Lorsqu’un groupe devient muet, perdant un musicien aussi remarquablement caractéristique que son chanteur, qui constitue sa voix et, surtout, une de ses spécificités les plus à même de définir son âme la plus particulièrement différente, il émane alors de sa part une réelle volonté de prouver au monde que le choix de celui devenu le nouveau porteur de sa parole, exprimant ses pensées créatives les plus profondément intimes, est légitime. Pour ce faire, pour convaincre un auditoire sceptique et divisé, perdu, pour une part, dans la nostalgie des premiers émois de ses souvenirs anciens et, pour d’autres, dans la ferveur fanatique des premiers troubles délicieux de la découverte de cette nouveauté, nul meilleur endroit que la scène. C’est effectivement en venant défendre ses convictions directement face à ses détracteurs, et à ses adeptes, que le groupe saura démontrer toute la légitimité et les espoirs fondés dans ce « nouveau » départ.
Quand
Andre Matos, emblématique et adroit compositeur s’il en est, quitte
Angra, après l’échec retentissant d’un
Fireworks qui provoqua cette fracture définitive, nul n’ignore que son remplacement est une contrariété immense dont la résolution délicate peut définitivement ébranler le groupe brésilien. Même si le registre, et le talent, d’Edu Falaschi n’est pas tout à fait similaire, ses capacités semblent n’être nullement, ou si peu, mises en doute. Et ce, d’autant plus que, sans réelles bouleversements profonds,
Rebirth marquait une détermination indéfectible de réunir le peuple
Angra autour de ses valeurs les plus structurantes. En puisant allégrement à la source de ce qui fit les vertus définissant le caractère le plus propre, et le plus délicieusement unique, des hommes de la terre de braise, cette œuvre est, malgré ses défauts, la pierre fondatrice du renouveau d’
Angra.
Mais c’est face à son peuple que le groupe devra être probant.
Témoignage vivant du lien qui unit un groupe à son public, un album live exhale toujours les parfums émouvants de cet attachement. Enregistré en terres conquises, en son fief de Sao Paulo, durant la tournée qui succéda à
Rebirth, cette œuvre nous fait basculer d’emblée dans les tourments d’un trouble troublant. La production catastrophique de ce live offre, en effet, à l’ensemble, un vernis désagréable, pour ne pas dire irritant qui nous étrangle dès l’entame d’un
Nova Era. Lorsqu’Edu entonne ses premières notes, le titre développe une atmosphère particulière. Cette cacophonie est imprécise et les guitares lointaines s’expriment dans un mixage maladroit, et duquel il apparait comme ardu d’extraire, aussi, toutes les subtilités d’un chant encore plus lointain et enfermé, de surcroît, dans un halo de reverb agaçant.
Essentiellement axée sur
Rebirth, et ce, notamment, pour mettre le nouvellement venu, Edu, dans une certaine facilité, mais aussi pour défendre le visage, pas réellement nouveau, d’
Angra, cette œuvre en donne étonnamment, au-delà de ce mixage insupportable et déshonorant, une vision plus intéressante. On ne pourra s’empêcher de penser qu’avec cette œuvre, Rafael
Bittencourt et les siens, de par ce choix de morceaux, voulurent clore définitivement un chapitre. Cette volonté, consciente ou non, est encore plus indéniable lorsqu’en lieu et place de la sempiternelle reprise de Painkiller de
Judas Priest, coutume perpétuée sous l’ère Matos,
Angra reprend The Number of the
Beast d’Iron Maiden. Reprise qui, d’ailleurs, soit dit en passant, est très sympathique mais sans grand intérêt.
Bien sûr, il eut été préférable que
Kiko Loureiro et les siens nous proposent davantage de morceaux issus des antiques années, glorieuses, du groupe. Car, si on ne peut s’étonner de cette mise en exergue de ces titres plus récents, certains autres illustres auraient, eux-aussi, mérité d’apparaitre ici. Quoiqu’il en soit, la présence, pour ainsi dire indispensable, des excellents
Nothing To Say et
Carry On, mais aussi des très bons
Angels Cry et Time est très appréciable. On peut d’ailleurs noter que, sur ces morceaux, Edu est irréprochable. Loin de contrefaire, dans l’exécution idiote et caricaturale d’une similitude, trop souvent, de rigueur, il s’exprime librement, sans s’enferrer dans les postures de son prédécesseur.
Cette œuvre, qui aurait dû constituer la consécration méritée d’une renaissance réussie, n’est qu’une ombre décharnée. Affublée d’un son catastrophique, aux guitares bien trop reculées et au chant encore plus en retrait, et de plus enlaidis d’une reverb atroce, ce
Rebirth live n’est rien d’autre qu’un opus hautement dispensable. On pourra aussi regretter l’absence de certains morceaux oubliés, pourtant charismatiques, d’
Angra, bien que cette, petite, imperfection soit, reconnaissons-le, somme toute, assez subjective.
Pourtant, j'ai quelques écoutes de morceaux sur Youtube. Et je ne suis pas d'accord pour Edu, c'est un excellent chanteur, mais sur les morceaux chantés de Matos, ça craint je trouve, sur Carry On, je le trouve très poussif, et je n'aime absolument pas.
Il est quand même mieux avec le registre qu'il à choisit pour Almah. M'enfin ce n'est qu'un avis personnel !
Très bonne chronique comme toujours.
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