UDO nous avait fait une excellente offrande avec
Holy en 1999. Une remise à niveau qui avait mis tous le monde d'accord, après le très convenu
No Limits. Le groupe retrouvait un second souffle et crachait son feu ardent sur le monde métallique. La question qui se posait ensuite, c'était comment succéder à ce brûlot de Heavy pur et dur sans tomber dans la ré-edit à deux balles, ou de faire dans la surenchère de lourdeur? Passage épineux pour la troupe du blondinet teuton, mais qui s'en sont tout de même sortis avec les honneurs. Développement ci-dessous.
Pour commencer, je tiens à faire une petite précision pour ceux qui auraient lu mes quelques chroniques de
UDO : ce que je vais dire ici n'aura rien de très différent concernant
Man and Machine. Après tout, c'est bien de
UDO qu'on parle, non? La bande du grincheux allemand, c'est comme les recettes culinaires de Grand-Maman : ça n'évolue pas beaucoup, mais on aime toujours autant.
Mais -car il y a un "mais"-, il n'est pas inutile de revenir sur cet homme et cette machine. Car au contraire des albums qui suivront (
Thunderball, Mission X,
Mastercutor, etc.),
Man and Machine est plus fin, plus aéré, et même les compositions de "seconde zone" accrochent l'oreille. C'est un peu la continuité de
Holy, mais où l'aspect brute (sans être aux abonnés absents) aurait été relégué en second plan.
Peut-être pour ça que certains fans ont moins accroché à cet album? Dans tous les cas, peu de bourrinage ici, mais du Heavy bien catchy et de bonne facture révélant un aspect peu connu du groupe. Un groupe qui décide cette fois-ci de ralentir un peu le rythme.
Chaque chanson possède cette petite touche, cette petite mélodie qu'on retient du premier coup, et on sent bien qu'un immense travaille a été fait à ce niveau. A ce propos, j'ai très mal choisi mon terme quand je parlais plus haut des compositions de "seconde zone" (vous savez, celles qui s'inscrivent en deçà des hits d'un album). Car il faut avouer que même les
The Dawn Of The Gods,
Silent Cry,
Black Heart font leur petit effet. La sensation désagréable (et trop redondant) du "remplissage" ne se ressent pas : chaque piste offre son lot de qualité. Le spectre d'Accept plane aux alentours, pas de doutes.
"Bon, et les moments forts de la galette?", me demanderez-vous.
Il y'en a, et des bons! Le titre d'ouverture,
Man and Machine, est l’archétype de l'exercice sur lequel excèle nos amis allemands. Si je vous dis : "Mid-tempo martial et carré, proche d'une marche militaire, mais n'oubliant ni les mélodies, ni les 'refrains-hymnes', et donnant envie de lever le poing", ça vous rassure?
Celui qui répond 'non' est prier de repartir se tripoter la nouille devant l'Eurovision (de mes deux)...
Mais ce n'est pas tout, évidemment. On a les "speederie" habituelles, très rentre-dedans, prompt à nous graver le refrain dans le cervelet! Envoyez-vous
Network Nightmare et Private Eye, le constat se fera de lui-même : ça riff en tout sens, les guitares envoient leurs hurlements, la batterie martèle en puissance, le tout sous la bienveillante voix rocailleuse du Kolonel
Dirkschneider. On sera ravi de constater que le léger lissage du son n'a pas castré nos musiciens.
Mais là où
UDO surprend, c'est par ses quelques titres mid-tempo tantôt émouvant, tantôt inquiétant et transpirant d'une rage contenue. Like a
Lion en est un parfait exemple! Y'a de la volonté là-dedans, de l'âme aussi, et on sent que c'est chanté avec les tripes et le coeur. Pareil pour cet Animal
Instinct qui montre les crocs envers ce monde aseptisé, rangé, bureaucratisé, dégoulinant de pourriture à force de considérer ce qui existe sous l'unique angle de la consommation. Un monde où forcément, il devient de plus en plus "
Hard To Be Honest", c'est même Udo qui le dit en 10ème position du CD ('scuzez la blague foireuse, j'ai pas pu m'empêcher).
Hard To Be Honest donc, titre bien heavy/rock, duquel ressort également de l'émotion et de la conviction.
L'album se termine en douceur avec un Unknow Traveller très atmosphérique, et faisant la belle part aux envolées mélodiques. Un final appréciable qui fera retomber l'auditeur dans un calme salvateur. Une réussite là encore.
Ah oui, j'oubliais...
La ballade chantée avec
Doro,
Dancing with an Angel. Hem... C'est disons, amusant. La grosse voix du grogneur aux côtés de la douce
Doro, ça donne du relief, c'est sur. Quant à la chanson elle-même, faut avouer qu'elle est un peu niaise, même si pas foncièrement déplaisante. Un titre que j'aurais plutôt vus en bonus sur un digipack.
Pour finir, j'ajouterais que c'est un excellent album sur lequel je reviens souvent et que j'écoute toujours avec beaucoup de plaisir. La qualité est au rendez-vous, et toutes les chansons vous agrippent à un moment où à un autre. Peu de baisse de régime -ou pas de baisse du tout si on exclue la ballade niaise- mais une succession agréable d'ambiances différentes, et très bien construites.
Et puis bon, ne vous inquiétez pas trop sur l'aspect "soft" de
Man and Machine, c'est surtout relatif aux albums qui ont suivit. Fondamentalement, vous ne serez pas dépaysé : c'est bien de
UDO dont on parle!
...mais un
UDO un peu plus fin que d'habitude.
A recommander!
Note : un 17/20 amplement mérité.
je ne suis enfin plus seul à trouver cet album génial auquel j'ai donné 18/20. Jamais UDO ne fut si prés de l'ACCEPT période METAL HEART. Contrairement aux 2 précédents commentaires j'apprécie vraiment le son que je trouve épais et bien aéré malgré tout. Comme tu le soulignes, à part la ballade avec DORO, rien ne mérite la poubelle. La linéarité des titres est absente et l'inspiration bien là, contrairement aux 2 oeuvres qui suivront.
Alors c'est sûr, on écoute ces disques avec un certain plaisir quand même mais pour moi l'étincelle n'était plus là, et ce Man & machine est le dernier que je possède; ça fait d'ailleurs une paire d'années que je ne l'ai pas passé, je vais donc remédier à ça. Un disque à me conseiller peut-être pour me faire changer d'avis?
Bon si tu recherches la finesse guitaristique propre à l'époque Dieth, ça va être difficile de te conseiller quelque chose. Par-contre, si tu veux tout de même du bon riff, du rythme endiablé, des refrains qui arrachent, alors pose une oreille sur Mastercutor (sans les bonus tracks, sinon c'est un peu long)!
Quelques expérimentations intéressantes, pas mal de reliefs musicaux assez inspirés. Vraiment un bon cru que je classe également dans le très bon!
P.S. : Sur No Limits, Matthias joue sur le titre One Step To Fate ;)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire