On peut dire globalement que tous les albums de Voïvod sont uniques, par leur contenu bien sûr, mais également par leur contexte.
Cet album éponyme est sans doute l'un des plus symboliques de l'histoire du groupe: enregistré après un bref arrêt du groupe, premier album avec
Snake au chant depuis 10 ans (qui avait quitté le groupe pour désaccords et problèmes personnels, il partageait cependant toujours ponctuellement la scène avec ses anciens coéquipiers), album qui marque l'intégration de
Jason Newsted (ex-
Metallica) à la basse (ainsi que le départ d'Eric Forrest pour son projet
E-Force) et à posteriori, dernier album du vivant de Piggy...
Pour toutes ces raisons, on attendait beaucoup de cet album: retour aux sources du groupe avec son line-up d'origine quasi au complet, un accroissement de notoriété avec la présence de
Newsted - qui est un ancien soutien sincère du groupe, et voulait profiter de sa notoriété acquise entre autre chez
Metallica (avec qui il s'était mis en froid, contribuant indirectement à la catastrophe St
Anger) pour leur filer un coup de main -. Retour du groupe après une pause aussi, sans doute propice à l'inspiration...
L'album a eu un accueil mitigé à sa sortie pour toutes ces raisons qui furent plus ou moins remplies.
E-Force tellement de visibilité supplémentaire, pas tellement de retour aux sources d'avant les années 90 (qui leur auraient valu l'intérêt des thrashers), une coupure complète avec l'ère Forrest et globalement, un album à qui l'on a reproché une approche commerciale, tout comme la plupart des sorties de
Voivod de la dernière décennie dont cet album s'est inspiré. Il fut parfois même désigné comme l'un des moins bons albums du groupe dans certaines chroniques de l'époque.
Avec le recul que l'on a maintenant, que peut-on dire sur cet album?
D'abord la pochette: Away, tout en restant dans sa thématique très SF et personnelle, nous gratifie d'une pochette qui se détache des sorties précédentes du groupe avec un dessin isolé entouré du nom du groupe, un peu à la manière d'un sceau (on ne retrouvera cette disposition que sur
Infini quelques années plus tard). Les textes de
Snake restent aussi dans la même thématique mais abordent aussi des thèmes plus personnels comme sur
We Carry On et I Don't Wanna
Wake Up.
Après les livrets très sombres de
Negatron et
Phobos, on retrouve beaucoup plus de couleurs et de références psychédéliques dans celui ci, finalement un peu à l'image de la musique comme nous allons le voir.
On a reproché le côté commercial et radio-friendly de l'album par rapport au mélange Rock/
Metal qui le compose, piochant comme on l'a déjà dit dans leurs sorties des années 90, en particulier
Nothingface,
Angel Rat et
The Outer Limits.
Ce n'est pas faux, l'album contenant son lot de tubes:
We Carry On avec ses riffs entêtants, les très radiophoniques et sans risques
Gasmask Revival et Real
Again, les très floydiens The Multiverse et I Don't Wanna
Wake Up...
Mais tout de même, limiter cet album à du beurre dans les épinards des Québecois serait exagéré.
La patte unique et dissonante de Piggy à la guitare est largement présente sur tout l'album, donnant un certain cachet aux compos les plus plates (l'ambiance de mi-titre improbable sur
Gasmask Revival par exemple).
Les expérimentations, même si elles sont moins présentes, sont réparties dans l'album, comme sur Rebel Robot (un des rares titres où l'on entend bien la basse de
Jason, plutôt étouffée par ailleurs),
Reactor qui rappelle beaucoup Inner Combustion par moments, Facing Up et Blame Us qu'on dirait issus d'un croisement entre
Angel Rat et
Dimension Hatröss, Divine Sun et Invisible Planet qui auraient pu figurer sur
Nothingface, et enfin le très intéressant Strange and Ironic avec son riff saccadé qui sera pas mal réutilisé sur les albums futurs du groupe.
Au final, un album qui oscille entre le Voïvod du début des années 90 et le disque alimentaire. Et au delà, un album de vieux copains fêtant leurs retrouvailles en faisant ce qui leur plait comme ils l'ont toujours fait, avant que la vie ne leur joue un sale tour quelques années plus tard.
E-Force dans leurs meilleurs sorties c'est sûr, mais un album tout de même tout à fait correct.
Pour ma part j'entrentend (certain entrevois moi j'entrentend) une certaine linéarité .Il me manque les echos ,les résonances ,les effets de distorsions et de mouvement de volume qui co existaient et rendaient flippant Voivod.Sur cet album à la pochette passe partout et dommageable (quand on voit les anciennes) j'ai le ressenti que Voivod fait du rock j’entends du rock .Peu d'intros alambiquées ,peu de fioriture .Des couplets refrain qui s'enchainent certes. Ca fait beaucoup moins peur ahah !!Mais du coup il n'y a plus cette petite dis-torse ,ce crescendo ,etc etc qui marquait les morceaux .Dur dur d'en retenir un au milieu des autres .Mais honnêtement une carrière incroyable et pas vraiment un mauvais album à jeter Merci encore pour la chronique.
Oui on est en dessous d'Angel Rat ou The Outer Limit. Je trouvais injuste que l'album ce soit fait globalement descendre à sa sortie alors que ce n'est pas une bouse non plus, même s'il est moins bien que ces derniers.
Et en effet, un des rares groupe dont toute la disco vaut le coup
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