Les derniers opus des Allemands de
Blind Guardian laissaient transparaître assez clairement la volonté du groupe de s’adonner à une expression certes toujours très emprunte de cette traditionalité teutonne mais aussi, et surtout, d’envies symphoniques toujours plus prégnantes. Un mal pour un bien tant le meilleur des trois mondes, à savoir Heavy
Metal,
Power Metal Européen et
Power US, avait fini par réussir à trouver un chemin assez séduisant affublés de ces éléments orchestraux. Un chemin qui parvenait à convaincre presque tout le monde, pour peu que l’ensemble était suffisamment bien produit. Bien entendu, il faut écarter
Twilight Orchestra - Legacy of the Dark Lands sorti en 2019, un opus entièrement classique, de cette réflexion car il ne fut qu’une formidable exception et, surtout, la concrétisation d’un vieux rêve.
Rien ne laissait donc présager de ce qu’allait nous offrir ce
The God Machine, nouvel effort d’Hansi Kursch et de ses comparses. Rien si ce n’est quelques notes d’intentions échappées de la bouche même des uns ou des autres, membres éminents et fondateurs du quintet. Rien si ce n’est les certitudes de ces devins aprioristes qui, aujourd’hui, viennent vous expliquer, à postériori, qu’une tournée anniversaire célébrant le trentenaire d’un
Somewhere Far Beyond est, forcément (forcément, vous dit-on) le signe de ce retour à une source beaucoup plus âpre, âcre et goutue. Car, pour ceux qui n’auraient pas encore saisi, c’est bien de cela dont il s’agit, un album aux propos nettement plus sauvages, féroces et nerveux que ne le furent les quelques derniers.
D’ailleurs, dès l’entame d’un excellent De
Liver us from
Evil où l’on retrouve cette tension, presque Thrash, d’autrefois, le ton est donné. Un
Violent Shadows aux nombreux passages très agressifs, un excellent
Architect of
Doom ou encore un superbe et vif
Blood of the Elves ne pourront certainement pas décevoir les puristes fatigués d’attendre un hypothétique sursaut du groupe depuis tant d’années.
Notons aussi la présence ici de ce Let it be no
More, une jolie balade, sans les sempiternelles fioritures habituelles folkloriques qui, personnellement, et j’insiste sur le “personnellement”, ont fini par me lasser.
Bien évidemment les passages mélodiques restent de mise sur cet album, et ce même sur les morceaux les plus acérés. Ils sont cependant d’une sobriété telle qu’ils parviendraient presque à faire oublier leur présence. Presque. Presque car ils sont le témoignage de l’évolution de ces musiciens durant ces dernières années. Une sorte de trait d’union entre différentes époques.
Dans cet ensemble très homogène d’excellente facture, chacun donne la pleine mesure de son talent. Même si, selon moi, certains donnent un peu plus la mesure de leurs talents que d’autres. Mention spéciale donc à Hansi Kursch et à sa voix toujours plus polyvalente et à un Frederik Ehmke qui ne rechigne jamais à martyriser sa double grosse-caisse, à bon escient il va sans dire. On sait d’ailleurs de source sûre (lui-même) que le batteur serait plutôt un adepte des œuvres de jeunesse du gardien aveugle. Un homme de bon goût donc.
Au milieu de cette excellence, ce
Destiny aux allures changeantes dont on peine à suivre les caprices sur un chemin à la destination floue, est le seul à n’être guère convaincant. Et puisque nous en sommes là, au chapitres sinon des déceptions tout au moins des interrogations, j’ai aussi du mal à saisir l’intérêt d’un bonus consistant en une version instrumentale de ce
Destiny.
The God Machine est un album très réussi susceptible d’être le moteur de beaucoup de satisfactions. A la fois moderne et très inscrit dans le passé, ce disque est, peut-être, celui qui parviendra, enfin, à réconcilier tous les peuples de
Blind Guardian. Nul ne sait s’il y parviendra vraiment. Il a néanmoins tous les atouts pour réussir cette prouesse. La paix.
Merci! Je t'en redirais des news!
Très belle chronique, pour un album très réussi
Déjà le visuel est étonnant pour le groupe ça donne vraiment envie, j'ai déjà écouté quelques extraits j'avoue que j'ai été surpris par cette relative agressivité
Après une écoute complète je suis totalement conquis y'a rien à jeter, un bel album et tellement surprenant par rapport aux opus précédents.
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