In Somniphobia

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16/20
Nom du groupe Sigh
Nom de l'album In Somniphobia
Type Album
Date de parution 12 Mars 2012
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album55

Tracklist

1. Purgatorium
2. The Transfiguration
3. Opening Theme: Lucid Nightmare
4. Somniphobia
5. L'excommunication a Minuit
6. Amnesia
7. Far Beneath the in-Between
8. Amongst the Phantoms of Abandoned Tumbrils
9. Ending Theme: Continuum
10. Fall to the Thrall
11. Equale

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Sigh


Chronique @ Eternalis

25 Janvier 2012

Sigh reste fidèle à lui-même et continu sur une route qu’il a lui-même tracé depuis près de deux décennies.

Nous avions quitté la bête à l’orée de ses célébrations infernales dans le chaos des flammes et de la chair. Déception artistique pour prouesse visuelle, cette dernière œuvre paraissait en effet bien pâle et peu flamboyante en comparaison des fresques passées, entre les paysages torturés et schizophréniques des débuts ou clairement plus grandiloquents et pointilleux des travaux récemment, notamment un impressionnant "Hangman's Hymn" qui renouait avec un certain génie disparu au début du nouveau millénaire.
Il est cependant incontestable que face à un manque chronique et incompréhensible de support de la part des médias ou des auditeurs, les japonais de Sigh n’ont jamais été à un niveau médiatique qui correspondait à l’avant-gardisme de leur démarche et de leur son. Près de vingt ans après leurs débuts, Mirai et ses acolytes délivrent avec "In Somniphobia" un album qui ne semble pas plus attendu que cela, et qui est loin de défrayer la chronique à seulement quelques jours de sa sortie.

Toujours supportés par Candlelight, c’est sous l’égide d’une bien étrange pochette que le neuvième album des fous furieux s’apprête à être publié. Malsaine et dérangeante, évoquant le "Youthanasia" de Megadeth mais dans un contexte aristocratique certain, l’artwork est en lui-même une prouesse graphique à placer au même niveau que celui de "Scenes from Hell".
Musicalement, c’est un Sigh beaucoup plus expérimental et par antithèse plus accessible que jamais que nous retrouvons en ce début d’année.

D’une variété déconcertante, trouvant enfin un point d’encrage cohérent avec la présence plus discrète mais essentielle de Mikannibal, Mirai s’enfonce dans les tréfonds d’un heavy metal traditionnel au chant black et écorché, bercé par une théâtralité horrifique de tous les instants, et une recherche sonore de chaque instant, conférant à l’ensemble une aura glauque et malsaine sans pour autant perdre de son impact mélodique. "Opening Theme : Lucid Nightmare" ouvre les portes d’un théâtre des horreurs, véritables portes menant à un enfer coloré, un cauchemar souriant de toutes ses dents cariées, une pourriture à l’haleine aigre-douce…"Somniphobia" se pare alors de ses couleurs metalliques, souffrant comme ses prédécesseurs d’un manque évident de puissance dans le son, mais confectionnant une aura très jazzy à l’ensemble. Des sonorités de claviers cybernétiques discrètes abreuvent un riff lent et le chant possédé de Mirai, entre hurlements et narrations démoniaques. De multiples breaks cloonesques et des symphonies évoquant le cirque (cela devient une mode dirait-on) s’envolent entre deux soli de guitare typiquement heavy metal.

Heavy metal. Il en est clairement question sur "The Transfiguration Fear", où la mélodie chantée par un chœur extrêmement cheap fera sourire de prime abord avant de finir par réellement convaincre, notamment grâce aux lignes vocales de Mirai et Mikannibal complètement hallucinées. On regrettera une production si avare de guitares, se contentant de rendre audible les leads mais s’effaçant complètement au profit des claviers sur les phases rythmiques. Un solo de claviers et de saxophone vient apporter une dimension épique avant que la guitare très britannique n’abreuve l’auditeur de sa fluidité. Volontairement kitsch et un brin ridicule si l’on prend le tout au complet premier degré, il faut reconnaitre une maitrise technique sans faille, même si le son du groupe peut paraitre anachronique en 2012. Ou alors serait-il au contraire hors de tout espace temporel…

