Elle est revenue toute proprette et bien lisse la Marilyn en 1998 !!! Que de changements, l’Antéchrist s’en est allé, et l’Androgyne est arrivé. Ça en fait du monde à l’intérieur de ce petit corps malingre, mon cher Brian. Bon, hormis le fantasme très répandu de vouloir partager un moment avec une « madame zizi » alias papa, qu’est-ce qui a changé dans l’univers de notre décérébré préféré, qui a réussi à se foutre à dos toute la bien-pensance du « monde libre » en un peu moins de deux ans à l’époque ?
Un état des lieux s’impose, parce qu’un ménage de printemps semble avoir balayé une partie de l’escouade.
Exit Trent Reznor, l’homme dont on ne sait pas vraiment à quelle hauteur il a contribué au monstrueux son d’
Antichrist Superstar, étant donné que les versions divergent selon les camps interviewés.
Mechanical Animals permettra sûrement d’apprécier avec plus de précision le rôle des uns et des autres, en dépit d’un contexte différent. Manson ne quitte pas la maison de Reznor sans prendre quelques souvenirs au passage : il embarque dans ses valises un homme de talent en la personne de Sean Beavan, d’abord pour le
Antichrist Superstar World tour, puis pour enregistrer et coproduire
Mechanical Animals. Ce dernier accompagnait Reznor dans NIN depuis 8 ans, puisqu’il a mixé les démos de ce qui allait devenir Pretty
Hate Machine.
Exit également Zim Zum, pour problème de drogue : c’est une blague, j’espère ? Il faut un motif valable pour virer un mec ! Non, pas aux States, et surtout pas dans un groupe de rock. Le plus beau, c’est que le gars est crédité sur pas moins de 8 des 14 morceaux du nouvel album. Vas-y compose et enregistre mon pote, je te débarque au prochain arrêt. Tout comme Daisy Berkowitz avant lui, un zicos par album mis au placard, cela reste raisonnable, et ça met un peu de piquant pour ceux qui restent. La question n’étant pas qui, mais quand ? Et de fait on souhaite la bienvenue à Michael Beinhorn, au poste de producteur : musicien dans les 80’s devenu producteur, notamment pour
Soundgarden, sur Superunknown, pour Ozzy, sur Ozzmosis, et la même année que Mechanical, pour
Hole, sur Celebrity
Skin. Bienvenue également à John5, alias John Lowery, qui vient tout juste de sortir du projet 2wo, dirigé par Rob
Halford secondé par Trent Reznor, le monde est petit ; mais qui ne touchera pas une bille sur
Mechanical Animals en fait. Parmi les guests, Dave Navaro fait une courte apparition pour un solo de guitare, Danny Saber, sur quelques lignes de claviers, et la chère et tendre du patron,
Rose McGowan pour des chœurs. On a beaucoup glosé sur le rôle de
Billy Corgan, son influence, bon, soyons sérieux, le monsieur est dans la thanklist et nulle part ailleurs, donc on n’ira pas plus loin sur le sujet. En revanche, il y a un artiste, dont l’ombre plane sur cet album, qui n’est ni crédité, ni remercié, et qui est pourtant l’alpha et l’omega de l’album, de la pochette, en passant par la musique, jusqu’à certaines intonations dans la voix, c’est David Bowie.
La première écoute de cet album est déconcertante lorsqu’on a passé un certain temps sur
Portrait et
Antichrist Superstar. La violence et la décadence originelles ont cédé la place à un rock teinté de pop chargée en samples et claviers aux rythmes langoureux. Qui a aimé se vautrer dans le punk/metal cradingue et dégénéré du départ aura du mal à avaler la pilule, tant le groupe a perdu en intensité, et en impact pour travailler sur des mélodies éthérées, des rythmiques allégées, tout en rondeur, des guitares certes saturées, mais saturées à quoi ? La guimauve ! Le temps de se remettre la tête à l’endroit, un rail de coke, une rasade de ‘sky, attendez, c’est thérapeutique, uniquement pour s’éclaircir les idées, et on repart au bal, alors non pas avec une masse, mais une baguette magique cette fois. Histoire de faire ton sur ton, et de jouer avec notre nouvelle copine, mais si la rouquine avec des couilles.
