En
1994 Marduk n’est encore qu’un groupe de Black
Metal parmi tant d’autres, loin des
Emperor,
Mayhem et
Darkthrone. Les suédois avaient pourtant trouvé leur voie avec
Those of the Unlight déjà chez
Osmose Productions (1993) après un premier album
Dark Endless (1992) plus Death que Black mais bien moins percutant que le Soulside
Journey de leur voisin norvégien
Darkthrone.
Voilà donc B.
War (basse), Fredrik (batterie), Joakim (chant) et Morgan (guitare, membre fondateur du groupe et seul rescapé du line-up de 2008) prenant le chemin du
Hellspawn Studio pour enregistrer leur troisième album. Ils ne confient pas le mixe et le mastering à n’importe qui puisque les blackeux font appelle à Dan
Swanö, déjà connu en tant que maître à penser du groupe de Death
Edge Of Sanity. Alors vous vous dites peut-être que le sieur Dan aura concocté une énorme prod’ de derrière les fagots ? Que nenni, mais c’est heureux, quel impact aurait-eu
Opus Nocturne (1995) avec un gros son stéréotypé ? Moindre m’est d’avis, comme nous verrons ça plus bas.
Visuellement,
Opus Nocturne est une merveille : la peinture du jeune Kris Verwimp (qui travaillera plus tard pour
Absu,
Thyrfing,
Moonsorrow,
Enthroned,…) quasiment inconnu à l’époque est une véritable ode au démon, à l’occultisme, à la luxure et à la décadence païenne. Cette fabuleuse pochette, l’une des plus marquantes de l’histoire du Black
Metal, fut déterminante, aussi bien pour la carrière de
Marduk que pour celle de Kris Verwimp.
L’orgue d’église en intro nous met simplement en condition avant de recevoir
Sulphur Souls violemment dans les esgourdes, « Praise
Hail Satan » sont les premiers mots de l’album et posent le décor, c’est rapide, agressif, blasphématoire et avec cette production crue (les détracteurs diront creuse) et minimaliste on a vraiment l’impression que les musiciens jouent live, d’où cette atmosphère noire et sincère suintant de ce disque. Même les mélodies semblent tout droites sorties des enfers et n’affaiblissent en aucun cas les chansons.
Les titres sont oppressants grâce aux blast-beat omniprésents, mais agrémentés ponctuellement de breaks, aérant magistralement le tout, à l’image du long et dévastateur From Subterranean Throne Profund. Qui dit album culte dit titre du même acabit,
Autumnal Reaper au début duquel Joakim hurle à en glacer le sang, est un modèle du genre, et quelle intensité dans le jeu de guitare ! Le linéaire situé à 1:50 est diaboliquement entraînant tout comme le pont qui suit, le titre le plus brutal de l’album, préfigurant déjà du suivant
Heaven Shall Burn...
Seul Materialized In
Stone semble calmer un peu le jeu avec une agressivité moins marquée sans pour autant négliger le côté occulte, on croirait presque entendre sur ce titre une version Black des vieux
In Flames et
Dark Tranquillity. Mais après un repos du guerrier bien mérité
Marduk retrouve très vite ses velléités belliqueuses sur Untrodden
Paths (Wolves 2) qui est la suite d’un titre présent sur
Those of the Unlight, débutant dans un déluge de guitares acérées, de basse vrombissante et de coups de caisse claire claquants comme un fouet (quand je vous dis que la production est un atout), le supplice ne finira qu’à la fin du morceau, l’auditeur restant accroché à une telle démonstration de force malgré un pont central comme pour souffler un peu entre deux séances de torture avant l’agonie finale...
Opus Nocturne est plus atmosphérique : les voix parlées (présentes aussi sur Deme Quaden
Thyrane) accompagnent des guitares mélancoliques dans un hommage convaincant à la nuit, sa beauté et bien sûr sa noirceur.
Bref plus qu’un riff particulier par ci ou un changement de tempo par là sur tel titre, c’est l’ambiance générale de
Opus Nocturne qui captive, moins crasseux que
Darkthrone mais plus agressif.
Marduk redéfinira avec ce disque les bases du Black
Metal suédois, se singularisant par rapport à la scène norvégienne et entraînant dans son sillage les
Setherial et autres
Dark Funeral, brutaux et impitoyables (au détriment de l’ambiance diront certains).
Marduk sort ici son chef d’œuvre incontesté, loin de ses productions plus récentes oscillantes parfois avec hésitation entre Death et Black
Metal. Aucune ambiguïté d’ailleurs sur The Sun Has Failed clôturant le CD, une ultime déflagration de rage nous menant tout droit à la damnation et on finit seul, comme sur la fin du disque : seul avec notre haine, au milieu du froid, de l’orage et du vent...
BG
Oh que si on les lit les chroniques!
Bien évidemment que nous lisons les chroniques des anciens albums .... comment veux-tu se faire une idée quand on est novice dans un style musical (cela fait un an que j'assiste et que j'apprécie les concerts de Black et de Death) .... donc vos chroniques sont très utiles pour essayer de choper les meilleurs albums des groupes quand on a autour de 20 ans de retard dans certains styles .... encore merci
C'est un sacré classique du genre cet opus nocturne qui porte diablement bien son nom baigne dans une atmosphère noire que le groupe suédois aura bien du mal à retrouver par la suite et cette production quelque peu vieillotte et roots à souhait sied parfaitement bien au style. A posséder ! !
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