Plus propre à l’univers d’un Sigh des débuts dans le fond, "Amnesia" laisse transparaitre les souvenirs d’une âme errante, à l’ambiance jazzy et intimiste se parant de vocaux déchirés sur des airs de saxophone mélancoliques. Toujours présents, les sonorités expérimentales et dérangeantes de claviers apparaissent ci et là pour provoquer un malaise latent, un dysfonctionnement chronique d’une mécanique pleine de démons.
Les longues compositions permettent à Sigh de dévoiler un univers différent à chaque compositions, de ce morceau ci de bravoure à l’univers plus conventionnel de son successeur "Far Beneath the In-Between" ou encore la magie gracieuse de "Amongst the Phantoms of Abandoned Tumbrils", surement le morceau le plus marquant du disque. Beau et violent, prière d’une chapelle hantée et proche d’un black mélodique sombre et rageur aux envolées de trompettes magistrales (si l’on ôte ce son immonde et cet écho insupportable de production de supermarché). Car c’est bien là que le bât blesse et que Sigh pèche…Si cette production était la force de certaines de leurs anciennes réalisations, l’orientation à la fois plus symphonique et en même temps plus accessible (bien que les mélodies catchy soient une constante depuis le début des japonais) nécessiterait réellement un impact supplémentaire, une aura plus dense et une production qui enfin amènerait le groupe vers de nouvelles ambitions (même si aujourd’hui, il y a fort à parier que ce son est aussi une volonté de Mirai).

Il reste que cela reste un point noir dans l’écoute global du disque, qui semble constamment manquer d’un petit quelque chose pour se révéler véritablement marquant…grand…
Certes, "In Somniphobia" est musicalement très riche et travaillé, barré et musical, intéressant et intriguant…mais le fait est que cette production brouillonne annihile non seulement un certain confort d’écoute mais aussi, à l’instar de son prédécesseur, l’ensemble de la complexité de l’œuvre tant certains éléments sont complètement bouffés dans le mix.
Sigh reste néanmoins fidèle à lui-même, et continu sur une route qu’il a lui-même tracé depuis près de deux décennies. Intègre et attaché à ses valeurs, Mirai poursuit son voyage initiatique dans les tréfonds de la haine humaine et du malaise musical. Bon voyage dans son monde…

13 Commentaires

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AngelsShallFall - 04 Fevrier 2012: C'est rigolo, à chaque fois que je lis une de tes chroniques je suis certain de trouver le mot "schizophrénique" dedans...
Deathpair - 06 Mars 2012: Cet album est une pure bombe.
EvilTeddiz - 12 Mars 2012: Un bien bon album qui retourne bien les tripes, comme Mirai nous y a habitué!
Jcbrutal - 16 Mars 2012: Je viens de tomber sur le cul, ca fait longtemps que j'avais pas été impressionner par un album autant original, ca me rappel quand Hollenton ont sorti leur premier album, ou unexpect ausii.

je n,en reviens pas, cé débile ce groupe...

Bravo
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Chronique @ utumno666

18 Mars 2012

Est-il encore besoin de présenter Sigh? Cela fait plus de vingt ans maintenant qu'ils exportent leur metal nippon étrange. A la fois pionnier du black et de l'avant-garde, ils ont étalé sur toutes ces années une discographie garnie de huit albums bien différents les uns des autres, mais dont l'une des caractéristiques est une qualité toujours appréciable. Ils sont en effet l'auteur de l'album culte et sombre "Scorn Defeat", à l'origine signé sur le mythique label Deathlike Silence Productions. Et à côté de ça ils nous ont aussi servi les déroutants "Scenario IV : Dread Dreams" et "Imaginary Sonicscape", aussi jouissifs qu'originaux. Après le petit saut jazzy de "Gallows Gallery", bien loin du black metal de leurs débuts, ils avaient opté pour un retour en force deux ans plus tard à un son plus sombre, plus brutal, survolté et grotesque. Rebelote en 2010, avec "Scenes from Hell", assez similaire à l'opus précédent. Le groupe s'étant depuis fait la malle chez Candlelight, il était difficile de savoir à quoi s'attendre avec "In Somniphobia", comme d'habitude, avec ces imprévisibles de Sigh.

