Né de paradoxe, l’existence même de
Marilyn Manson ; le personnage, est à lui seul l’exemple de la provocation symbolique que menait jadis cet être de emplie de talent et de démons, cet homme aussi fragile que déséquilibré nommé Brian Warner.
Faisant suite à un "
Mechanical Animals" salué par la critique et la plupart des fans, Manson revient avec un disque confondant, tranchant radicalement avec son prédécesseur et retrouvant quelques peu l’aspect hanté de l’exceptionnel "
Antichrist Superstar". Sans égalé le malsain, la profondeur et le machiavélisme de son second opus, "
Holy Wood (in the
Shadow of the Valley of Death)" renoue avec les racines du groupe.
Profondément antithétique, ce quatrième album oppose le personnage à l’homme.
Marilyn Manson affronte Brian Warner dans un combat autant éprouvant pour l’auditeur que pour le géniteur de cette œuvre.
Mariant les contrastes et les ambivalences, l’aspect torturé, humain et intimiste de Warner et le côté grandiloquent, exubérant et provocant de Manson, sans doute plus lisse musicalement mais beaucoup plus agressif.
S’ouvrant sur un troublant et superbe "Godeatgod", à l’atmosphère gothique et planante, pose une mélodie acoustique rampante, mise en valeur par la voix si caractéristique de Brian, à fleur de peau, écorchée et profondément émouvante. Quelques effets industriels parsèment la production, ajoutant au spectre sonore une richesse musicale et une profondeur atmosphérique provocant moult sentiments en deux infimes minutes…comme l’introducteur d’une longue descente aux enfers, sans doute prémonitoire de sa vie future.
Mais le personnage Manson n’est jamais loin, et les compositions d’obédience quasi punk de
John 5 (guitare) que sont "The Love Song" et surtout "
The Fight Song" lance définitivement cet opus. Le chant de cygne, éraillé et excessif, tranche des riffs simple mais efficace, sous couvert d’effets hurlants et désorientants, tel un carnaval infernal.
La simplicité d’accès de
The Fight Song en fait un titre complètement taillé pour le live, doté d’un refrain s’incrustant dans le cerveau et véritablement composé pour être repris par des foules hypnotisées et médusées. Pourtant, dans ces riffs, dans ces rythmiques, il y a une âme qui personnifie encore un peu plus
Marilyn Manson, qui confère une aura encore plus grande au mythe, prouvant par la même occasion que l’homme n’a rien d’un simple agitateur sans talent.
Loin du rock à grand spectacle offert par "
Mechanical Animals", "
Holy Wood" plonge un peu plus dans la psychologie de l’Amérique, de ses excès, de ses croyances (quelle prose que nous offre une nouvelle fois l’artiste) et de ce fait se traduit par une musique plus introverti, moins directe et dans l’ensemble plus lente.
"
Target Audience" évoque quelque peu "
Tourniquet" par son riff tournant en boucle et le chant complètement désabusé de l’homme ("
And I see all the young believers, your target audience
I see all the old deceivers, we all just sing their song") comptant une jeunesse aveugle suivant le troupeau tels des moutons. Le livret, plein de symboles réligieux tournés en contraire, de métaphores inversées et d'illustrations dérangeantes, démontre toute la violence de ce que dénonce les paroles.
"
President Dead" représente à lui seul la teneur textuelle et musicale de ce long album de dix neuf titres, virulent mais pourtant tellement catchy, sans jamais s’éloigner d’une ligne de conduite très noire, mais sachant rallier à sa cause des individus d’un univers complètement différent. Ce que l’on nomme alors commercial devient intelligence (du moins sur le premier triptyque
Antichrist Superstar /
Mechanical Animals /
Holy Wood).
Encore loin de son chef d’œuvre intemporel qu’est "
Antichrist Superstar", mais plus cohérent que "
Mechanical Animals", cet album, même s’il n’est pas exempt de défauts (l’infect "
Disposable Teens", simpliste et vierge, bande originale du "Projet
Blair Witch"), montre le Manson le plus beau possible, sans encore tomber dans le larmoyant facile et risible actuel.
A ce titre, la magnifique "In the
Shadow of the Valley of Death", mélancolique et très épurée, ou la torturé "Lamb of
God", uniquement électronique, dévoilent des univers touchants, sincères et simplement beaux.
L’album tire sa révérence sur une litanie religieuse, solennelle et imposante (quelle mélodie de piano…déchirante) nommée "Count to 6 and
Die", comme une dernière prière avant la fin éternelle, le silence, Brian et Manson se réunissant (l’un chantant, l’autre n’étant que narration chaotique).
Un final qui laisse perplexe, emplie d’émotions et de négativité. "
Holy Wood" signe le deuil du grand
Marilyn Manson, celui qui avait réussi à rendre l’enfer et le satanisme attirant et le faire sortir du cercle fermé du métal au sens strict du terme.
Et s’il n’est aujourd’hui plus que l’ombre grotesque de son glorieux passé, l’écoute nostalgique de ce qu’il fut jadis suffit amplement à comprendre celui qui affirma un jour « Mieux vaut une mauvaise publicité que pas de publicité du tout ».
Pour faire bref, c'était simple, assez indus, quelque chose de vraiment rock'n roll en facade, efficace.
D'accord pour l'ensemble, ce disque se montre plus agressif que son ex-prédécesseur ( je n'ai jamais aimé Mechanical ) ce qui lui donne un atout qui palie certaines compos trop linéaires et une certaine redondance à la longue, finalement très "radiophonique" à condition d'aimer la distorsion, celle-ci n'a pas été occultée.
Voilà pour ma pomme. Holy Wood reste une bonne sucrerie que je me passe rarement mais non sans franc plaisir.
Thx pour la chro.
Je me souviens ne pas avoir particulièrement accroché à celui ci, inégale au niveau des compos je trouve. En gros va falloir que je retente l'écoute...
Arf le retour à mes folles années métal du collège!
Musicalement on retrouve du très bon Rock/Metal Indus, avec des titres comme "The Love Song", "The Fight Song" et le violent "Burning Flag".
J'aime aussi la touche sombre et froide sur "Godeadgod" et l'incroyable "The Valentine's Day".
Le meilleur morceau de ce skeud est sans aucun doute "The Nobodies", un titre remplie d'émotion et de mélancolie...
Note: 17/20
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