Suprématie

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18/20
Nom du groupe ADX
Nom de l'album Suprématie
Type Album
Date de parution Août 1987
Style MusicalSpeed Metal
Membres possèdant cet album185

Tracklist

Re-Issue in 2015 by No Remorse Records
1.
 Nostromo
 01:12
2.
 Suprématie
 02:56
3.
 Le Jugement de Salem
 03:55
4.
 Notre Dame de Paris
 04:28
5.
 Victime
 05:00
6.
 Les Secrets de l'Olympe
 04:14
7.
 Brocéliande
 05:33
8.
 La Peur et l'Oubli
 05:18
9.
 L'Ordre Sacré
 04:13

Bonus
10.
 Le Jugement de Salem (Live 1989)
 03:57
11.
 Notre Dame de Paris (Live 1991)
 04:04
12.
 Suprématie (Live 1991)
 03:17
13.
 Les Secrets de L'Olympe (Live 1989)
 05:53
14.
 Brocéliande (Live 1991)
 09:54

Durée totale : 01:03:54

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ADX


Chronique @ largod

23 Novembre 2012

Persévérer pour exister

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais les trilogies au cinéma m’ont assez souvent laissé de bons souvenirs. Il y eut les deux générations de « Star Wars », les « Mad Max », « Alien », « Retour vers le futur », « Terminator », « Le seigneur des anneaux », « X Men », « L’araignée », « Men in Black » parmi tant d’autres. Au-delà du chiffre 3, le côté réchauffé prend parfois le dessus et limite la qualité des ingrédients contenus dans la sauce initiale comme pour « L’arme fatale », « Rocky », « Rambo »… Tout est bien entendu affaire de goût mais de manière assez systématique les trois premiers films caractérisent assez bien la genèse de l’histoire et l’évolution des personnages, le plus souvent avec succès. Ajoutez-y le laps de temps à attendre impatiemment la suite des aventures des différents héros et le plaisir n’en est que décuplé.

Avec ADX, la stabilité du line-up originel permet réellement d’apprécier avec ce troisième album le chemin parcouru depuis le début de leur histoire discographique.

Après un bouillonnant « Exécution », le « Chapitre II » avait laissé envisager un futur brillant pour nos 5 jeunes artistes. La maturité en plus, « Suprématie » annonce avec une pointe d’arrogance un premier stade d’évolution en droite ligne avec les précédents méfaits : la fougue du premier album persiste et l’équilibre entre les titres speed et heavy, déjà présent sur le second, s’inscrit dans le code génétique de nos gais lurons, dont l’humour sait poindre à tout moment au beau milieu d’un morceau. La preuve avec l’interprétation libre mais fidèle du Sirtaki de Zorba le Grec en fin d’instrumental « Les secrets de l’Olympe ». ADX ne fait pas dans la prise de tête : Olympe égale Grèce, Grèce égale Feta, Feta mangée par Zorba, Zorba danse le Sirtaki donc Veni, Vidi, Vici, et pan dans les dents !

Autre point commun des compositions de cet album, les introductions bénéficient d’une attention particulière (« Notre-Dame de Paris », « Victime », « Brocéliande », « La peur et l’oubli », « L’ordre sacré »). La construction soignée des mélodies privilégie le plus souvent plusieurs riffs ou harmoniques différents en leur sein mais aussi des ponts ou breaks permettant de relancer violemment la machine. Les recettes de Metallica, Accept ou Helloween finissent par être ingérées par le groupe au point de nous proposer une grosse demi-heure d’une cavalcade effrénée de décibels vitaminés.

Le petit bémol provient à nouveau de la production encore assez moyenne et qui donne un son parfois moins percutant aux guitares de Betov et Marquis. Un comble une fois de plus. Côté section rythmique, Dog effectue une nouvelle performance le situant désormais parmi les pointures en Europe alors que, dans son ombre, Deuch parvient à fusionner par moment l’esprit du jeu de Steve Harris à celui du regretté Cliff Burton. Penchez-vous sur les lignes de basse de « Suprématie », « Notre-Dame de Paris », « Les secrets de l’Olympe », « Victime » et « La peur et l’oubli » pour vous en laisser convaincre.

