-Oyez! Oyez! Gentes dames, damoiseaux, hommes et elfes, nains et hobbits, seigneurs et manants.
Approchez et écoutez « Les Contes du Monde Crépusculaire » lance le MeJeu.
Tous les joueurs s’assemblent, les uns accordent leurs instruments, les autres font chauffer les D10.
On pourrait se passer de cette intro, mais il faut se souvenir qu'au début des années 90 le genre n'était pas aussi important qu'il l'a été par la suite, spécialement en Allemagne. Alors oui,
Blind Guardian fait partie des précurseurs du
Power Mélodique avec
Helloween et
Gamma Ray.
Dès le premier album, paru deux ans plus tôt, le groupe avait cherché à concilier le genre fantastique à la musique metal. Certains l'avaient déjà tenté avant, d'autres le feront après.
Pour l'heure, il est important de constater que
Blind Guardian réunit les deux univers avec brio : les textes sont inventifs et piochent chez Tolkien (quelques titres dans le premier album, «
Lord of the Ring » dans celui-ci et enfin le chef-d’œuvre
Nightfall in Middle-Earth), mais également dans des thèmes ésotériques et religieux, d’autres sont fantastiques avec une inspiration qui peut être littéraire ou cinématographique.
Tales from the Twilight World change un peu de direction par rapport à ses deux prédécesseurs. Le côté Thrash est délaissé au profit de ce que j’appellerais un «
Epic Speed », voire un «
Epic Power » mais la question n’est pas cette distinction.
Cette musique devient avec ce disque "épique" : il s'agit d'une épopée dont chaque morceau fait défiler devant nos yeux héros et paysages ; chaque note est un autre monde qui s'offre à nous.
Pour revenir au contenu de cet album, les trois ans d’absence du groupe ont été bénéfiques tant les changements se sont avérés importants pour l’avenir du groupe et de son son.
Le premier changement concerne l’utilisation récurrente de passages clairs, amorcés sur l’opus précédant avec l’éponyme «
Follow the Blind ». On le retrouve par exemple sur le morceau « The Last Candle ». On découvre ainsi qu’Hansi sait chanter et plutôt bien, le bougre! Son registre vocal est en train de se construire, mais il est déjà assez large.
Les deux gratteux et le bassiste ont également, à leur niveau, progressé. L es compositions sont vraiment belles et la technique n’est plus une question de vitesse : le solo de « Welcome to
Dying » ou bien l’instrumental « Weird Dreams », ou encore « Goodbye My Friend » qui concilie chant clair, composition technique et mélodies épiques.
Le second changement, lié au premier, voit l’introduction de titres mid tempo, comme «
Lost in the
Twilight Hall » ou «
Altair 4 ». Bien que le batteur envoie toujours la sauce, c’est avec délicatesse et précision qu’il opère cette fois, la tendance étant au mélodique.
Le titre qui mériterait une dissertation à lui seul est « The
Lord of the Ring ». Pour faire court c’est le premier titre acoustique du groupe. Rien n’est à jeter dans ce morceau. Et même s’il n’est pas représentatif du genre du groupe, il reste néanmoins une pièce d’anthologie.
Toutefois, d’autres titres restent plus dans l’ancienne veine comme « Traveler in Time » ou encore «
Tommyknockers » (bien que ce titre soit dans le genre assez novateur), où les paroles de ce titre sont inspirées d’une nouvelle de Stephen
King.
La production, elle aussi, a évolué. La qualité même du son est bien meilleure, ce qui est sûrement dû à une amélioration des moyens mis en place en studio.
C’est Andreas Marschall qui signe l’artwork de cet album. Il a également réalisé celui des trois albums studios suivants (donc jusqu’à
Nightfall). L’artiste à également réalisé les pochettes de The
Jester Race et Colony d’
In Flames.
En guise de conclusion, la musique de
Blind Guardian, son style, sinon son essence, se sont améliorés, et ce, nullement dans le quantitatif mais bel et bien dans le qualitatif (9 titres studio).
Blind Guardian a trouvé sa voie et son style qui les différencient d’entre mille. Est-il alors difficile de faire mieux ? A l’époque j’aurais été tenté de répondre que oui. Mais, j’ai ma jeunesse pour avantage et ainsi le recul, car, comparé aux deux premiers albums, celui-ci est un chef d’œuvre. Mais, comparé à ce qui va suivre dans les années 1990, il est le moins bon des meilleurs. Quelque chose, « Quelque part bien au-delà », se prépare et c’est puissant. Très puissant.
Le meilleur des 3 premiers.
15/20
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