Infatigables ambassadeurs (et même instigateurs) du brutal Death depuis plus de vingt ans, la longévité et la constance de
Krisiun est remarquable. Ne laissant jamais s’écouler plus de trois ans entre chaque full lenght, leurs sorties sont systématiquement suivies de longues tournées renforçant leur réputation de rouleau compresseur scénique.
Une fois encore, les trois frères (je ne parle pas de Didier Bourdon, Bernard Campan et
Pascal Légitimus) sont à l’heure au rendez-vous avec ce huitième album
The Great Execution (2011), témoignant de leur passion éternelle pour le Death
Metal et d’une virulence intacte dans les paroles.
Fidèle à l’imagerie conquérante et destructrice des brésiliens, la pochette de Toshihiro Agawa représente un invincible guerrier en armure sur son destrier, surmontant un champ de bataille rouge du feu et du sang de ses ennemis. Une scène rappelant le célèbre méchant d’un manga culte de la fin des 80’s dans laquelle les gens se découpaient et se faisaient exploser les organes à mains nues : c’était le bon temps.
Avec la reconversion très réussie de
Assassination,
Krisiun avait ralenti la cadence pour se montrer encore plus incisif lors des moments opportuns, modèle repris sur
Southern Storm avec un peu moins de maestria.
The Great Execution va plus loin dans l’évolution, proposant encore plus de mid tempos dans leur Death
Metal.
L’intro à la guitare acoustique est assez surprenante avant de retrouver rapidement le
Krisiun que l’ont connaît : celui qui blast bien sûr ! The
Will to Potency ne change donc pas les bonnes vieilles habitudes et les baguettes de Max se déchaînent assez vite, « Chassez le naturiste, il revient au bungalow » comme dit l’autre. Cependant les passages posés sont plus nombreux qu’à l’accoutumé, ce qui permet un travail intéressant de Moyses sur les soli, à cent lieux du déchaînement hystérique et de la martyrisation de vibrato de
Black Force Domain et
Apocalyptic Revelations.
Les morceaux s’allongent, la furie se canalise mais reste présente : le trio infernal continue sa mutation.
Blood of
Lions et son riffing Heavy entrecoupé des accélérations typiques de Max Kolesne illustre bien cette évolution.
Même si le trio a l’air en forme en cette fin d’automne 2011, on ne peut s’empêcher de les soupçonner de s’être façonnés ici quelques chansons sur mesure pour la scène, leur permettant de souffler un peu. Il est évident qu’il leur sera impossible de jouer à 200 à l’heure sur scène pendant encore 15 ans. Bien sûr les ayatollah prônant uniquement le Death débridé des trois premiers albums risquent d’être déçus. Pourtant le titre éponyme, sa montée en puissance initiale et le déchaînement qui suit auraient de quoi convaincre les plus septiques.
Soyons réalistes : la folie des vieilles réalisations ainsi que l’incroyable efficacité de
Assassination ne sont plus de mise,
Krisiun sait toujours composer du bon Death
Metal, mais ne semble désormais plus être en mesure de sortir la tuerie de l’année. Heureusement, le talent instrumental, l’expérience et le feeling des brésiliens n’ont pas complètement déserté, on retrouve sur The Extremist, cette hargne et cette vitesse d’exécution qui ont fait la réputation du combo : le mid tempo central emmène très vite au headbanging obligatoire. Les déluges de blast-beat entrecoupés d’un riff et d’un soli rock’n’roll, il fallait y penser mais ça sonne diaboliquement bien.
On se demande quand même s’il était bien nécessaire de caser une heure de musique sur
The Great Execution, bien sûr le Thrashy Extinção em Massa chanté dans leur langue natale ou le final Shadows of
Betrayal avec ses guitares méchamment Heavy s’avèrent sympathiques à défaut de casser la baraque, mais ne valait-il pas mieux concentrer un peu l’inspiration et proposer une tuerie de 40 minutes épurée des passages superflus ? C’est vous qui voyez...
Krisiun a aussi pensé aux nostalgiques en proposant en bonus sur le digipack un réenregistrement du fameux titre
Black Force Domain qui a subi un gros coup de lifting pour l’occasion.
On s’en doutait depuis
Southern Storm,
Krisiun confirme, le groupe est en vitesse de croisière, propose une musique de qualité, se renouvelle même de façon assez intelligente, mais avec une intensité inférieure à la grande époque. Même s’il souffre de la comparaison avec les classiques du trio,
The Great Execution enterre encore la majorité des jeunes groupes concurrents et des vieux briscards ayant perdu la foi, suivez mon regard...
We march until the scorched earth, never to come back home
We follow the immortal storm, never to come back home
BG
KRISIUN demeure un poids lourd dans le style et c'est indéniable.
Mais perso ce dernier méfait m'a plutôt gonflé dans l'ensemble de par ses longueurs pesantes...
Mais bon, loin d'être mauvais, ce skeud m'a juste un peu laissé sur ma faim comparé à l'intensité de leurs premières offrandes.
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