Nous y voilà donc, à quelques semaines de la sortie de ce dernier bébé. C'est empli d'espoir que j'insère le cd dans mon lecteur, car l'annonce par le label de la prise d'une nouvelle direction pour le groupe avait tout pour me réchauffer le coeur : ils avaient parlé de quelque chose entre "Gallows Gallery", "Hail Horror Hail", et "Imaginary Sonicscape", le dernier cité étant une de mes références absolues tout genres musicaux confondus, j'avais de quoi me lécher les babines, si ça n'était pas un mensonge marketing. Hélas, c'est une légère déception qui m'envahit tout d'abord, car le départ sur les chapeaux de roue du titre "Purgatorium" ne marque pas de scission réelle avec les deux derniers méfaits de Sigh. Au-dessus d'un batteur hyperactif, le couple Mirai-Mika s'écorche la voix sur des riffs motivants et carrément heavy metal, le tout saupoudré de cuivres pour une saveur symphonique/avant-garde. En soi rien d'innovant par rapport au passé. Certes, le son a gagné en netteté, et c'est aussi bon qu'avant, voire mieux, car les grattes ne manquent pas d'inspiration, et les transitions semblent mieux maîtrisées, comme si le groupe prenait son aise dans leur son récent. Mais tandis que les propos mensongers du label me trottent dans la tête ("une direction loin des deux derniers albums"), je guette les nouveautés. Tout à mes élucubrations, je suis pris de cours par les tambours tribaux qui lancent le second titre "The Transfiguration". Et ces claviers, là, et ces chants clairs, mais? Ah ouais, pour une nouvelle direction, c'en est une...

Oui, oui, Sigh s'est renouvelé! Ca se confirme dès ce deuxième morceau qui, tout en gardant la nervosité omniprésente des deux derniers albums, y incorpore une ambiance toute "imaginarysonicscapienne", avec le retour en force des claviers psychédéliques qui avaient fait la gloire de cet album à la pochette verte. On est vraiment ravi de voir qu'ils osent à nouveau insérer des éléments tellement inhabituels dans leur son, qu'ils suscitent presque le rire de l'auditeur, notamment la virtuosité de Mlle Mikannibal au saxophone, qui fait enfin étalage de son talent sans s'écarter de la logique de l'album. On la retrouvera donc sur de nombreux morceaux, les parsemant du son pur et chaud de son instrument doré. La fin de cette transfiguration marque le début d'un concept qui regroupe les sept pistes suivantes, dénommé "Lucid Nightmares". Il démarre après une intro partagée entre musique classique épique et bruits expérimentaux, et il balaie définitivement les derniers soupçons de réchauffé qu'on aurait pu avoir : c'est bien un nouveau chapitre pour le groupe.

