Il s’est passé beaucoup de choses dans le camp
Slayer depuis la sortie de
World Painted Blood, en 2009. Tournée Big 4 avec
Metallica,
Megadeth et
Anthrax. Décès de Jeff Hannemann, co-compositeur et membre fondateur du groupe, auquel se substitue Gary Holt (
Exodus). Remplacement du batteur Dave Lombardo par Paul Bostaph (ex-
Slayer déjà, et ex-Forbidden). Quelques poils blancs en plus chez Tom Araya, et leadership de Kerry
King dont le professionnalisme à tous les niveaux n’est plus à démontrer. Rien qui ne laisse présager une suite capable de renouer avec la Sainte Trinité (comprendre
Reign in Blood /
South of Heaven /
Seasons in the Abyss) qui date quand même d’un quart de siècle. Les albums des années 2000, jamais fantastiques (malgré un très bon
Christ Illusion), mais jamais réellement mauvais non plus, ont quelque peu écorné le parcours des Californiens, pourtant constants dans leur capacité à rester solides en live.
A l’heure où paraît
Repentless, devancé par des titres sortis de-ci de-là n’ayant pas tous fait l’unanimité,
Slayer a opté pour deux changements majeurs. D’abord un changement de label, passant de American Recordings à
Nuclear Blast, pour la seconde fois de sa longue carrière, puis de producteur.
Exit Rick Rubin, place à l’expérimenté Terry Date aux manettes (
Metal Church,
Soundgarden,
Overkill et plusieurs dizaines d'autres groupes). Si le changement de label s’accompagne de versions packagées de l’album superbes sur la forme (pochette caractéristique bien plus réussie que celle de son prédécesseur) et complètes dans leur contenu (la box en métal "Eagle" tirée à 3.000 exemplaires déjà épuisée, le coffret
Picture-Disc + DVD + CD + Blu-Ray), la production aux petits oignons de Date dote
Slayer d’un son croustillant fort agréable. La batterie notamment, au son de caisse claire tout bonnement parfait, permet de profiter au maximum des subtilités des morceaux. Ecoutez le final "Pride
And Prejudice" le fantôme du Lombardo de "
Live Undead" -
South of Heaven 1988 - y plane magistralement. Les versions réenregistrées des titres dévoilés précédemment en sortent donc améliorés ("
Implode", "
Atrocity Vendor", notamment).
Au-delà de ces changements tout sauf anecdotiques,
Repentless marque un vraie évolution. Presque une rupture.
Exit les morceaux à 200 bpm comme il en subsistait en alternance sur
World Painted Blood. Kerry
King, devenu compositeur quasi-exclusif (seul "Piano Wire", mid-tempo anecdotique, a été écrit par le regretté Hannemann) privilégie ainsi la lourdeur, comme au temps de
God Hates Us All. Les textes de "
Implode" sont à ce titre révélateurs. Extrait choisi : "
And if i'm proven wrong, i think you know the song. I'm pretty sure
God still hates us all". Clin d’œil appuyé et référence claire de ce nouvel album.
Seul le titre éponyme fait figure de titre rapide purement thrash. Si en fin d’album, la vitesse est à nouveau ressentie ("
You Against You" ou "
Implode"), ce n’est, ce coup-ci, clairement pas ce que
Slayer a eu envie de mettre en avant. Toujours malsain, parfois lancinant (« When Stillness Comes », poussif), et mettant en avant les vocalises de Tom Araya lors de couplets ou refrains plus chantés qu’à l’accoutumée, le groupe occupe l’espace sonore de sa lourdeur, sans renier les gimmicks qui font sa force (soli échevelés, phrasés et breaks typiques). Tout n’y est pas parfait, loin s’en faut, le cœur de l’album sombrant parfois dans un mid-tempo pas fantastique ("Vices", "When Stillness Comes" donc, "Piano Wire" ou "Cast The First
Stone") et tirant quand même vers le bas un début d’album pourtant convaincant (la doublette "Delusions Of
Saviours" / "
Repentless" et "Take Control" aux faux airs de "Supremist" -
Christ Illusion 2006 -). Les Californiens ont suffisamment de métier pour revisiter leur petit manuel de morceaux convaincants ("
Implode" et son changement de rythme est devenu un des meilleurs morceaux du disque), même s’ils ne sont finalement pas légion.