Le chant de Phil s’épaissit et gagne en puissance dans les graves. Puisant son inspiration dans une époque médiévale aux confins du fantastique et du surnaturel, ses paroles ne lui imposent plus d’incursions intempestives dans les aigus. Les refrains chantés (« Suprématie », « Brocéliande », « La peur et l’oubli », « Le jugement de Salem ») font une apparition tonitruante et tempèrent la mauvaise surprise d’un mixage de voix perfectible sur « Victime ».

Enfin, la pochette de cet album condense une multitude de clins d’œil avec le symbole du groupe (la guillotine bien entendu) ou les titres des chansons (« Nostromo », « Notre-Dame de Paris », la sorcière du « Jugement de Salem », la forêt de « Brocéliande »). ADX reprend donc à son profit ce qu’Iron Maiden, par exemple, avait utilisé pour les pochettes de « Killers » et de « Powerslave ».

Côté musique maintenant, le style heavy-speed s’installe donc confortablement à parts égales entre furie rythmique pied au plancher et atmosphères lourdes et pliées au carré par nos quatre musiciens pourtant peu friands de la chose militaire.
ADX n’oublie pas non plus les figures imposées comme au patinage artistique, guitares et fûts Sonor remplaçant les lames de patins. Alors que « Nostromo » distille son ambiance cosmique voire oppressante, l’instrumental « Les secrets de l’Olympe » déferle dans un déchainement de frappe sèche de Dog et de riffs de tronçonneuses, pouvant couper les troncs de chênes centenaires des forêts du Bouchonnois. Ce magnifique interlude heavy embraye, après la respiration hellénique citée plus-haut, sur une conclusion où le speed reprend finalement un minimum de droits.

Cette tradition de speed primaire se retrouve sur les trois bombes gorgées d’une vélocité chronique qu’ADX amorce le sourire en coin sur ce troisième album.
« Suprématie » entame les hostilités et privilégie à la fois la construction rigoureuse du morceau, la variété du riffing et les parties chantées. Le titre déménage tout du long et le refrain parvient même à nous vider de toute résistance sous les coups de butoir de Dog et les « A genoux pour ma grandeur, ta force m’appartient » assénés par un Phil en pleine forme. Après une bien belle introduction, le riff original de « Victime » bondit tel un diable de sa boîte, une surprise moins agréable étant le mixage d’un chant plutôt moyen et celui des soli de Betov et Marquis pourtant pas manchots sur ce coup. Le triptyque pour banquet du Bol d’Or s’achève avec « La peur et l’oubli » aux paroles glaçantes (« Enterré vivant ! ») et à l’architecture globalement similaire aux deux précédents : entame inquiétante, riff qui marque au fer rouge puis lancement sur orbite d’une paire de guitaristes enthousiasmants et épaulés par une double grosse-caisse omniprésente et un "cabri-au-lait" de bassiste virevoltant. La performance de Phil au micro envoie du bois comme ses compères solistes qui savent faire concis et précis.

Pas facile d’être toujours inventif en matière de speed-metal. Sur ce plan, ADX dispose des atouts nécessaires pour ne pas reproduire en permanence un schéma rébarbatif en puisant dans la pointe d’ingéniosité, d’agressivité ou d’humour nécessaire et qui constitue l’élément différentiant de chaque titre.

