Il serait de bon ton d'entamer cette chronique sur les sempiternels reproches adressées à l'encontre d'un exercice, l'album
Live, qui, aux oreilles de certains éternels insatisfaits, affiche des défauts récurrents et rédhibitoires. Ces puristes attendent de se rassasier d'une vision nouvelle dans laquelle leur groupe fétiche, objet de leur idolâtrie, exprime une audace renouvelée dans une perpétuelle fuite en avant, or l'enregistrement d'un tel opus, la plupart du temps, constitue, soyons honnêtes, une stagnation et n'a rien d'autre à offrir que l'expression vivante d'un instant où l'inattendue nait, uniquement, de ce qui est imprévisible et abstrait. Où la surprise vient de cette inexplicable magie que des éléments aussi vagues que le lien qui lie un groupe à son public, ou encore que les hasards d'un incident fortuit, engendrent. Les titres d'un tels manifeste sont, en effet, souvent connus. Aucune originalité innovante, ou si peu et si rarement, ne vient donc entacher un tel plaidoyer.
Il serait de bon ton d'entamer cette chronique en fustigeant la facilité de l'inertie artistique que constitue la publication d'un album
Live. Sauf qu'en réalité, ce faisant, nous ferions le procès de l'exercice et non pas celui de ce Mirrorball -
Live and More, nouvel effort des anglais de
Def Leppard enregistré durant le Songs of the Sparkle Lounge Tour de 2008/2009.
Evitons donc cette injustice et approfondissons immédiatement ce nouveau disque du quintette de Sheffield.
Notons d'abords que d'un point de vue technique, l'objet est étonnement irréprochable. Alors que l'on pourrait, en effet, déplorer l'aspect décousus dû à cet volonté de nous proposer, uniquement, l'assemblage des meilleurs titres puisés au gré de l'excellence d'un instant ou d'un lieu en ce qu'il est commun d'appeler un
Best of Live, le préjugé vole en éclat tant l'écoute de l'ensemble est fluide et homogène. De plus les britanniques ont doté leur premier album
Live d'une production parfaite. Equilibrée et chaude, énergique et ronde, l'œuvre se pare alors, tour à tour, d'un son aux attraits délicieusement séduisants.
Bien évidemment, eu égard à certaines caractéristique de certains des musiciens de ce groupe, Rick Allen pour ne pas le nommer, la précision d'une telle entreprise laisse peu de place à la spontanéité et à l'improvisation au sein de la structure de ces morceaux millimétrés.
Certains pourraient donc s'émouvoir de cet espace impromptu qu'il jugerait trop restreint et de cette production qu'ils appréhenderaient comme trop clinique.
Néanmoins dès les premières notes tendu d'un remarquable Rock Rock (Til you Drop), Joe Elliot nous renvoies superbement aux souvenirs nostalgiques de ces périodes où ces britanniques nous régalaient. D'un seul couplet, les émotions ressurgissent.
Def Leppard est bel et bien là. Le
Def Leppard qui rugis, qui bondit, qui mord et qui déchire de ces griffes acérés nos esprits divinement mutilés. Et l'assaut de la bête ne cesses pas avec les dernières notes de ce premier titre puisque après cette première estocade, s'enchaine quelques autres remarquables emplis d'une efficacité incisive que ces anglais ne savent plus vraiment dompter aujourd'hui (les excellents
Rocket,
Animal,
Foolin',
Armageddon It,
Photograph, ou encore, par exemple,
Rock of Ages).
Concernant les ballades, le groupe aura eu l'intelligence de les disséminer avec sagesse et, surtout, de les choisir parmi les meilleurs qu'il ait composé (
Too Late for Love,
Love Bites, le superbe enchainement
Two Steps Behind et Bringin on a Heartbreak dans un passage semi-acoustique, ou encore, notamment,
Hysteria).
Evoquons aussi ces trois nouveaux morceaux studio qui nous laissent présager du meilleur et du pire à venir. Si, en effet,
Undefeated, met en avant des guitares mordantes en un titre attachant, si la ballade
Kings Of The World possède un lien de parenté avec le Bohemian Rhaspody de Queen assez évident, notamment dans l'usage de ces chœurs et de ces soli, nous offrant une piste sympathique sans être inoubliable, It's All About Believin'; quant à elle, sombre dans les travers Pop/Rock radiophoniques et mélodiques que X avait horriblement mis en exergue.
Notons encore que la faible représentation de titres extraits des dernières œuvres de la formation (Seulement trois chansons de Songs from Sparkle Lounge (2008), une seule de Yeah (2006), aucune de X (2002),
Euphoria (1999) et
Slang (1996)). Il serait alors aisé de voir dans cet album axé sur un période assez précise (High'n'
Dry (1981),
Pyromania (1983),
Hysteria (1987) et
Adrenalize (1992)), un aveux, conscient ou non, de l'impuissance de ces musiciens à sortir des disque convaincants. Un
Best of Live dont l'essentiel de la moelle se situe donc dans un créneau allant de 1981 à 1992.
Triste constat.
Quoi qu'il en soit avec ce premier album
Live, Mirrorball -
Live and More, revisitant une époque glorieuse et, malheureusement, révolues,
Def Leppard nous offre les plaisirs d'une efficacité, d'une émotion, d'une constance et d'une excellence qu'il n'est plus guère arrivé à apprivoiser depuis bien longtemps. Souvenons nous de ce passé et espérons donc en avenir meilleur. Qui sait...
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