Il a passé du temps, depuis que leur morceau "Condemned to the
Gallows" a permis à
Voivod de se faire connaître, sur la compile
Metal Massacre V en 1984, en compagnie des futures pépites
Metal Church et
Overkill. Lorsqu'on célèbre quarante années de carrière, un gâteau plein de bougies c'est bien joli, mais pour marquer le coup, les canadiens ont choisi de repartir en studio. L'idée de départ était d'enregistrer un nombre de titres qui puisse tenir sur un vinyle, et un bonus à rajouter sur la version CD -une reprise de PIL, "
Home". En plus de choix cornéliens de morceaux représentatifs, l'exhumation de "Condemned to the
Gallows" a provoqué quelques contretemps inattendus, car les mecs de
Voivod n'avaient plus trace des paroles originales... C'est la sœur de
Snake qui les retrouva chez sa mère, sur une vieille page de cahier d'écolier !
Réenregistrer des vieux morceaux est un exercice des plus casse-gueule, et ce d'autant plus que ça a l'air facile. Des vieux briscards comme Flotsam ans Jetsam ou
Annihilator s'y sont cassé les incisives, en faisant un reboot poussif d'un album en particulier. Le mieux étant l'ennemi du bien, comme on dit, il vaut mieux laisser son premier jet tel qu'il était.
Away (batterie),
Snake (chant), Rocky (basse) et Chewy (guitare) sont fidèles au rendez-vous, et il y a quelques invités à la fête, parmi les anciens membres du groupe :
Jason Newsted, alias Jasonic, et Eric Forrest alias
E-Force. L'album a été enregistré en grande partie en prises entières, pour capter le max de tension et d'énergie, et mixé par Francis Perron, au RadicArt Studio (Trois Rivières, Canada), le mastering étant confié à Maor Appelbaum. Pour la production, ce sont les
Voivod qui ont pris les rennes.
Le titre choisi pour l'album "
Morgöth Tales" a aussi sa petite anecdote, puisqu'il vient d'une photo récente de Tom G
Warrior et Away, qu'un internaute avait commenté "
Morgöth Tales", en référence à
Morbid Tales de
Celtic Frost. "
Morgöth Tales" est paru le 21 juillet 2023 chez
Century Media Records.
Si l'exercice du best of réenregistré avait de quoi faire peur, je n'étais pas inquiet, et pour cause : j'ai pu entendre une grande partie de tout cela joué live au Hellfest 2023, et j'en étais sorti avec un sourire de béatitude. Les neuf chansons sont donc issues de diverses périodes, dans l'ordre chronologique, ce qui donne un bon aperçu de l'évolution de l'univers du groupe.
Certains titres bénéficient grandement de la cure de jouvence, et en premier lieu le préhistorique "Condemned to the
Gallows", dont l'original descendait directement du Motorheadicus. Dans cette version bien plus carrée et aboutie, on realise qu'une grande partie du
Voivod à venir était déjà là.
"Nuage Fractal", tiré de "
Angel Rat", se retrouve musclé de belle manière. En revanche, "
Killing Technology" a perdu un peu de sa rage et de sa profondeur rauque. Au fur et à mesure de l'écoute, c'est le fil rouge de l'expérimentation qui trace une transversale torturée sur cette rétrospective autour de jalons comme "
Thrashing Rage", "Macrosolutions To Megaproblems" ou "Rise", comme des morceaux de code épars qui en reforment un autre, mis bout à bout, quasiment un vrai nouvel album.
Le choix a apparemment été d'unifier le ton du disque et de faire évoluer comme un tout. L'inédit, "
Morgöth Tales", composé dans leur tourbus pendant leur tournée européenne avec
Opeth en novembre et décembre 2022, est tout à fait dans la lignée de leurs derniers opus. Le son est en fait assez proche de celui de leur dernier album "
Synchro Anarchy", si ce n'est qu'il est un peu plus neutre, avec moins de profondeur dans les basses. Mais tout est parfaitement audible, et surtout l'habillage sonore est compatible avec toutes les époques revisitées.
La réussite de "
Morgöth Tales" vient de son unité et qu'il représente bien ce qui rend
Voivod unique : un voyage et une odyssée entre rêve et cauchemar. Les chiens fous qui défouraillaient dans les années 80 n'ont rien perdu de leur originalité, même si leur guitariste Denis d'Amour n'est plus là, son héritage refleurit ici.
La seule faute de goût de cet album est finalement son artwork, centré sur un personnage casqué entravé par une espèce de camisole crottiforme. Away, qui a réalisé tous les visuels de
Voivod, est capable du meilleur (la pochette de "
Rrröööaaarrr", plus Druillet que nature), comme du pire (celle de "
Angel Rat", entre autres), et là... pas de bol.
Il n'empêche que c'est un cadeau fait avec amour pour leurs fans, sans compter la tournée qui va avec. Les Canadiens visent déjà un nouvel album, et maquettent au fur et à mesure les idées qui leur viennent sur la route. Car l'histoire de
Voivod n'est pas finie, loin de là.
Swit35: C'est corrigé pour "Condemned under the Pillow" ;-) En parlant du Hellfest, j'ai trouvé que la setlist était très bien foutue et complémentaire de l'album, plus axée sur l'énergie et la vitesse... J'ai fait un report sur la journée du samedi du Hellfest 2023.
Concernant les artworks d'Away, ça fait partie du folklore du groupe, on va dire...
LeMoustre: Pour le coup, ça vaut l'achat, clairement, ça sonne pas comme une compil. Il y a guère que le roulement pourrave d'intro qui est d'origine, je crois, ah ! Ah !
Je préfère le disque anniversaire de Voivod à celui d'Anthrax, par exemple (plus complet, plus live, mais plus inégal).
Acheté hier soir, du coup. Une grosse moitié d'écoute (jusqu'à Fix My Heart). Soit la partie la plus intéressante de Voivod dont le concept et les compositions frôlaient le génie.
Personnellement j'adore tout d'eux, de War and Pain à The Outer Limits, sans exception, la période Forrest m'a bien plu, c'était différent, mais cohérent.
Moins indulgent sur la période Newsted bien plus anecdotique.
Depuis du bon (The Wake) et du plus dispensable, mais toujours sympa, même si les rais musicaux sublimes ont disparu.
Petite faute de frappe : Flotsam And Jetsam (et non Ans).Sinon il est mentionné nulle part d'une première démo nommée "Condemned To The Gallows", mais uniquement que ce titre (que tu as mal orthographié à la 7ème ligne) est issu de la démo "To The Death !..." (1984) et a été sélectionné pour figurer sur la compilation Metal Massacre V (1984).
Growy : Corrigé pour le morceau sur la compile Metal Massacre V, merci !
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