Place au heavy maintenant.
Le mid-tempo « Le jugement de Salem » ralentit le rythme sur un riff Acceptien et une proéminence de chœurs sur le refrain. Le toucher de Marquis et de Betov dans leurs soli tranche avec la tartine de gras qu’ils appliquent sur la rythmique du morceau. L’excellent « Notre-Dame de Paris » est inscrit dans la catégorie poids lourds. La mélodie tractée par une basse hors gabarit colle aux santiags comme un terrain gras aux sabots d’Ourasi lors du Prix d’Amérique et le chant se hisse à un niveau de maitrise presque parfait. Dog place l’accélération de double grosse-caisse à l’endroit qu’il faut et laissait déjà présager un jeu plus rapide en live, les années ayant passé.
Le voyage aux confins du cosmos continue avec « Brocéliande » aux relents atmosphériques dès son entame. Betov assomme à nouveau l’auditoire avec une trame principale de plomb qu’Accept n’aurait pas reniée. Phil reste à la limite et ne pousse pas trop vers les aigus en modulant son organe sur un refrain à nouveau chanté avec conviction. ADX ferme le ban avec « L’ordre sacré », méconnu à tort malgré une technique de construction encore Deutsche Kalitat et un refrain repris virilement en chœurs par les boys. A signaler, des soli Helloweenesques de notre duo de picards.

La trilogie initiale d’ADX, en ce cœur des années 80, recueillit un « franc » succès plus que mérité.
Comme pour une adaptation de film d’un pays dans une culture différente, l’éventualité d’exporter notre acier doux par-delà les frontières se posait en piste à envisager avec sérieux. Alors, chant en Anglais ou chant en Français pour le prochain ? La question brûlait les lèvres des journalistes spécialisés de l’époque.
Certes, la France tenait en ADX un actif de choix, pouvant faire feu de tout bois en dehors de l’hexagone mais quel intérêt de vouloir, pour autant, forcer le destin et risquer de se planter comme l’ont fait leurs illustres ainés dans un passé récent en utilisant la langue de Shakespeare ? D’autant que la critique avait souvent la dent dure contre Phil pour son chant dans sa langue maternelle. Qu’est-ce-que cela pourrait donner dans la langue de la perfide Albion ?
Le choix restait à faire.
Pas évident de résister à un stupide besoin de rentabilité sans l’opposer à l’identité propre d’un combo. En voulant trop, sans respecter l’artiste, on use par une exploitation outrancière le peu de crédit et de succès obtenu à force de travail.

Comme au cinéma donc, résister, persévérer et, finalement, exister vaut parfois mieux que de sentir le souffle de l’acier sur sa nuque.


Je vais vous conter comment par deux fois,
Je suis passé de vie à trépas.
Didier – octobre 2012

20 Commentaires

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Bark_at_The_Moon - 25 Novembre 2012: "MYSTÈRES ET LÉGENDES... DE BROCÉLIANDE !" : et si la maison de disques avait planqué les dernières réserves de vinyles dans la forêt de Brocéliande ?
bennett - 26 Novembre 2012: UN grand remerciement pour cette chronique SUPREMATIE est un album "magique" c' est un coup de baguette de nos maitres ADXiens
LeMoustre - 14 Fevrier 2016: Acquis à sa sortie, et impatiemment attendu, ce grand disque peut être considéré comme l'apogée et la quintessence du style d'ADX, matérialisée ensuite sur le fabuleux Execution Publique. S'ils se sont ensuite quelque peu perdus en route (le Weird Visions en anglais, le split et la reformation précédant un Resurrection raté), force est de reconnaître que depuis Division Blindée, ADX reprend les ingrédients de ces trois premiers disques, avec ce speed matiné de heavy - ou l'inverse - rehaussé des paroles à l'avenant de Phil (ses cheveux ont-ils repoussé ?). Les titres sont magiques (on pourrait presque tous les citer) et l'ambiance de ce disque majestueuse. 17/20.
 
napalm25 - 31 Mai 2016: Cet excellent album (ainsi que la terreur) a été réédité en cd et LP par un label grec, no remorse records en 2015, on peut le trouver pour environ 10 euros
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