouvelle approche.
Plus sombre, presque résigné, le morceau privilégié la tension dramatique à la flamboyance. On y sent la fatigue des héros, le poids du doute, et cette lucidité qui traverse tout l'album. Ce n'est plus la lutte épique, mais l'épreuve intérieure qui domine.
Musicalement, le ton général reste fidèle à l’école du power metal symphonique, mais avec plus de fluidité dans les arrangements. Les guitares sont moins frontales, les orchestrations moins démonstratives, mais mieux intégrées à l’ensemble. Ce n’est pas une réinvention, mais une maturation :
Avantasia ne se contente plus de rassembler les légendes du genre pour faire briller les noms, il leur donne un cadre dramatique solide où chaque voix a une fonction narrative précise.
Cependant, cette plus grande cohérence se paie d’un certain affadissement. L’album, s’il est plus homogène, souffre aussi d’un léger manque de pics émotionnels. Moins de morceaux “hymniques”, moins de surprises, peut-être moins de passion brute. À trop chercher l’équilibre, on perd parfois le frisson.
En conclusion : "
The Metal Opera Part II" est une conclusion digne, plus sage, plus construite, mais aussi moins flamboyante. Il complète l’acte fondateur d’
Avantasia avec intelligence et aplomb, posant les bases d’un univers durable. S’il éblouit moins, il convainc par sa maturité et son respect de l’histoire qu’il clôt.
Une œuvre de transition, entre l’utopie initiale et la professionnalisation d’un projet appelé à grandir. Tobias Sammet ne rêve plus seulement : il orchestre.
The Seven Angels, quelle pièce quand même. Incroyable épopée où les interprétations de Tobias, de Kai, de Kiske et surtout celle d'André Matos sont à couper le souffle, avec des chanteurs habités sur ce climax final grandiose.
" - But still I haven't found a meaning, Anna will we ever be together ?
- You've been fighting for your soul and sometimes it takes a toll (...)"
Merci pour le papier
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire