32 ans de brutal death metal, ça en impose non?!
C’est en 1990 que 3 frères originaires de Porto Alegre au Brésil (accompagnés pour une très courte période d’un 4ème comparse) sortent leur 1ère démo "
Curse of the Evil One". 5 ans plus tard, 1er album full length de légende pour
Krisiun avec "
Black Force Domain" et, à partir de là, plus rien n’allait arrêter Alex, Max et Moyses dans leur croisade à la brutalité. Pour preuve, les revoici en 2022 avec la sortie de leur 12ème opus intitulé "
Mortem Solis", le 8ème sous la houlette de
Century Média. Titre de l'album en latin signifiant « la mort du soleil », le titre éponyme est, quant à lui, en dernière position mais… en anglais. Pour la pochette, alors ok pour les couleurs utilisées, totalement raccord avec l’intitulé, mais je ne vois perso pas le rapport (qui veut me l’expliquer est le bienvenu) entre le titre et la pochette dessinée par Marcelo Vasco, que je trouve assez banale, voire limite moche ; mais là n’est pas le principal. Alors quid de cette cuvée post-covid de nos 3 frangins sud-américains?
Commençons par la production : c’est solide, enregistré au Brésil et mixé par Mark Lewis (Cannibal C,
Whitechapel,
Nile,…) dans son studio de Nashville. L’équilibre est parfait entre ce chant guttural très compréhensible, une batterie toujours aussi survoltée et les guitares tantôt agressives, tantôt heavy. La basse quant à elle, tout comme en live, est le véritable moteur de notre dragster brésilien. Ses lignes se détachent dans le mix sans empiéter sur le reste ou se faire avaler par la double grosse caisse.
"
Sworn Enemies" lance les hostilités et on est de suite rassuré car l’on se trouve projeté dans la suite directe de "
Scourge of the Enthroned", emporté dans la ter-riff-iante tempête brésilienne. Le titre se veut estampillé
Krisiun pur jus mais varié et plaisant dans son développement, marqué par de nombreux breaks et changements de tempo aussi fluides et naturels que la présence de l’équipe de foot nationale de nos 3 frères à une phase finale de coupe du monde. A 1.09 nous est cependant balancé un riff tout à fait différent et assez atypique pour le groupe, que ce soit dans la forme ou la sonorité assez heavy/trash. Ce dernier va-t-il diviser comme je l’ai été moi-même? Ce riff apporte-t-il de la variété ou casse-t-il le rythme global? Chacun se fera son avis, perso, au final, j’apprécie et cela passe bien en live, donc ok!
Les 5 premiers titres seront faits du même moule, avec de nombreuses variations en leur sein : accélération, break, lead heavy lumineux assez marqués. A noter quand même ce rythme technoïde imposé par la double grosse caisse sur "Tomb of the Nameless" à 2.15. Petite accalmie avec le début de "Necronomical", introduit à la basse, qui ondule sournoisement tel un serpent en son début avec des patterns de batteries terriblement syncopés vers 1.12, avant que le titre ne s’envole vers la brutalité pure peu avant sa moitié.
Au milieu de l’album on a droit à un interlude, "
Dawn Sun
Carnage", qui aurait pu se trouver sur un album de
Nile tant les sonorités et l’ambiance qui s’en dégagent sont similaires à celles de la contrée des pharaons contée par nos dieux américains.
A sa suite déboule "
Temple of the
Abattoir" où l’on retrouve des traces du mythique "Conquerors" avec ce riff qui arrache la nuque à partir de 0.43, mais avec un peu plus de finesse et toujours cette touche heavy qui adoucit quelque peu la branlée. Le changement de décor se veut plus franc pour les 4 derniers titres où la violence pure va nettement prendre le dessus dans des compositions plus directes. Moins de variété mais plus de violence, comme en témoigne ce "
War Blood Hammer" pas finement recherché mais qui fait bien tomber le dentier à mémé.
En résumé,
Krisiun fait donc du
Krisiun, mais est-ce suffisant?
