Pondu un an à peine après
Solid en 1997, le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec ce
No Limits, Udo avait décidé de mettre un grand coup d'accélérateur pour débuter cette reformation du groupe. Désir de rattraper un hypothétique temps perdu? Volonté d'oublier rapidement les dernières expériences "Accept-iennes" des années 90 qui furent peu à son goût? Envie d'en découdre? Les théories sont ouvertes et vos suggestions (même les plus farfelues) sont les bienvenues.
Toujours est-il que notre "grand" copain en treilli militaire n'a pas troqué ses bottes de combat pour des tongues de vacance. 'Croyez quoi? Que l'escouade
UDO c'est l'genre à se foutre les doigts de pied en éventail, sous le soleil d'Espagne? Que nenni. C'est dans leur vaisseau de guerre et l'arme à la main qu'ils reviennent sur ce terrain graveleux! Ce champs de roche, d'acier et de poussière sur laquelle résonne les incessantes ondes métalliques.
Tranchantes, implacables, continuelles.
- Arrivée du
No Limits imminente! Prière d'attachez vos ceintures et de finir vos bières (allemandes). Le débriefing aura lieu séance tenante après l'atterrissage. Alors traînez pas, bande de phoque!
C'est dans un vacarme ravageur que le navire de combat se pose. Le paysage est désertique, mais l'atmosphère tape dur.
Pas un coin pour les branquignoles. Les deuxièmes pompes sortent en rangs par deux et se regroupent autours du sergent-chef. Vue d’extérieur, le
No Limits a l'air d'avoir morflé. Certes, il a conservé sa silhouette fière, élancée et prompte à déchirer l'espace-temps. Mais il reste difficile de ne pas y voir les impactes et les gnons qu'il a prit dans le ventre. Non vraiment, il était temps de reposer pieds à terre.
- Soldats! Notre expéditions n'a pas été de tout repos! Et si le bilan n'est pas noir, on ne peut pas non plus dire que ça brille du plus bel éclat. J'en attendais un peu plus de votre part!
- Mais monsieur, on a pourtant tout donné...
- SILENCE! C'est qui l'sergent? C'est toi l'sergent, ou c'est moi?
- Vous, sergent.
- Affirmatif! Quand tu seras sergent, tu "sergenteras". Pour l'instant tu la fermes.
...Reprenons!
No Limits, c'est ça : un bon album de Heavy
Metal, dans la pleine continuité de
Solid, mais archi convenu et un peu cabossé par endroit. Ô certes, le labeur fournit a son lot de qualité. Le problème c'est que ça marque moyennement l'esprit et qu'on pourrait avoir tendance à lâcher prise. Toutefois, ne soyons pas plus mauvaise langue que nécessaire : la première partie vous accrochera l'oreille sans peine. Naviguant entre les titres "pieds au plancher" aux chansons plus rock, en passant par quelques passages atmosphérique, y'aura de quoi se régaler.
Débutant par The
Gate, cette petite intro fait office de chauffage des réacteurs, sur laquelle on sent une petite montée en puissance. Avec Freelance Man, on embraye directement sur la seconde et on vous propulse plein feu dans un déluge ravageur. On peut dire que le décollage de l'album se passe bien. On est en terrain connu, et
UDO balance la sauce comme il sait très bien le faire : refrain qui fait mouche et rythme tout feu tout flamme.
Pas de fioriture non plus avec ce One Step To
Fate qui dépote grave! Riff limite thrash, batterie en mode artillerie lourde, puissance et rage. Des titres qui n'auraient pas dépareillé sur
Solid (à noter la présence du premier guitariste/soliste Matthias Dieth sur One Step To
Fate)!
Perte de vitesse, malheureusement, avec ce Way Of
Life bancale.
Pas foncièrement mauvais, ayant même de bonnes idées... mais refrain assez plat, il faut le dire. Le plus incompréhensible cependant, c'est de voir ce titre repris sur l'album
Mission No. X, 7 ans plus tard. Quit à en reprendre un, 'pouvaient pas en prendre un meilleur? A noter que sur la deuxième version, l'intro a disparu et le solo est différent. Ca ne relève fâcheusement pas le niveau.
Heureusement qu'aux alentours, quelques titres débarquent en force et électrise à nouveau l'ambiance! Udo a repris les commandes et a redressé la trajectoire d'un vaisseau qui piquait un peu du nez. Que ce soit avec le
No Limits "mid-tempo-made-in-
UDO" aux guitares galopantes, ou un plus sombre et oppressant With A
Vengeance (et sa superbe intro!) qui ralentira à nouveau la cadence, on reprend de l'altitude.
- Soldats! Aurait-on -par le plus grands des hasards- une bleusaille un tant soit peu plus cervelée que le reste de ses camarades pour nous dire quel a été le schéma parcouru jusqu'ici?
- *
Silence oppressant* ...
- Personne?
Pas une once de réflexion dans ces bulles vides qui vous servent de boîtes crâniennes?