En ralentissant le tempo, et en allégeant les guitares, MM emprunte une voix hybride entre glam et pop acidulée aux samples et autres effets. La mixture obtenue a beau faire de l’œil à Ziggy Stardust de David Bowie ou au T-Rex de Marc Bolan, il lui manque une dramaturgie, un ton grave et désespéré, pour réussir à raviver une flamme oubliée. Que peut-on sauver dans cette fête foraine insipide ? Un des très rares titres qui ne soient pas racoleurs, "The Last Day on
Earth", brillant par son contraste entre guitare acoustique et ses samples/claviers ultra modernes. "
Mechanical Animals" qui, placé juste derrière "The
Dope Show", donne l’impression de redynamiser un début d’album mou au possible. Le simplissime mais percutant "
Rock Is Dead" présent en tête de gondole sur la B.O. de Matrix.
Dans la construction des morceaux, la guitare acoustique prend une place inattendue, assaisonnée de différentes façons, soit avec des chœurs comme sur "Speed of
Pain", ou avec samples et claviers comme sur "Last Day on
Earth", ou encore "
Coma White". Le résultat est intrigant sans pour autant être convaincant,
Life on Mars ? a encore de beaux jours devant lui. Une autre explication possible à l’enlisement de l’ex-révérend, prenez le temps lors de votre prochaine écoute, pour apporter un peu d’impact dans ses chansons, MM breake systématiquement avant d’essayer de repartir sur ses refrains, un effet de manche qui pourrait fonctionner de manière discrète, mais à répétition, la ficelle en devient prévisible. En définitive
Mechanical Animals manque de consistance, l’opener et le finish en sont la plus pure illustration, mais surtout d’une vision qui ne fasse pas passer cet album pour un ensemble aseptisé aux relents intimistes sans profondeur. Le cynisme dilué à la pop n’impactera jamais aussi fort que le mollard verdâtre qu’a pu être
Antichrist.
Marilyn Manson est devenu inoffensif dans tous les compartiments du jeu, visuel, musical, idéologique. Le prix pour faire carrière ? A moins que cela s’appelle la maturité, autrement dit le renoncement à ses idéaux…
On a bien compris depuis un petit moment que MM est plus un provocateur qu’un innovateur, mais cela ne peut pas tenir sur la longueur. Après
Alice Cooper, Marilyn pompe cette fois David Bowie sans réussir à en extraire la substantifique moelle. Le verdict est cruel : recalé, gorge profonde non maîtrisée !
Mechanical Animals révèle plus de failles qu’il ne rassure sur l’avenir d’un phénomène de foire qui ne doit plus faire peur qu’à lui-même. Ceux qui attendaient une étape supplémentaire dans le transgressif et le freakshow en seront pour leurs frais. Concernant le débat sur l’influence de Trent Reznor sur
Antichrist, et certains de ses propos qui prétendaient que Manson désirait à cette époque s’orienter vers un son plus pop, ils prennent d’un coup plus de relief à l’écoute de cet album.
Très bonne chro, elle correspond exactement au ressenti que j'avais sur cet album à l'époque.
Un très bon album avec ses hauts et ses bas.
tres belle chronique et je pense pareil,moi ca me pris du temps a aimé car j'etais habitué au precédent album et ce manque d'agressivité et j'ai meme acheté et vendu plusieurs fois avant de me rendre compte apres la troisieme fois a acheté j'ai finalement adoré apres m'avoir concentré a écouté a plusieurs reprise pour voir la qualité de cette album a part ces quelque titres pas trop fureur, maintenant il fait partie de mes meilleurs album de manson
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