Je dirais que le groupe vient de nous lâcher un album classique, mais pas un classique.
Le cd s’écoute facilement, mais les premières écoutes ont été … laborieuses car les occasions de décrocher sont nombreuses et l’on se surprend à se dire « merde, soit attentif sur ce coup-là ». Il manque de moments vraiment marquants, de titres très forts qui pourraient prétendre à devenir des incontournables de leurs set-list live pour les prochaines années. Pour la tournée qui suivra la sortie du cd, "
Sworn Enemies", "
Swords into
Flesh", "
Serpent Messiah", "Necronomical" et "
War Blood Hammer" devraient faire le taf, mais après? On sent que l’envie, la rage et un talent dingue sont toujours là, mais on ne peut malheureusement accoucher d’un enfant prodige à chaque naissance. Attention, ceci ne veut pas dire que ce dernier soit mort-né!
On reste dans du brutal death de haut niveau, qui demeure inspiré et varié mais en deçà des meilleures sorties du combo ; il nous manque ces moments d’extase qui constituaient entièrement certains de leurs chefs-d’œuvre. Pourtant, de cet état de grâce on en retrouve des bribes comme sur "
Swords into
Flesh" où après un passage à tabac intensif survient un break à 2.17, enchainé par un mid tempo death/trash briseur de nuque avant qu’un solo destructeur ne nous achève à 2.46. Ce dernier sera d’ailleurs le plus long de l’album avec 24 secondes, d’où la formulation d’un autre regret : la quasi absence de ces longs solos de tueur auxquels nous étions habitués. Un album en 2 parties donc : la première, plus nuancée et travaillée, avec des influences heavy sympa bien incorporées à la brutalité primaire habituelle du groupe ; une seconde, plus basique et brutale, moins recherchée et qui, au final, traîne un peu en longueur.
Pour les jeunes qui découvriront
Krisiun avec ce cd, ils devraient prendre une belle beigne! Mais que se passera-t-il quand ils se pencheront sur leur discographie et se prendront des upercuts tel que "Conquerors", "Assasination", "
Southern Storm" et consorts? Ce cd se verra peut-être remisé dans l’étagère avec pour satisfaction d’avoir la collection complète, mais l’envie de l’écouter encore et encore, malgré une qualité certaine, non, je ne suis pas sûr. Pourtant, oui, je l’aime cet album, après une vingtaine d’écoutes, oui, je l’aime, mais non vraiment il ne sera pas à ranger aux côté des classiques mais restera classique.
Respect total à ce grand groupe mais un 15/20 après tout ce n’est pas si mal, car il y en a de bonnes choses sur ce cd, mais il en manque également. Je suis cependant rassuré pour l’avenir car le groupe a toujours la flamme et la pêche (pour preuve leur très bonne prestation lors de leur concert à l’Alcatraz festival (BE) du 13/08), j’attends le prochain méfait avec espoir. Et vivement la tournée en novembre avec
Nile!!
Merci de cette chronique détaillée ! C'est vrai que je l'ai écouté sans vraiment l'écouter (il n'a pas retenu mon attention) et qu'il mérite certainement un nouveau passage entre mes oreilles, avec ta chronique comme guide d'écoute.
Et également impatient de les voir avec Nile (idéalement au Tyrant Fest, si non à Paris en ce qui me concerne) !
Merci pour le papier. D'accord en tous points, si ce n'est que citer le passable Southern Storm plutôt que le chef d'oeuvre Apocalyptic Revelation pour évoquer les "upercuts" du groupe, serait plus juste.
En partie d'accord avec ta chro, mais pour moi, un album qui n'a pas de HIT dès la première écoute n'est pas forcement passable ou mauvais, et si tu as le sentiment qu'il manque des choses pour en faire un classique, je trouve que c'est une galette à écouter en bloc, et pas track by track, histoire de se prendre un mur et pas deux ou trois pavés. Et comme toi, je suis rassuré sur leur prochain méfait!
Southern Strom "passable" ? lol ok.
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