Slayer ou l’archétype même du groupe qu’on écoute à l’adolescence pour énerver ses parents ? Certes, avec les pionniers du thrash metal américain on a souvent affaire à du mauvais goût, du politiquement incorrect et à des volumes sonores largement trop répulsifs pour les fans d’artistes plus mainstream. Mais peu importe ce que pensent les « biens pensants », j’aime ce groupe depuis fort longtemps et c’est donc avec un grand plaisir que je m’en vais chroniquer leur premier album «
Show No Mercy » sorti en l’an de grâce 1983.
Slayer s’inscrit dans cette vague de groupes comme
Metallica,
Megadeth,
Exodus et
Anthrax, qui, au début des années 80, donnèrent naissance à un nouveau courant musical dérivé du heavy metal : le thrash metal, plus rapide et violent que son prédécesseur. «
Show No Mercy » possède donc toutes les caractéristiques de ce courant musical. Peu de moyens donc, un son vintage ultra roots, une pochette « sataniste » assez ridicule comme dessinée par un gamin de cinq ans, mais en contre partie toute l’énergie, toute la fougue et l’audace d’un jeune groupe de blancs-becs forcenés décidés à dévorer la terre entière.
Dès l’entame de ce disque, «
Evil Has No Bondaries » assène les premières déflagrations. Le tempo frénétique, les riffs surpuissants, les solos supersoniques de la paire infernale Kerry
King/Jeff Hanneman assaillent l’auditeur de toutes parts en vagues successives irrésistibles. La voix de Tom Araya, elle, est déjà si caractéristique, grondante, claquant comme un fouet, basculant même de manière aussi subite qu’exaltée dans les aigus sur des textes malsains parlant de violence, de meurtres et de satanisme.
Mais l’atout majeur de
Slayer est sans nul doute son batteur Dave Lombardo, l’homme capable d’insuffler du punch et une certaine fluidité à une musique aussi violente. Les charges explosives se succèdent en une tornade sonore de puissance et de brutalité totalement maîtrisée et canalisée. Ainsi, le sulfureux « The
Antichrist », le très cinglant «
Die by the Sword » ou le sans concession «
Fight Till Death » s’enchaînent dans un déferlement continu laissant l’auditeur sonné, malmené, emporté comme un fétu de paille par ce torrent de puissance sauvage.
L’enchaînement avec l’instrumental «
Metal Storm » puis « Face the
Slayer » vient apporter une courte accalmie à laquelle l’auditeur s’accroche tel un naufragé à un radeau de fortune, mais c’est pour mieux ensuite succomber à la tempête finale tant le pilonnage intensif des artilleurs de première classe reprend.
Altérée, enivrée, la raison renonce, laissant la place à l’instinct guidé par un plaisir intense et bestial. Ce faisant, le très obscur «
Black Magic » l’irrésistible «
Tormentor » avec ses vocaux déraillant dans les aigus, la pure leçon de thrash à 1000km/h «
The Final Command », puis le légèrement plus calme «
Crionics » et le final «
Show No Mercy » viennent porter le coup de grâce à un auditeur agonisant.
En conclusion «
Show No Mercy » n’est certainement pas l’album que vous utiliserez pour faire la cour à une femme ou pour jouer le jour de votre mariage, ou alors pour provoquer quelques crises cardiaques dans la famille des beaux-parents découvrant un peu tard que leur fille chérie épouse un sociopathe au lieu d’un gendre idéal.
Cet album paraîtra aux puristes sans doute également un peu linéaire mais il contient une telle spontanéité, une telle énergie, une telle fougue, qu’il paraît difficile de résister un tant soit peu à ses attraits si on apprécie la musique intense.
Plus encore, le son « old school » excellent, les intro vicieuses, les riffs assassins, les solos subsoniques vrombissants et surtout ces tempi ultra rapides si caractéristiques font de «
Show No Mercy » un monument du thrash metal et du hard rock tout court.
Aussi, avec cet album, les quatre mouflets de Huntington Park accouchent d’un Monstre, d’une Légende, et donnent le coup d’envoi à une carrière des plus mythiques. «
Evil has no boundaries » dit l’album en introduction ? Cela tombe bien,
Slayer non plus.
Que du tube, de l'hymne qui trouve sa place dans les différents lives futurs et où les accointances heavy sont encore présentes (Face the Slayer). Le point de départ de toute une scène et aucun titre faible dans cet album. L'assemblage proposé ici trouvera son apogée dans la décennie mais d'ores et déjà, les bases sont posées avec une alchimie palpable.
Bonjour Fabien, aurais tu une source concernant l'année de création 1982 du groupe, car de nombreuses informations indiquent une formation du groupe l'année précédente en 1981. D'avance merci pour ton retour sur ce point.
Houlà, tant de choses ont évolué sur internet entre 2007 et 2021. Il y a notamment bien plus d'informations disponibles aujourd'hui que lors de la publication de cette critique, où je faisais davantage appel à mes connaissances personnelles ! Donc allons-y pour 1981, puisque les principaux sites s'accordent sur cette date. ++ FABIEN.
Le Trash, j'ai du mal.
15/20
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