En 1984, les frères Cavalera, qui ne sont encore que deux gamins de Belo Horizonte au Brésil, décident de monter un groupe et
Sepultura est né.
Après un premier split (avec leur compatriotes d’
Overdose,
Bestial Devastation en 1985), le groupe enregistre son premier véritable album avec l’aide de Cogumelo Records (label qui lancera également Sarcofago) et le résultat se nomme
Morbid Visions (1986).
Le produit obtenu est un album de Thrash sombre, crade et occulte, influencé par
Celtic Frost,
Slayer et
Venom et qui ne fait absolument pas dans la dentelle. L’imagerie de
Morbid Visions se rapproche du Black
Metal avec cette pochette de démon venant tourmenter les crucifiés.
Certes, l’ensemble sonne parfois un peu brouillon (notamment sur le premier morceau "
Morbid Visions"), mais de toute façon l’intérêt du CD n’est pas ici dans la précision métronomique mais bien dans la hargne développée par nos jeunes sud-américains superstars tout au long du disque. Un titre comme "
Mayhem" s’approche peut-être le mieux de l’évolution future du groupe dans sa construction. "
Funeral Rites", après un début occulte, déboule dans une déflagration Thrash rythmée par le phrasé haché de Max. "
Troops of Doom", « hit » de l’album, fait encore partie de leurs morceaux joués régulièrement sur scène. Quoi qu’il en soit, agression est le maître mot sur ce florilège de titres sans concession.
À l’écoute de "
Crucifixion", on constatera aussi que l’influence Black
Metal ne s’arrête pas uniquement à l’imagerie et ce titre, bien qu’approximatif dans sa mise en place, est un morceau de choix sur l’album, avec une partie centrale très satanique et oppressante et des cris assez effrayants de Max Cavalera qui ne s’habillait pas encore en baba-cool…
Un morceau comme "
War", simple mais cinglant, symbolise à merveille le caractère direct et rentre-dedans de leur Thrash teinté de Black. Si un jeune fan de
Chimaira tombe sur ce
Morbid Visions, sa production d’un autre temps, ces riffs approximatifs et les vocaux arrachés de Max, il va sûrement se demander quel est le groupe qui a pondu cette chose…
Roadrunner a donc réédité ce premier album en 1991 en y ajoutant en bonus les morceaux de
Bestial Devastation, encore plus crades au niveau du son et de la mise en place, Igor Cavalera expliquant d’ailleurs qu’avant de rentrer en studio pour cet enregistrement, il n’avait jamais joué sur une véritable batterie, la sienne étant à l’époque faite de bric et de broc.
Bien sûr, les brésiliens sont encore loin ici de la précision et de la puissance de
Beneath the Remains ou
Arise, mais l’aura satanique et dévastatrice qui se dégage de ces titres nous rappelle que le
Metal est au départ une musique subversive et on comprend très bien le message que fait passer
Sepultura au monde entier avec ses premières réalisations : un énorme Fu** ! Malgré les nets progrès de maîtrise et de composition que feront les musiciens de
Sepultura par la suite, aucune réalisation ne pourra reproduire l’atmosphère unique et malfaisante qui règne sur la doublette
Morbid Visions /
Bestial Devastations, les imperfections faisant ici partie intégrante du charme.
BG
Hâte d'entendre la nouvelle version réenregistrer par les frangins cavalera, car cette album est toujours aussi jouissif malgré les années
Houlà. Difficile de remanier une oeuvre culte (du moins à mes yeux) sans en détruire l'aura, surtout concernant ce Morbid Visions, qui se hisse (toujours à mes yeux) parmi les disques les plus "evil" des 80's que je possède, aux côtés d'Hell Awaits, Seven Churches, Mega Therion ou INRI. Wait and see. FABIEN.
Ce skeud c’est un peu le boxon mais que ça sonne bien, j’adore.
Après avoir lu un bon nombre d’avis très favorables sur ce réenregistrement, notamment sur SOM, j’ai voulu me faire mon ressenti en enquillant les 2 à la suite. La nouvelle pochette ? Très réussie. La zique ? Mouais, pas du tout emballé. Ce gros son moderne - tous les potards à bloc ? - avec la basse qui enveloppe tout le reste, pas ma came. Le son de batterie d’Igor est tellement plus vivant sur l’original. Tout comme le son cru des guitares qui ajoute un charme indéniable aux compos. Et le chant écorché délicieusement iveule de Max était également tellement moins « monolithique ». Bref, je passe mon tour sans regret.
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