S’il est possible que l’album vieillisse bien (le temps le dira, mais les écoutes successives ne lassent pas du tout, plutôt bon signe), ce
Slayer là, lourd et menaçant, n'est pas immédiat comme pouvaient l'être certains de ces grands frères. Les bons moments (on imagine bien les deux premiers titres ouvrir les concerts du groupe avec les croix renversées et l’effigie de Jeff en fond) et les particularités (le son, excellent, le jeu de Bostaph, et un choix de tempo majoritaire prêtant à discussion) font de
Repentless un album plus bancal que ses deux prédécesseurs. Sans tutoyer les sommets, faute à un nombre de morceaux mémorables insuffisant, on ne situera pas l'album dans le haut du panier de la discographie du groupe. Néanmoins, et en prenant l’album pour une catharsis possible au décès de Jeff,
Slayer ne se renie pas (pas de titre à la "Americon" cette fois - ouf), déteste toujours tout le monde dans ses textes, et offre un disque soigné, mais finalement peu marquant dans son ensemble.
je ne comprendrais jamais le déferlement de "haine" à chaque sortie d'albums...slayer fait du slayer et à 1 discographie moins " inegale" que metallica .
cet album m'a fait plaisir à ecouter ...il tourne encore et tournera encore.
Merci pour la chro Jérome.
J’ai pris mon temps avant de venir poser un com’ sur ce dernier Slayer. Histoire de ne pas me laisser emporter par un enthousiasme malvenu lié à quelques rares écoutes. Et bien non, 3 ans plus tard, j’en arrive à la même conclusion, il s’agit là de mon disque préféré du groupe depuis « Seasons ». Je le trouve d’ailleurs bien plus proche de la dite période « South »/ « Seasons » que de celle « Hell Awaits »/« Reign in Blood », avec notamment la présence de ces titres mid tempi, et ça me va parfaitement. « Delusions of saviour » m’a ainsi renvoyé direct à l’époque d’un South of Heaven.
En fait, je ne m’ennuie jamais à l’écoute, à l’exception de « When the stilness comes » que je trouve un peu chiant. « You against you » arrache (avec son petit côté « Painkiller » dans le riff je trouve), « Take control » dépote, « Atrocity vendor » également, « Vices » reste bien en tête après quelques écoutes. Même « Piano wire » ne sonne pas à mes oreilles comme un mid tempo anecdotique. Ok le riff n’a rien d’original mais ça le fait chez moi.
Peut être que ce ressenti très positif est lié à la performance d’Araya que je trouve absolument parfait tout au long de l’album (sur « Chasing death » c’est régalade). Bostaph aussi déchire tout. Avec cette prod’ de Date qui va bien en bonus.
Mon gros regret ? Que Holt ne soit pas plus présent en lead. Sur les 3-4 titres où il balance des soli (rien n’est mentionné sur le lp pour « You against you » mais dans le clip c’est lui qui les tape quasi tous), cela ajoute à mon sens un vrai truc par rapport à ceux déjà mille fois entendus de King - le premier solo de « Cast the first stone » aussi est terrible –.
Et puis j’aime beaucoup la pochette. En version lp, je la trouve très réussie.
Sinon, Slayer semble avoir gardé son goût avéré pour la provoc’ gratuite en sortant le skeud un 11 septembre. Cela ne peut pas être un hasard.
Enfin, j’ai bien rigolé en constatant que pour mater le clip de « Pride in prejudice » sur YT, il faut se connecter et prouver que l’on a plus de 18 ans ! Et donc, je l’ai pas vu :-)
Il faut absolument que je réécoute cet album. Paul Bostaph est un de mes batteurs préférés.
J'ai moi aussi pris mon temps avant de poster mais je suis formel, cet album reste un de mes préféré du groupe.
Je peux l'ecouter en boucle pendant plusieurs jours, tout comme je l'ai fait à la sortie de South Of Heaven.
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