Tout ce qui a un début… a une fin. Non, je ne vais pas vous parler de « Matrix Revolutions », mais bien de la conclusion de «
The Wicked Trilogy » d’
Avantasia, entamée en 2008 avec «
The Scarecrow ». D’après Tobias Sammet (à l’origine du projet), les idées ont tellement foisonné après un moment qu’il lui fallut transformer ce qui devait être une simple suite en deux albums distincts (sortant toutefois parallèlement, rendant disponible une luxueuse édition limitée,
Nuclear Blast oblige). Voici donc, après un «
The Wicked Symphony » répondant très bien aux attentes, «
Angel of Babylon », le chapitre final de la trilogie du plus populaire des «
Metal-Operas ».
Bien entendu, puisque tout le monde était sur place, on prend les mêmes et on recommence, à quelques absents et nouveaux venus près. Si cette fois Tim ‘
Ripper’ Owens, par exemple, n’est pas de la partie, on pourra retrouver l’excellent Jon
Oliva (
Savatage, Jon
Oliva’s
Arcadia) sur « Death is Just a Feeling ». Il s’agit en fait du retour, sous forme de réincarnation, du « maître des jouets » dont le rôle était assuré par le grand
Alice Cooper sur « The Toy
Master », septième piste de «
The Scarecrow ». Et quel bon choix, le côté malsain du personnage est très bien retranscrit par
Oliva, qui assure du même coup l’une des introductions les plus théâtrales de la trilogie. Le morceau est sombre, et représente très bien la suite logique de son prédécesseur (l’accélération de « The Toy
Master » en moins).
Les premiers airs de « Stargazers » et du disque, un peu mélancoliques, sont recouverts après quelques secondes par les voix de Sammet,
Jorn Lande et Russell Allen qui s’échangent comme toujours le micro. Tout ceci avant l’apparition de
Michael Kiske (une réunion on vous a dit) avant et lors du refrain assez mélodieux. Le morceau, son final surtout, traîne peut-être un peu en longueur mais ne manquera pas de se révéler au fil du temps. Dans un style plus posé et moins ambitieux, « Your Love is
Evil » offrira à Tobias Sammet l’occasion de se montrer, à nouveau, toujours plus sensible (tout comme sur le second couplet de « Forever is a Long Time » sur l’album précédent). Une composition certes bien classique, mais interprétée à merveille.
Cela dit, et malgré le savoir-faire ambiant, les voix ne font pas tout. Lorsque survient « Rat Race », on a le sentiment que les compositions n’ont plus rien de spécial, et ne transmettent que trop difficilement émotions et parties de l’histoire. Le morceau précité et «
Down in the
Dark » ont ce problème, tous deux interprétés par Sammet et Lande, et moyennement inspirés (pas la peine par contre de remettre en question ces excellentes voix). Et ce n’est pas fini, « Blowing Out the
Flame » est certainement et de loin la plus mauvaise ballade d’
Avantasia. Rien ne ressort et on s’ennuie après les deux morceaux dont j’ai parlés, pas franchement exceptionnels. La disposition bien pensée de «
The Wicked Symphony » semble s’être évaporée, et « Symphony of
Life » n’arrangera rien. La jolie Cloudy Yang vient y poser sa voix certes agréable mais très peu originale, sans grande force. De plus, l’ensemble du morceau, se rapprochant plus d’une sorte de Pop-Rock, l’addition des chœurs les plus symphoniques de la trilogie (utilisés de courts instants il est vrai) me semble fort malvenue. Au final, la chanson me paraît complètement en marge du reste, et vraiment pas à sa place. Dommage pour la seule piste de ces deux derniers disques où le chant est à dominance féminine.
Après cette baisse de régime durant laquelle on ne manquera pas de s’inquiéter, nous pouvons toutefois nous réjouir car le trio final s’évertuera à rattraper le faux-pas. Tout d’abord, il est à signaler que les fans de la première heure retrouveront le morceau « Promised
Land », présent sur le EP «
Lost in Space part II », dans une nouvelle version au mixage légèrement revu, sans
Michael Kiske au micro, donc uniquement chanté par
Jorn Lande et Tobias Sammet (l’interprétation palliera d’ailleurs le côté, une nouvelle fois, un peu banal de la composition de ce titre). Et comme les deux bougres s’entendent bien, ils assurent également avec un grand feeling le duo sur « Alone I Remember », entre joie et mélancolie (avec cette intro bluesy). Et l’on pourra profiter d’un refrain rétro qui donne une pêche pas possible à tout instant.
Enfin, et comme j’aime laisser le meilleur pour terminer, je peux m’étendre un peu sur «
Angel of Babylon », où l’on retrouve un Sammet qui maîtrise l’art de composer des bombes, et un
Jorn Lande - encore lui mais on s’en fout parce qu’il assure - qui nous sort sur le pont avant le premier refrain son chant le plus hargneux, impressionnant. L’excellent refrain ne me fera toutefois pas omettre de signaler la présence de
Jens Johansson (
Stratovarius) pour un relativement long et sympathique solo de claviers.
«
Journey to
Arcadia » ne décevra pas non plus dans son rôle de « final du chapitre final »,
Bob Catley et Russell Allen signant leur retour sur une pièce s’instaurant dans la grande tradition de la trilogie : changements de voix, éléments orchestraux, refrain en chœurs et un break superbe. La conclusion que l’œuvre méritait !
Deux albums d’un coup, des invités de partout et de grande classe, quelle ambition pour Tobias Sammet, un musicien au final encore assez jeune mais qui semble n’avoir plus rien à prouver. Quoique, cette ambition lui aura quand même coûté de jouer un peu au remplissage au milieu de «
Angel of Babylon ». Cela dit, à l’écoute des meilleures pièces de «
The Wicked Trilogy », il va de soi que la réussite du projet et les objectifs de départ sont atteints. Il ne me reste qu’à remercier ces artistes, et vous autres lecteurs, avant de me replonger dans l’écoute en contemplant les artworks eux-aussi très réussis.
15/20
Et comme les deux disques sont également sortis ensemble dans une édition limitée deluxe, je précise que je mettrai un bon 17/20 à ce bel objet.
Sinon super chronique d'Eternalis !!!
Merci pour ta chronique Eternalis,très instructive même si, pour cet album là, j'y allais les yeux fermés!!!!!
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