Le tempo s'adapte en conséquence, et descend quelques bpm plus bas histoire de s'adapter au vent progressif qui semble se lever. Riffs lourds, harmonieux sans être véritablement confortables, et sans cesse harcelés par des claviers flower-power-kitsch et grinçants, qui sonnent comme une grosse farce au-dessus de tout ça. S'il y a un retour sensible à quelque chose du type "Dread Dreams - Imagniary Sonicscape", Sigh ne rejette pas pour autant ses écarts plus modernes, et on savoure toujours les éléments orchestraux puissants, qui dotent l'atmosphère d'une grandiloquence décalée, celle qui faisait la force des derniers albums et qui en avait fait la marque de fabrique. Mais c'est plus qu'un simple melting-pot de leurs vagabondages expérimentaux à travers les générations, car des sonorités inédites viennent ici et là pimenter le plat, on perçoit ainsi comme un souffle oriental indien, qui caresse des morceaux déstructurés par des transitions qui surprennent sans perdre en intelligence. Et comme toujours, Sigh reste accessible, car c'est plus dans sa recherche d'éléments sonores inusuels qu'il s'est vu attribuer les étiquettes "prog" et "expérimental" que dans des essais d'harmonies nouvelles, voire pire dans une remise en question du sens même de l'harmonie. Les mélodies conservent au fil des morceaux une saveur délectable, et Sigh ne glisse pas vers la dissonnance pour interpeller l'auditeur, mais mise sur des atmosphères trop surfaites et trop artificielles, des tons trop gais pour l'être vraiment, un côté grotesque absolument délicieux, comme ces influences jazzy, qu'on veut par exemple juger déplacées, alors que c'est précisément là leur but, et c'est ainsi qu'elles confèrent à la musique toute une dimension de quasi folie si intéressante... Elles sont tellement présentes sur "Amnesia" qu'on hésite presque à débarrasser le groupe de l'appellation "metal". Et là, j'ai envie de dire : comme au bon vieux temps...

Mais plus sérieusement, d'une manière générale, le ton sombre grotesque, la voix rauque et les guitares lourdes se retrouvent tout de même sur tous les morceaux, et ce malgré les atmosphères radicalement différentes qui les distinguent. "Somniphobia" par exemple est quasiment exempté de vocaux à cause de ses pérégrinations progressives, mais la suivante "L'Excommunication à Minuit" se révèle plus conventionnelle, avec des riffs si accrocheurs qu'on fait presque abstraction des bizarreries qui les entoure. Ensuite on a presque une piste de blues, la précédemment citée "Amnesia" (ça reste plutôt glauque pour du blues). Puis c'est une valse barrée qui prend le relais, et d'un morceau à l'autre, on découvre de nouveaux sons, et forcément de nouvelles ambiances, sur lesquelles l'identité de chaque titre se forme. C'est un album terriblement riche qui se dessine, dont on met longtemps à se lasser. Il faut cependant rappeler, si ce n'est pas encore clair, qu'une ouverture d'esprit raisonnable est nécessaire pour apprécier la musique de Sigh, c'était déjà le cas avant "In Somniphobia" et l'opus ne semble pas souhaiter inverser la tendance.

Pour synthétiser, séparons le public en trois parties. Les invétérés de "Hangman's Hymn - Musikalische Exequien" et "Scenes from Hell" auront de grosses surprises vu le retour aux expérimentations qu'emprunte le groupe. Les nostalgiques de la grande époque quant à eux, qu'ils se frottent les mains, il y a du neuf et du tout bon à se mettre sous la dent. Enfin, les néophytes, eux, auront affaire à la fois à un album très représentatif du groupe, mais aussi peut-être un peu trop éclectique pour se montrer abordable du premier coup. En tant que grand fan du groupe, je ne peux pas dire, mais je fais le test sur mon petit frère et je vous en redonne des nouvelles.

En quelques mots cet album est : dense, expérimental, innovant, grotesque, symphonique, gai, motivant, accrocheur, dérangeant, néoclassique, malsain, jouissif, inconfortable, barré, jazzy, chaotique, théâtral, rafraîchissant, avant-gardiste, psychédélique, progressif, nerveux, hallucinogène, électrique, addictif, dément (au sens figuré), dément (au sens propre), bizarre, original, agressif et torturé, mais au fond tellement bon... Sigh au top de sa forme.

3 Commentaires

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TheReverend13 - 15 Juillet 2012: Eh bien je fais partie du 3ème groupe (les néophites), et je suis tombé amoureux de cet album. Je n’arrête pas de l'écouter.
Très bonne chronique au passage, bien que tu n'aies pas parlé des 2 dernières pistes, et notamment equale qui est peut être ma chanson préférée de l'album.
Kiritobi - 09 Octobre 2013: Quelle jouissance cet album , Surtout " L’excommunication çà minuit " qui tourne en boucle chez moi . J'ai découvert le groupe grâce à cet album il ya deux semaine . Je suis encore en découverte de sa discographie et quel vrai bonheur !
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