23 juillet 1978 à Pont-Sainte-Maxence (60) : Alain Lamare, gendarme psychopathe âgé de 22 ans et reconnu plus tard sous le pseudonyme de tueur de l’Oise ouvre le feu et laisse pour morte la jeune Karine Grospiron à la sortie du Cinéma-bar de la rue des Pêcheurs…
9 juillet 1997 à Pont-Sainte-Maxence (60) : le prêtre Jean-Claude Guéguen est retrouvé gisant le visage tuméfié, couvert de plaies et d’ecchymoses sévères sur le sol d’une des chambres de son presbytère à la suite semble-t-il d’un cambriolage ayant mal tourné…
12 décembre 2003 à Pont-Sainte-Maxence (60) : Nathalie Leraillé, femme au foyer de 40 ans, abat dans le lit conjugal son époux Bernard d’une décharge de fusil de chasse après une soirée bien arrosée dans le pavillon du couple de la rue Henri Moissan…
29 juillet 2008 à Lagnieu (01) : Stéphane Moitoiret, marginal schizophrène de 42 ans originaire de Pont-Sainte-Maxence, s’acharne sur le petit Valentin âgé de 10 ans en assenant ce dernier de 44 coups de couteau après avoir obéi à une « directive divine » l’exhortant au sacrifice d’une âme candide.
25 janvier 2010 à Pont-Sainte-Maxence (60) : Halan Florisse, 19 ans, s’introduit au domicile d’un couple de retraités afin de leur emprunter leur voiture pour aller visiter sa mère en région parisienne. Face à la résistance des personnes âgées, le jeune déséquilibré larde Thérèse et Jacques Prévost de 87 coups de couteau…
27 novembre 2011 à Pont-Sainte-Maxence (60) : Nicolas Cocquet, intérimaire sans histoires de 26 ans, reçoit à la carotide un coup de lame fatal au sortir d’une fête d’anniversaire après avoir surpris un inconnu tentant de voler sa Renault 5 dans la rue des Tanneries…
« Déesse du crime, tu es la reine des puissances malignes ; ton orgasme prend vie dans le sang… »
Pont-Sainte-Maxence, cité ouvrière de 12 000 âmes damnées du sud de l’Oise sur laquelle le soleil ne daigne jamais briller, située quelque part sur la ligne ferroviaire
Paris-Maubeuge. Des immeubles on ne peut plus défraichis, des usines et entrepôts désaffectés, des échoppes sans âge, une population locale assez fortement marquée par la précarité et le désœuvrement, le plus grand camp de romanichels sauvage de tout le département, une délinquance historique presque sans égal dans la région et des faits divers qui depuis plus de trente ans ne cessent de passionner les âmes sombres et de faire les unes des canards locaux… C’est dans ce décor pour le moins sordide et fatidique que nait en 1982 le légendaire
ADX au travers de la rencontre du vocaliste Phil Grelaud et du batteur Didier « Dog » Bouchard. Rapidement rejoint par la paire de guitaristes
Pascal « Betov » Collobert/Hervé «
Marquis » Tasson et par le bassiste Frédéric « Deuch » Deuchilly, le combo maxipontain se relocalise sur
Paris pour des raisons logiques de praticité et assène les amateurs de musique décibellisée d’alors d’un speed metal particulièrement incisif et percutant. Après la parution en 1984 de deux démos dont «
Le Fléau de Dieu »,
ADX sort en avril 1985 un premier full length devenu culte intitulé «
Exécution » sur le label
Devil’s Records et ne tarde pas à enchainer avec les référentiels «
La Terreur » (1986), «
Suprématie » (1987) et autres «
Weird Visions » (1990) asseyant sans difficulté la personnalité originale d’un groupe unique aux concepts thématiques recherchés (l’Histoire de France, la littérature classique notamment). Après le relatif échec de séduction de l’auditorat international avec l’anglophone «
Weird Visions » pourtant paru sous l’étiquette Noise Records,
ADX met fin à ses activités pour ne revoir la lumière du jour qu’en 1998 avec «
Résurrection » édité sur
XIII Bis Records et voyant accessoirement le remplacement de Betov par un certain Yves « Louis XV » Malezieux à l’une des guitares.