- Sergent?
- Oui Soldat?
- L'alternance, Sergent! Notre expédition a été marquée par une alternance continue entre le rapide et le lent, à chaque étape de notre exploration.
- Excellent Soldat! Cuistot! Vous vous assurerez que ce troufion ait une deuxième part de flageolet!
Et comme vous l'aurez surement deviné, la deuxième partie ne dérogera pas à la règle...
"Zone de turbulence à haute probabilité ! Champs de météorites en vue!"
C'est sans doute par ici que le vaisseau
No Limits s'est pris des parpaings par dizaines, et a flanché. Citons les gros points d'impact : Raise
The Crown,
Manhunt, I'm Rebel... très convenu, archi convenu, trop trop trop convenu! Oui oui, vous allez me dire que fondamentalement c'est pas mauvais, et je serais d'accord. Le refrain de Raise
The Crown est sympa mais la chanson entre par une oreille et sort de l'autre. Le riff de
Manhunt martèle, mais on ne retient pas grand chose non plus. Et la reprise d'Accept est sympathique mais inutile : une version plus musclée sur un live aurait fait l'affaire (ce qui a d'ailleurs été fait par le groupe). Ici, la bonne humeur du titre se fout vraiment en porte à faux avec le reste de la galette. C'est dommage et très con, parce qu'on perd une cohésion qui jusqu'ici donnait une identité profonde à
No Limits.
Reste Backstreet Loner,
Rated X,
Lovemachine (reprise de Supermax) et
Azrael, écrit (pour
UDO) par un musicien allemand du nom de Albert Böhne. Rien d'exceptionnel pour les trois premiers cités, même si on remonte d'un cran... Sympathique Backstreet Loner au prélude bien bluesy, et avec un corpus assez classique, mais bien ficelé. Des solos qui font penser du Accept époque Objection Overruled (et des refrains bien en chœur... et oui, encore!).
Rated X, c'est toujours très convenu pour du
UDO, mais les quelques sons et nuances "guitaristiques" accouplés à un refrain bien catchy sauve le titre. Quant à
Lovemachine et ses airs glamours cyberpunk style année 80, on tient une bise d'originalité qui aère le paysage, et ré-accroche un peu l'attention de l'auditeur.
Il convient cependant de souligner cette fin de course avec
Azrael, qui re-stabilise un peu le navire. Là en revanche, on finit en beauté! Je parlais des ambiances sombre de With A
Vengeance plus haut, je pourrais utiliser des qualificatifs semblables pour
Azrael : lancinant, menaçant, oppressant. Un long fleuve sombre faisant peu de vague, mais dont l’inquiétante tranquillité a quelque chose d'hypnotisant. Gros coup de maître ici! Par sa composition musicale,
UDO a su refléter à la perfection l'esprit des paroles écrites par Albert Böhne.
Par-contre, si vous avez la chance d'avoir l’édition limitée, l'album se terminera par le bonus The Key : mid-tempo lui aussi assez classique mais de qualité. Et surtout profondément en phase avec le visage de
No Limits. A mon très humble avis,
UDO y aurait gagné en éjectant du CD les Raise
The Crown,
Manhunt, I'm Rebel, et en incluant ce bonus comme chanson à part entière. Dommage encore une fois. Reste qu'on peut toujours modifier légèrement la playlist, tenter ces quelques modifications, et ré-écouter
No Limits... même s'il reste frustrant de se dire qu'on écorche l’œuvre d'un artiste pour la faire sonner un peu mieux. Ce qui de surcroît peut aussi paraître ultra prétentieux! A chacun de voir, encore une fois.
Je donne un 12/20. Il y a du niveau sur cette album, mais aussi du remplissage fade, et quelques erreurs de cohérence générale. Un fan de
UDO comme moi pourrait monter légèrement la note, un autre la ferait sans doute un peu descendre. 12/20 me paraît être un bon milieu.
No Limits se laisse volontiers écouter, quoique pas aussi puissant que
Solid, et ma foi moins bon que le fulgurant
Holy qui a suivit l'année d'après. Un album de transition mais qui, somme toute, vaut la peine qu'on se penche dessus.
- Exceptionnellement soldats, je vous épargne les lavages des chiottes à coup de brosse à dent. L'expédition s'est achevée correctement et sans trop de dégâts. Vous pouvez rejoindre vos quartiers et prendre quelques heures de repos. Mais soyez assurés que vous boufferez vos slips sales et crasseux pendant quelques jours, si à l'avenir vous osez me refaire les mêmes fautes de goûts!
M'est avis que durant la
Mission No. X de 2005, cette pauvre bleusaille a du avoir quelque crampe d'estomac. Mais ceci est une autre histoire...
Merci pour la chro, très sympa!
J'attendais pas grand chose du skeud et il est effectivement sympa sans plus. Avec des soli que je trouve trop en dessous. Dieth n'est plus là, hélas. Un album comme souvent trop long. 3 titres en moins m'auraient bien mieux convenu.
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