Introduction grave et solennelle, la relativement brève mais impressionnante « VII » conditionne l’auditeur à une écoute mystique et laisse dès lors présager un disque témoin subtil d’un univers empli de haine, de douleurs et de tourments largement perceptibles au gré des caprices d’une folie fatidiquement sournoise et imprévisible. Huit ans. Huit longues années que le quintette picard hibernait dans les affres d’une imagination malsaine avant ne daigner offrir au monde des mortels une cinquième offrande métallique au patronyme des plus évocateurs. Ne s’étant jamais vraiment départi de la rage ni de l’intempérance qui l’anime quotidiennement depuis l’indispensable «
Exécution »,
ADX reprend du service dans l’art et la manière caractérisant les grands groupes comme en atteste la puissante et vindicative « Résistance » posant les bases d’un heavy/speed sans concession et soulignant à juste titre un effort de production remarquable pour un release français de la fin des années 90. Riffs acérés, basse lourde et batterie redoutable d’intensité, le mix de l’opus s’avère être imposant et confère dès lors à «
Résurrection » un charisme indéniable collant parfaitement avec le contexte particulier d’un retour messianique de la légende sous le feu des projecteurs. Fruit d’une démarche créatrice indubitablement sombre et inquiétante, «
Résurrection » se veut être porteur d’hymnes tragiques à l’image des efficaces mais terriblement infernales « L’Ombre du Désespoir », « Le Maudit » et autres « La Dame Noire » qui lancinantes à souhait, semblent être pour chacune d’entre elles le théâtre d’atmosphères on ne peut plus pesantes et des litanies ouvertement vengeresses d’un Phil Grelaud maudit pour l’occasion et accessoirement marqué par l’autosuffisance et le caractère vocal acerbe vraisemblablement propres à la narration d’expériences personnelles. Comble d’une affection névrotique prononcée semblant hanter avec une ruse des plus indicibles ce cinquième effort d’
ADX tout au long de ses onze pistes, mention spéciale à l’insolence de la dangereuse et introspective « L’Esprit Malade » qui saura très certainement trouver un écho inconsciemment favorable dans chacune de nos âmes incurables et tourmentées.
Au-delà de sa personnalité frénétique marquée, l’indescriptible «
Résurrection » sait également et d’une façon on ne peut plus pertinente mettre en valeur les qualités d’écriture et musicales intrinsèques du combo originaire de Pont-Sainte-Maxence, à l’exemple du riffing divin et infaillible émanant de la sentencieuse et autoritaire «
Sniper », également objet d’une prestation vocale relativement profonde et mélodique de la part du persuasif et charismatique Phil. Irrémédiablement catchy et faisant désormais partie intégrante des set-lists du groupe lors de ses concerts, relevons l’excellente et fédératrice « De l’Autre Côté » qui habilement ponctuée d’un refrain imparable s’avère incontestablement être l’un des titres les plus efficaces et mélodiques de l’album, se rapprochant également sensiblement dans l’esprit de ce que fut le groupe au cours de la précédente décennie. Au chapitre du speed metal incisif ayant justement assis la gloire et le succès d’
ADX au cours d’une époque malheureusement révolue, notons la jouissive et éponyme «
Résurrection » marquée bien évidemment par un rythme résolument effréné et accessoirement de soli particulièrement bien sentis et brillamment exécutés par la doublette six-cordique
Marquis/Louis XV. Symbole agréablement représentatif de la variété et de l’effort de composition accompli inhérents à cette sublime cinquième galette, l’émouvante et non moins magnifique « Jeux de Chair » constituera un intermède mélancolique et réfléchi bienvenu au sein d’un disque transpirant de façon globale et ostentatoire le ressentiment et la vindicte. Mélodies enchanteresses, passages acoustiques somptueux voir ineffables, vocaux éplorés ; cette complainte sonore aux accents ponctuels vindicatifs cependant se veut être criante de légitimité dans le tracklisting de «
Résurrection ». Traitant des plaisirs de la chair et des vices leur incombant inexorablement, « Jeu de Chair » constitue un moment fort de l’opus que l’on aurait pensé de par son identité singulière être étranger au concept du disque mais qui au final parvient à s’intégrer de façon optimale à l’ensemble. Enfin, digne épilogue d’un album doué d’une facture que pourraient envier de nombreuses formations de retour sur le devant de la scène, la subtile et insolente «
Marquis du Mal » vient clore définitivement les débats pontifiants d’une œuvre aboutie dont personne ne pourra se targuer de sortir véritablement indemne.
Objet d’un heavy/speed metal particulièrement inspiré et accessoirement sublimé par une production dantesque, le puissant et déstabilisant «
Résurrection » ou l’album du grand retour d’
ADX au crépuscule du IIème millénaire se veut également prendre la forme d’un travail de fond affirmé et présentant une facette particulièrement sombre et névrosée du légendaire quintette métallique français.
Outre ses indéniables qualités musicales prouvant et confirmant une fois de plus son statut irréfragable d’entité culte,
ADX parvient à s’immiscer avec maestria dans le fort intérieur de nos âmes torturées et se transforme à l’occasion de l’écoute de cet opus machiavélique en un lancinant miroir de nos vies abjectes et misérables. Indubitablement, un disque de grande classe à la richesse pluridimensionnelle incommensurable valant très certainement l’onéreux investissement nécessaire à son acquisition.
Tu ajoute l'album en cliquant sur "Collection" pas besoin d'y mettre une note
Dire qu'un des vendeurs 666 Rock Shop de Pékin m'a parlé de ce groupe. J'étais fier.
Dingue!!!!
Il va falloir que je me lance à mon tour mais pas certain d'arriver à ce niveau et celui de Zaz sur "Exécution", que j'aurais adoré chroniquer. Quoique...
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